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Et supplément Sakho, chef !
C'est la surprise du chef de la liste dévoilée par Didier Deschamps en vue des matchs face à l'Islande, en amical, et l'Allemagne, en Ligue des nations : le retour de Mamadou Sakho. Un rappel venu de nulle part, au nom du fameux « vécu de groupe » qui excuse tout. Et tant pis pour Lenglet, Laporte, Upamecano, Diallo...
Il avait prévenu : « Le soldat ne lâche jamais. » On avait quitté Mamadou Sakho en mai dernier sur ces quelques mots balancés depuis l’Afrique, où il était en voyage pour son association Amsak, « fier » de faire partie de la liste des réservistes pour le Mondial russe. Il était alors lui, fidèle à sa réputation de bon élève, gamin à l’état d’esprit irréprochable si cher à Didier Deschamps, promettant de continuer à s’entraîner « au cas où » .
Et il avait entretenu la machine jusqu’au dernier moment, pas de doute là-dessus. Conséquence, son joli minois s’était propagé à la vitesse d’un Dembouz au galop dans la presse française ces derniers jours, L’Équipe et Le Parisien annonçant en cœur que les blessures conjuguées de Rami et Umtiti devaient précipiter son retour en équipe nationale. Pourtant, on avait du mal à y croire. Mamadou Sakho en équipe de France ? Au nom de quoi ? Demandez à Deschamps et il vous sortira le mot magique : « l’expérience » , bien sûr.
« L’occasion de le revoir »
La question n’est pas venue tout de suite, devancée, quand même, par des préoccupations de premier plan : « Didier, vous n’avez pas rappelé Adrien Rabiot, quelle est la nature de vos relations avec lui ? » , « Didier, vous appelez Tanguy Ndombele pour la première fois, pour quelle raison ? » Après avoir éludé les questions concernant des joueurs dont on imagine aisément l’avenir drapé de Bleu, ont donc commencé à tomber celles parlant… du reste. Du reste, et de ce trio défensif que l’on n’attendait pas vraiment, donc : Digne-Zouma-Sakho. Trois bonhommes qui étaient déjà réservistes pour le Mondial et qui disposent tous d’un survêtement au coq dans leur placard, manière de faire primer le « vécu » . La Dèche ne disait d’ailleurs pas autre chose une fois questionné sur la présence du joueur de Crystal Palace : « Notre moyenne d’âge doit être cette fois-ci de vingt-cinq ans et demi, c’est bien d’avoir un peu d’expérience. Un équilibre entre anciens et jeunes. Mamadou Sakho a un vécu international, c’était l’occasion de le revoir avec nous. »
De fait, le bonhomme a toujours – lorsqu’il était en état de l’être – fait partie des listes de Deschamps. Ou du moins de ses pré-listes. Sans sa suspension pour dopage (pour laquelle il a été blanchi), l’ancien défenseur du PSG aurait été de la partie à l’Euro 2016, et a toujours fait montre d’un attachement particulier pour le maillot de l’EDF. Pour autant, le coup d’œil dans le rétro en direction de sa dernière sélection nécessite le port de lunettes de vue. C’était un 29 mars 2016, contre la Russie, rencontre qu’il avait disputée dans son intégralité pour une belle victoire française (4-2). Sakho, c’est vingt-huit sélections au total, dont surtout la pierre fondatrice des succès futurs de Deschamps et de ce groupe-là, son doublé face à l’Ukraine un soir de barrage retour qualificatif pour le Mondial 2014, en novembre 2013. Les deux seuls buts de sa carrière internationale, et pour lesquels le sélectionneur français lui a toujours gardé une place affective dans ses 23.
Les victimes : Lenglet, Laporte, Upamecano, Diallo…
Alors oui, reste encore l’inconnue Laporte. Éternelle running-joke, bulle inflationniste capable de s’auto-alimenter avant chaque liste et de dégonfler aussi rapidement que le prétendu melon du garçon après dévoilement de cette dernière. On peut aussi s’étonner de l’absence de Clément Lenglet, remplaçant naturel de Samuel Umtiti à Barcelone, et dont la présence était déjà évoquée du temps de son hégémonie sévillane.
L’équipe de France a la chance, pour une fois, de disputer un match amical face à l’Islande (jeudi 11 octobre prochain, à Guingamp), et Deschamps a fait le choix de rappeler des figures connues là où l’on aurait aimé le voir tester Ferland Mendy, Dayot Upamecano ou, dans une moindre mesure, Abdou Diallo. Sakho évolue certes dans un club « en dessous de ce qu’il a déjà connu » , mais lui joue. Sept matchs depuis le début de la saison de Premier League, pour une bonne treizième place au classement, mais des performances pas toujours soulignées par Roy Hodgson, comme ce penalty de la défaite offert à Bournemouth le week-end dernier, la faute à un coup de coude mal maîtrisé. Dites, il n’y a pas comme un sentiment de déjà-vu ? Cette place de 23e appelé qui joue les ambianceurs de groupe, c’était celle d’Adil Rami. La seule différence ? Mamadou Sakho a 28 ans. Et du temps perdu à rattraper. Et puis, si cela permet d’aligner une charnière Kimpembe-Varane, c’est finalement pas si mal.
Par Théo Denmat