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Et Thierry dépassa Michel
Il y a huit ans jour pour jour, sur la pelouse de la Beaujoire, Thierry Henry inscrivait un doublé historique. Pas parce qu'il qualifiait la France pour l'Euro 2008, non, mais car il venait de devenir le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France.
Les poings serrés, le visage déformé par la joie, Thierry Henry court vers le poteau de corner du stade de la Beaujoire. Nous sommes le 17 octobre 2007, et l’attaquant français vient d’inscrire un but crucial, face à la Lituanie, dans la course à la qualification pour l’Euro 2008. Surtout, l’homme aux deux prénoms vient d’entrer un peu plus dans l’histoire du foot tricolore en devenant le meilleur buteur de l’équipe de France. Un record qu’il viendra améliorer deux minutes plus tard, comme pour confirmer qu’il mérite bien sa place au panthéon des plus grands footeux hexagonaux.
« Entre les deux matchs, je ne l’ai pas entendu aborder le sujet »
Tombée dans le groupe B pour la qualification à l’Euro 2008, la France doit faire face à une rude concurrence avec l’Écosse et l’Italie qui font également office de prétendants à l’Euro helvète. Dans un sprint final haletant, les Bleus n’ont plus le droit à l’erreur et doivent enchaîner les victoires lors des trois dernières rencontres pour accrocher l’une des deux premières places qualificatives. En déplacement aux îles Féroé, les hommes de Raymond Domenech ne font qu’une bouchée des locaux avec une victoire 6-0. De bon augure pour la suite. Mais au-delà de ce succès précieux, un événement est particulièrement souligné : Thierry Henry vient d’inscrire son 41e but sous le maillot tricolore. Soit autant qu’un certain Michel Platini qui détenait jusque-là le record de pions en équipe de France. Quatre jours plus tard, face à la Lituanie, Titi a donc l’occasion d’entrer définitivement dans la légende du football français. Mais pour autant, celui qui vient de signer à Barcelone ne se prend pas la tête, comme le confirme Frédéric Piquionne, alors présent dans le groupe France : « Bien sûr, tout le monde savait qu’il avait la possibilité de battre le record en cas de but, mais il n’en parlait pas du tout. Entre les deux matchs, je ne l’ai pas entendu aborder le sujet. » Car outre le record d’Henry, ce match face à la Lituanie est crucial dans l’optique de la qualification, une victoire permettant aux Bleus de n’avoir plus besoin que d’un seul point lors de la dernière journée pour assurer leur qualif. Et selon Piquionne, c’était alors le plus important : « Sur ce match-là, on était plus concentrés sur la qualification que sur le record de Titi, c’est évident. En cas de victoire, on faisait un grand pas vers la qualif et c’était tout ce qui comptait pour nous. »
Un record et une qualif
Mais sur la pelouse, cette rencontre face à la Lituanie est loin d’être évidente. Les Bleus ont beau pousser, ils se heurtent constamment à un mur lituanien. Les actions tricolores s’enchaînent, sans succès. Les minutes défilent et les visiteurs semblent en passe de réussir l’exploit qu’ils étaient venus chercher : un match nul face au dernier finaliste de la Coupe du monde. Un résultat catastrophique pour les hommes de Domenech qui pourraient ainsi dire adieu à l’Euro si, dans le même temps, l’Écosse venait à s’imposer en Géorgie. Alors les Français donnent un dernier coup d’accélérateur. Ben Arfa se lance dans une série de dribbles chaloupés sur le côté gauche avant de servir Thierry Henry en retrait. L’attaquant du Barça se jette et parvient, enfin, à tromper Karcemarskas à dix minutes du terme de la rencontre. La Beaujoire explose, Thierry exulte. La France tient sa qualif, Thierry son record, même si sa frappe est légèrement déviée par Franck Ribéry. Bref, la soirée parfaite, comme le confirme Piquionne : « Le plus important était de s’imposer et que Thierry puisse battre le record était le bonus. Il a su faire d’une pierre deux coups. » Deux minutes plus tard, Titi se présente seul face au gardien lituanien et vient inscrire son deuxième but de la soirée. Le 43e sous le maillot de l’équipe de France. Un moment historique, mais qui ne sera pas conclu par une fête dantesque selon les souvenirs de Fred Piquionne : « On l’a tous félicité, mais il n’y a rien eu de particulier, je ne me rappelle pas de le voir faire un discours ou quoi que ce soit. En plus, c’était le dernier match avant le retour dans les clubs, donc chacun est parti de son côté. On n’a pas fêté le truc, quoi. » Fête ou non, Thierry fait désormais partie de l’histoire du foot français où son nom est gravé, à jamais, en lettres capitales. Le tout dans la sobriété, comme tient à le rappeler Piquionne : « Il était vachement sobre par rapport à ce record. De toute façon, Thierry est quelqu’un de très humble, contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes. » Derrière, Thierry Henry viendra inscrire huit nouveaux buts portant son record à 51 unités. Soit 24 de plus que le meilleur buteur encore en activité, Karim Benzema. Thierry peut donc dormir sur ses deux oreilles, ce n’est pas demain qu’on viendra le détrôner.
Par Gaspard Manet