- Ligue des Champions
- 1/2
- Real Madrid/Bayern Munich
Et s’il y avait un joueur derrière Pepe ?
Très costaud contre le Barça, Pepe a enfin prouvé au cours d’un Clasico qu’il était avant tout un excellent défenseur. Le tout, sans écraser une main et sans mettre de coups. Enfin, si, un petit, quand même.
Pepe aussi content, cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu. A la fin du match remporté au Camp Nou, le défenseur madrilène s’en est allé sous le virage des supporters merengues, tout sourire et a montré à maintes reprises son écusson. Une image plus belle et plus respectable que lors de la dernière victoire lors d’un Clasico. En effet, en avril dernier, lorsque le Real remportait la Coupe du Roi en battant en finale le Barça, Pepe célébrait tout ça avec des jolis bras d’honneur destinés aux socios catalans. Alors quoi ? Le plus célèbre des bouchers de la Liga se serait-il assagi, pour de vrai ? Peut-être. Pourtant, les statistiques ne parlent pas forcément en sa faveur. Cette saison, le défenseur a déjà pris 14 cartons jaunes et un rouge, soit plus que son record perso depuis son arrivée au Real, qui était de 12 jaunes et deux rouges (la saison dernière). Mais au-delà des biscottes, c’est un Pepe plus serein que l’on voit sur la pelouse. Un Pepe qui a souhaité rappeler à tous qu’avant d’être « la brute épaisse » que tout le monde a pris un malin plaisir à décrire, il est un magnifique défenseur central, probablement dans le Top 5 mondial. Et la presse espagnole, après la victoire au Camp Nou, ne manque pas de le rappeler. « Ramos et Pepe ont véritablement été les piliers de la victoire » écrit le quotidien AS. Un pilier qui, cette fois-ci, n’a pas disjoncté. Pepe fraîcheur.
Mes que une main écrasée
La dernière image négative de Pepe lors d’un Clasico, c’était ce geste violent, en Coupe du Roi (janvier dernier) où il écrasait la main de Messi. Le joueur n’avait pas été sanctionné et, après la rencontre, il avait affirmé qu’il n’avait pas fait exprès. Bien conscient de son geste, il avait tout de même tenu à s’excuser auprès du triple Ballon d’Or. Mais ce nouvel épisode avait déchaîné les foudres de la presse, d’autres joueurs (Wayne Rooney en tête) et même de son propre club. Jose Mourinho, en public, l’avait défendu, mais n’a pas manqué de lui faire des réprimandes en off. Or, depuis, Pepe se tient à carreau. Du moins, il essaie. S’il prend toujours autant de cartons (six en douze matches depuis l’épisode de la main écrasée), un peu à cause de lui, beaucoup à cause de sa réputation, il est parvenu à transformer son agressivité néfaste en agressivité positive.
A tel point qu’au lendemain du Clasico, la presse anglaise évoque un fort intérêt de Manchester United (qui venait d’en encaisser quatre à domicile contre Everton) pour le défenseur lusitanien. Il semble toutefois compliqué que, si Mourinho reste à Madrid, il laisse partir son fidèle chevalier chauve. Le succès du Real Madrid passe inévitablement par des grosses prestations de Pepe, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Real n’a encaissé que 16 buts en 18 journées en 2012 (0,88 par match). Soit la meilleure moyenne du pays sur la même période, devant le Barça, qui est à un but encaissé par match depuis le début de l’année 2012 (18 en 18 matches). Plus qu’un simple défenseur (mes que un defensor), Pepe apporte également sur le plan offensif. La preuve : lors de l’ouverture du score madrilène au Camp Nou, c’est lui qui vient placer sa tête sur corner, bien au-dessus d’Adriano, pour ensuite permettre à Khedira de scorer. Pepe passeur.
De Maritimo à l’Euro
Ce soir, face au Bayern, le Mou et son Real vont avoir besoin de ce Pepe-là. Un Pepe qui défend, et qui devra empêcher à tout prix le Bayern de mettre un pion, sous peine de devoir se taper une prolongation, ou pire encore. Car au bout, il y a une finale de Ligue des Champions. Une finale dont Pepe rêve depuis toujours, et qu’il a toujours dû se contenter de regarder à la télévision. De fait, en mai 2004, lorsque le FC Porto du Mou remporte la C1 face à Monaco, lui est en passe de s’engager pour les Portistes, en provenance de Maritimo. Il ne se contente que des miettes, à savoir la Coupe Intercontinentale en décembre. Ce qui n’est déjà pas mal. Acheté 1 million d’euros, il est revendu au Real Madrid 30 millions trois ans plus tard. Sacrée plus-value. Malgré des titres nationaux au Portugal et en Espagne, son palmarès reste désespérément vide sur le plan européen. Un vide que le Portugais espère enfin combler. Histoire, aussi, de bien préparer l’Euro avec son équipe nationale. Mais attention… Il paraît que l’Euro peut être une source de stress pour certains joueurs. Ce serait con de nous faire une rechute. En écrasant à coups de crampons les gros yeux d’Özil dès le match d’ouverture, par exemple ?
Eric Maggiori