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Et si Vieri avait marqué contre le Milan AC il y a vingt ans…

Par Adrien Candau
6 minutes
Et si Vieri avait marqué contre le Milan AC il y a vingt ans…

Il y a vingt ans, le 3 avril 1999, la grande Lazio de Siniša Mihajlović, Pavel Nedvěd et Alessandro Nesta, alors leader de la Serie A, concédait un nul 0-0 face à l'AC Milan. Un match qu'auraient pu remporter les Laziali, alors que Christian Vieri, qui avait pensé ouvrir le score en début de rencontre, s'était vu refuser un pion pour un hors-jeu litigieux, qui fait toujours pester aujourd’hui les tifosi romains. Que se serait-il passé si les Biancocelesti avaient remporté ce match ? La Lazio aurait sûrement fini championne d'Italie et un autre monde aurait vu le jour. Un monde comme celui-ci.

La Lazio bat Milan, puis remporte le Scudetto…

Le but de Vieri à la première minute de jeu est validé. La Lazio mène donc 1-0, et, forte de sa série de 17 matchs sans défaite en Serie A (15 victoires, 2 nuls), déroule. Milan se noie, et encaisse finalement un sévère 3-0, à la suite des buts de Salas et Mancini. En pleine bourre, la Lazio concède le nul la semaine suivante face à la Roma, puis bat la Juventus. Les Biancocelesti caracolent alors en tête et ne seront jamais rattrapés, malgré une défaite à l’avant-dernière journée face à la Fiorentina. Les Laziali réalisent le doublé Scudetto-Coupe des coupes. Historique.


… donc Sergio Cragnotti est élu président du conseil italien à la place de Silvio Berlusconi

Après son titre de champion d’Italie en 1999, la Lazio se chope la folie des grandeurs et son président, Sergio Cragnotti, avec elle : le banquier romain chipe successivement Rivaldo au FC Barcelone, Andy Cole à Manchester United et Carsten Jancker au Bayern Munich. Il fait également revenir Zdeněk Zeman sur le banc bleu ciel. Le Tchèque va alors faire évoluer les Laziali dans un kamikaze 2-4-4, « parce qu’après tout, Nesta et Mihajlović suffisent largement pour tenir la baraque derrière et que, de toute façon, vous faites chier tout le monde avec votre jeu défensif à la con. » Si la Lazio finit deuxième de Serie A derrière la Juve, elle inscrit 213 buts, en encaisse 186 et voit Vieri (qui n’a du coup pas signé à l’Inter) terminer meilleur buteur du championnat avec 52 réalisations en 34 matchs. Surtout, le club du Latium devient la coqueluche des médias transalpins, alors que la popularité de Cragnotti enfle dans des proportions inespérées dans la Botte. Pas fou, le bonhomme décide d’imiter Silvio Berlusconi, en utilisant le football comme tremplin politique : en janvier 2001, il remporte la mairie de Rome, avant même d’être élu président du Conseil des ministres en juin, au nez et à la barbe du Cavaliere.


… donc la dette publique de l’Italie explose

Tout cela est bien joli, mais Cragnotti, déjà réputé pour être un excité du portefeuille quand il avait la Lazio sous sa coupe, fait aussi pleuvoir les billets verts à la tête de l’État transalpin. Après avoir fait ériger une statut en or massif géante d’Alessandro Nesta sur la Piazza Navona de Rome, il fait envoyer à chaque Italien un maillot dédicacé de Dejan Stanković, afin de promouvoir « les valeurs universelles du sport olympique historiquement défendues par la Lazio » . Coût annuel total de l’opération : 4,2 milliards d’euros. De quoi définitivement faire basculer du côté obscur de la force les finances italiennes. À l’heure de zieuter le livre des comptes transalpins, les ministres des Finances de l’Union européenne frisent la crise cardiaque collective et exigent la mise en place d’une politique de crise pour sauver l’Italie d’une banqueroute apocalyptique.


