- France
- Réforme du championnat
Et si on réformait le championnat de France avec le système belge ?
Nous sommes en 2017. La France est cinquième au classement UEFA. Insuffisant pour bénéficier dans le futur des largesses promises par la confédération européenne aux quatre meilleurs championnats du continent. Au sein des instances du football hexagonal, on s’inquiète. Il faut relever le niveau de la compétition. Mais comment ? Et si on s’inspirait du voisin belge et qu’on réformait aussi à tour de bras ? La présence de deux clubs d’outre-Quiévrain en quarts de finale de la Ligue Europa (Anderlecht, Genk) est bien la preuve que ça marche. Une projection à lire avec une grande bouteille d’eau et un cachet d’aspirine.
Étape 1 : renommer les championnats
La Ligue 1 et la Ligue 2 ne perdront pas leur naming, mais seulement les appellations Division 1 et Division 2. Celles-ci seront remplacées par Division 1A et Division 1B, ceci afin de bien comprendre que le football professionnel français se concentre au sein de ses deux premiers échelons et que tout repose sur quarante concurrents. Comme en Belgique, le championnat sera découpé en deux phases : la saison régulière et les play-offs.
Étape 2 : situation à la fin de la saison régulière
Pour des raisons de facilité, nous imaginerons à quoi ressemblera la saison 2017-2018 en observant la photographie des nouvelles Divisions 1 A et B à un instant T, à savoir après la trente-deuxième journée de la saison actuelle, qui s’est déroulée le week-end dernier.Dans le même effort de simplicité, nous transposerons de manière proportionnelle le nombre de clubs présents en Belgique (seize en D1A, huit en D1B) sans toucher à la configuration française (vingt en D1A, idem en D1B). Voici donc à quoi ressemblera le classement à la fin de la saison régulière :
Étape 3 : répartition dans les différents niveaux play-offs
En Division 1 A (ex-Ligue 1) :
Les huit premières équipes s’affrontent entre elles sous la forme d’une phase aller-retour. Ce sont les play-offs 1 (PO1). Petite précision : avant le début de ce mini-championnat, les points sont divisés par deux (pour les demi-points, on arrondit à l’unité supérieure). Sont concernés : Monaco, Paris, Nice, Lyon, Bordeaux, Marseille, Saint-Étienne, Nantes. Bonne nouvelle pour Bruno Genésio donc : l’Olympique lyonnais n’est plus désormais qu’à dix points de Monaco et peut encore mathématiquement rêver du titre.
Équipe | Pts |
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Monaco | 37 |
PSG | 36 |
Nice | 35 |
Lyon | 27 |
Bordeaux | 25 |
Marseille | 24 |
Saint-Étienne | 23 |
Nantes | 21 |
À la fin de la compétition, le premier de ce mini-championnat est déclaré champion de France. Nous reviendrons par la suite sur la répartition des tickets européens. Les équipes classées de la septième à la dix-neuvième place sont réparties en deux groupes, appelés play-offs 2 A et play-offs 2 B (PO2A, PO2B). Sont concernés : Toulouse, Guingamp, Rennes, Angers, Lille, Montpellier, Metz, Caen, Nancy, Lorient, Dijon. L’équipe classée dernière est directement reléguée en Division 1B. Est concerné : Bastia.
En Division 1 B (ex-Ligue 2) :
Première petite subtilité, le championnat est divisé en deux phases : la phase aller et la phase retour. Si la même équipe a remporté les deux phases, alors elle est proclamée championne de D1B. Ce qui n’est pas le cas cette saison, puisque Brest a remporté la phase aller et Nîmes (après la trente-deuxième journée) la phase retour.
L2: Phase aller | Pts | ||
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1 | Brest | 35 | |
2 | Reims | 33 | |
3 | Lens | 32 | |
4 | Strasbourg | 32 | |
5 | Sochaux | 32 |
L2: Phase retour | Pts | ||
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1 | Nîmes | 26 | |
2 | Lens | 23 | |
3 | Niort | 22 | |
4 | Strasbourg | 21 | |
5 | Brest | 21 |
Pour déterminer qui sera champion de D1B et montera en D1A, Brest et Nîmes devront donc s’affronter lors d’une finale aller-retour. Un tirage au sort effectué par nos soins a désigné Nîmes. Brest sera donc condamné à rejouer en D1B la saison prochaine, malgré sa première position au classement général. Cruelle désillusion pour les Bretons, mais le règlement est le règlement : on peut être premier du classement général et ne pas être champion. En imaginant plus loin, à un point près, Lens aurait pu être premier, mais ne pas participer à la finale de D1B : les hommes d’Alain Casanova ont été réguliers, mais n’ont remporté aucune des deux phases.
