- Euro 2016
- 8es
- Hongrie-Belgique
Et si Wilmots avait tout compris ?
Le vrai génie, c'est lui. Battu en ouverture par l'Italie, Marc Wilmots a réussi à placer sa Belgique dans la partie consolante de cet Euro. Le rendez-vous est donné : sa vie changera à Saint-Denis, le 10 juillet prochain.
Les cheveux en arrière façon Jack Nicholson, le sourire en coin, il est là, face à la presse et il plastronne : « La Suède s’est livrée et si tu te livres contre nous, tu es puni !(…)Ce n’était pas un match pour les cardiaques, car on aurait dû se mettre à l’abri plus vite.(…)Certains nous avaient enterrés, mais on est là et bien là. » Derrière son pupitre, Marc Wilmots balance à tout-va. Il pourrait claquer une sarabande que l’on saurait que c’est un bras d’honneur envoyé à la presse. Après sa première ratée de l’Euro contre l’Italie (0-2), le sélectionneur belge a été pointé du doigt, critiqué pour son néant tactique et a encaissé dans les cordes sans rien dire. Puis, il a eu cet instant Pascal Dupraz : « Quand vous avez quatre ans de succès et que vous perdez un match, c’est comme si vous n’aviez rien fait pendant quatre ans. C’est de la manipulation, c’est mettre des fausses idées dans la tête du peuple.(…)À partir de là, les critiques, je vis avec. À part la mort, je ne vois pas ce qui peut encore m’énerver. Mourir une fois en plus, ça ne pourrait pas changer grand-chose à ma vie. J’ai 47 ans, hein. Moi, je veux la santé et prendre du plaisir dans mon métier. » On prend les tripes, on caresse le peuple et voilà le constat : ce 25 juin 2016, Marc Wilmots est peut-être devenu l’entraîneur le plus malin de cet Euro. Pourquoi ? Comme ça.
La courbe de popularité
Lundi 13 juin, Lyon. Aux alentours de 23h, l’Euro a lâché ses premiers vrais enseignements : l’Italie sera difficile à bouger et la Belgique n’est peut-être qu’une vulgaire promesse, quelque chose qui se rapproche de l’Angleterre des années 2000. On décortique les connaissances tactiques de Wilmots, la performance sans lumière de Lukaku et les anomalies défensives de ces Diables rouges. Oui, ne pas retrouver la meilleure défense d’Angleterre associée est un crève-cœur. Et si finalement tout ça était calculé ? Et si Marc Wilmots était né avec une Graph 35+E dans le crâne ? Le Taureau de Dongelberg est bien le seul qui a tout compris au fonctionnement de ce championnat d’Europe. Oui, cette entrée en matière ratée était voulue pour plusieurs raisons. L’objectif était déjà de s’offrir le luxe de plomber en plein cœur une presse belge qui aime détester ce corné de sélectionneur – « Je m’accroche, je suis toujours là » (comprendre : « Oui, vous pouvez continuer à noircir vos papiers, je vous ai bien enflés » ) –, mais aussi de tâter le soutien populaire croissant. En 2014, l’Allemagne, après avoir giflé le Portugal d’entrée (4-0), s’était ramassée contre le Ghana (2-2) avant de trembler contre l’Algérie. L’art de la montée en puissance progressive. Concept validé par l’Espagne en 2010, battue en ouverture par la Suisse (0-1).
Le Satanas
Le 14 juin dernier, Marc Wilmots a donc fait jouer les brins d’herbe du Haillan sous son sourire de Satanas. Il est sûr de son fait : sa Belgique prendra la voie alternative, celle de la consolante qui le ramènera au stade de France le 10 juillet prochain. Le système parfait pour manger, au pire, le Portugal en demi-finale. Wilmots l’assume, parfois il bluffe. Et le voilà sur un plateau avec ses Diables. Car il va braquer la Hongrie, retourner Galles sur un coude vainqueur de Fellaini, et se faire le Portugal sans trembler. Oui, le scénario est déjà écrit. Il le dit lui-même, sa Belgique est belle. Et l’histoire aime faire triompher les opprimés (cf. l’Allemagne du Brésil). Cette fois, ce sera pour les neutres, pour faire sauter les lunettes de Charles Michel, démêler le gros nœud de Di Rupo et redorer les mecs de Telex. La Belgique a les clefs pour grimper sans crainte dans cette face B du tournoi. Avant la compétition, il parlait d’une victoire en France comme d’une « ligne en plus sur ton CV » . Aujourd’hui, il en parle comme d’une cartouche pour coucher l’assistance. Toulouse ne sera qu’une première bataille. « Oh oh oh, les juges et les lois, ça m’fait pas peur. »
Par Maxime Brigand