… donc Maurizio Sarri prend la tête de la banque européenne d’investissement

Monte alors au front un petit employé de banque, qui dit avoir trouvé « l’équation tactique pour résoudre les problèmes de la dette italienne » . Son nom ? Maurizio Sarri. Un type suffisamment sûr de son fait pour envoyer un document de synthèse résumant sa stratégie pour redresser les finances transalpines au président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Philippe Maystadt. Ce dernier, bluffé, décide alors de laisser Sarri aux manettes de l’institution. Clope au bec, Maurizio débarque un lundi au siège de la BEI, et, entre deux taffes, signe un discours édifiant : « Moi, mon style, c’est de soigner la relance. On fait tourner la planche à billets, en prenant bien soin de dribbler l’inflation. On va travailler collectivement avec la banque centrale européenne pour progressivement abaisser le taux directeur, et garder la main sur les marchés. Je veux de l’initiative, de l’audace. Des appels du pied de tous les ministres des Finances européens. On va travailler sur toute la largeur du terrain économique et financier, et on va y arriver. »


… donc Naples devient la ville la plus riche d’Italie

Chose promise, chose due. L’économie italienne respire et Maurizio a les coudées suffisamment libres pour s’autoriser quelques petits plaisirs personnels, en arrosant de financements la ville de Naples, lui qui est depuis tout bambin un supporter fanatisé du Napoli. Adieu la grève des éboueurs et la mainmise de la Camorra sur le port napolitain : la mairie de la cité partenopea dépense sans compter pour lutter contre la corruption et le crime organisé. De quoi faire de Naples l’une des villes les plus attractives d’Europe, alors que même le très populaire quartier espagnol de la ville se transforme en infâme repère à hipsters amateur de vinyles et accrocs au vapotage.


… donc Aurelio de Laurentiis devient le producteur le plus riche de l’histoire

L’embourgeoisement du chef-lieu de la Campanie a néanmoins le mérite d’attirer des investissements dans tous les secteurs d’activité. Y compris dans le cinéma, où le célèbre producteur napolitain Aurelio de Laurentiis, par ailleurs devenu propriétaire du SSC Napoli en 2004, trouve l’appui de sociétés d’investissement qataries et saoudiennes, dont les fonds propres feraient passer la fortune de Donald Trump pour de l’argent de poche. Le président du Napoli en profite pour ravir à Disney le très convoité rachat de Marvel, la célèbre maison d’édition de comic books américains. En 2011 sort alors sur les écrans une libre adaptation de la bande dessinée Avengers, avec un casting très made in Napoli, qui comprend entre autres Edinson Cavani dans le rôle d’Ant Man (drôle de choix, mais bon, passons), Ezequiel Lavezzi dans celui d’un Iron Man plus débauché que jamais et surtout Marek Hamšík en tête d’affiche, qui incarne l’héroïque Captain Slovakia.

Immense carton planétaire, le film détrône Avatar au box office mondial, avec près de 2,9 milliards de dollars de recettes. Des revenus pharaoniques, qui permettent à De Laurentiis de racheter la Juventus moyennant 900 millions d’euros. La Vieille Dame devient alors le club satellite du Napoli, puisque les Azzurri peuvent piocher allègrement dans l’effectif piémontais pour se renforcer. Bilan : les Partenopei enquillent les Scudetti, alors que Pierre-Emerick Aubameyang, acheté par les Napolitains lors du dernier mercato estival, se prépare à réaliser le rêve de sa vie en endossant le rôle de Peter Parker à l’occasion du prochain film Spider-Man. Le second long métrage du Napoli Cinématic Universe, ou NCU comme le surnomme déjà tout bon Napolitain qui se respecte. Pendant ce temps, Cragnotti est sorti de prison et a racheté la Lazio avec des sous qu’il avait cachés en Sardaigne. Sa première cible pour sa Lazio ? Un certain Lionel Messi, joueur de 31 ans qui joue en Chine et dont le talent est, paraît-il, au moins aussi grand que celui d’Alexandre Pato, quintuple Ballon d’or en titre.

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