Mais tout n’est pas perdu pour autant, car les six premières équipes (exception faite du champion) seront réparties dans les deux groupes de play-offs 2, avec des équipes de D1A donc. Sont concernés : Brest, Strasbourg, Reims, Lens et Troyes.
Quant aux équipes classées de la septième à la vingtième place, elles s’affrontent sous la forme d’un mini-championnat aller-retour, dont les trois derniers seront relégués en National. Sont concernés : Amiens, Niort, Le Havre, le Gazélec Ajaccio, Sochaux, Bourg-Péronnas, Clermont, l’AC Ajaccio, Valenciennes, Tours, Auxerre, Orléans, le Red Star et Laval. Notons qu’avant le début de ce mini-championnat, tous les points sont également divisés par deux.
Cas des play-offs 2 :
En suivant le modèle proposé par la Belgique, les deux groupes seraient répartis comme suit :
Chaque équipe s’affronte sous la forme d’un mini-championnat aller-retour. À la fin, le vainqueur des PO2A affronte le vainqueur des PO2B lors d’un match aller-retour afin de déterminer le vainqueur général des PO2.
Étape 4 : après les différents mini-championnats
Play-offs 1
Si on excepte la division des points par deux, c’est un championnat tout ce qu’il y a de plus normal. Cette division des points par deux amène tout de même du suspense, c’est le but : qui dit suspense et grosses affiches, dit droits TV, dit supporters dans le stade (oui, même à Louis-II). Frank McCourt rebaptise son projet OM Play-offs 1 Project : mathématiquement, Rolando et Karim Rekik pourraient très bien terminer la saison en soulevant le trophée de champion de France. Même Nantes pourrait continuer sur sa lancée et écraser tous ses adversaires pour terminer premier. Sergio Conceição exulte.
La répartition des places européennes se déroule comme d’habitude. Les deux premiers sont qualifiés pour la phase de groupes de la C1, le troisième pour les tours préliminaires. Pour la C3, nous avons imaginé que le Paris Saint-Germain gagnerait les deux Coupes, laissant deux places européennes libres, qui seront attribuées aux quatrième et cinquième du championnat. Le sixième sera lui qualifié pour les tours préliminaires de la Ligue Europa. Enfin, toujours dans le souci de rester proportionnel à la Jupiler Pro League, nous rajouterons une dernière place pour l’Europe, dans les tout premiers tours de qualification de C3, que le septième se disputera avec le vainqueur des play-offs 2.
Play-offs 2
Dans ce championnat du ventre mou, seuls les meilleurs sont récompensés. L’équipe qui remporte la finale des play-offs 2, entre les deux gagnants de la poule, va donc disputer les dernières miettes des places européennes avec le septième des play-offs 1. En théorie, puisque les points démarrent à 0, on pourrait très bien se retrouver avec une finale des PO2 entre Lens et Reims, et un barrage européen entre Reims et Nantes. Reims peut donc être européen, au même titre que des équipes qui ont manqué leur saison en D1A, comme Lille, Caen ou encore Metz. Quel meilleur hommage à feu Raymond Kopa que de pouvoir voir Anthony Weber fouler les pelouses européennes contre le Torpedo Jodzina ? Tout en restant, comme les autres, en D1B, puisque seul Nîmes monte ! Après avoir goûté pendant quelques semaines aux affrontements face à des équipes de D1A, Reims, Lens, Troyes, Strasbourg et Brest retournent affronter Laval, le Gazélec et Tours en deuxième division pour la saison suivante.
Certes, ça peut paraître compliqué au premier abord. Mais c’est le prix à payer si l’on veut voir un jour Laval remporter la Ligue Europa face au Benfica tout en étant resté en deuxième division.
Post Scriptum
Tous les faits présentés ici le sont de manière théorique. En Belgique, dans la pratique, il existe quelques subtilités qui freinent la folie furieuse décrite jusqu’à présent. La première, dans le cas des clubs de D1B en PO2, concerne la demande par ceux-ci de l’attribution de la licence UEFA qui leur permettrait de participer aux joutes européennes en cas de miracle. Force est de constater que dans la pratique, c’est la démarche inverse qui se produit. De même, la relégation des clubs arrivés derniers des PO3 de D1B ne peuvent être remplacés par des clubs de la division inférieure (au statut amateur) si et seulement si ceux-ci sont en ordre de licence pour le football professionnel. Autant dire qu’il est tout à fait possible qu’aucune équipe ne quitte la deuxième division à la fin de la saison, exception faite du champion bien sûr. Il fallait bien au moins un truc qui tienne la route.
Par Julien Duez et Arthur Lejeune