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- J27
- Valence-Real Madrid (2-2)
Et si on arrêtait le chrono pour éviter les polémiques additionnelles ?
L'arbitre de la rencontre entre Valence et le Real Madrid a été au cœur des critiques samedi pour avoir mis fin au match en pleine action, juste avant que Bellingham n'égalise. Ce choix surprenant met une nouvelle fois en lumière la complexité de la gestion du temps additionnel. Alors, quand arrêter le chrono une bonne fois pour toutes ?
« C’est gênant », s’est contenté de lâcher Aurélien Tchouaméni sur les réseaux sociaux quelques minutes après le coup de sifflet final de Jesús Gil Manzano. Les deux premiers souffles de l’arbitre ont été stridents, entendus jusqu’à Madrid dans la soirée de samedi, le dernier, fatal, recouvert par la stupéfaction de Mestalla à la suite de la tête de Jude Bellingham offrant la victoire au Real sur la pelouse de Valence. Face aux Madrilènes fous de rage, l’homme en noir s’est montré inflexible : le but n’était pas valable, la soirée se clôturait sur un nul au goût amer pour chaque équipe (2-2), et l’Anglais écopait d’un carton rouge pour son accès de colère. Une fois celle-ci retombée, les éternelles questions de l’arrêt du chronomètre et de l’inexactitude du temps additionnel reviennent sur la table. Des mesures qui mettent, encore une fois, une balle dans le pied des arbitres eux-mêmes.
[📺 LIVE] 🇪🇸 #LALIGA 😱 C'est insensé !!! 🤯 Bellingham offre la victoire au Real, mais l'arbitre Gil Manzano siffle la fin du match au moment du centre et le but ne compte pas !#Action pic.twitter.com/uMkctDm209
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) March 2, 2024
Sans tomber dans les rencontres interminables en arrêtant le jeu à chaque fois qu’un joueur est au sol, le football pourrait suivre la voie d’autres sports collectifs comme le rugby, le handball ou le basket. Alors que l’IFAB (l’instance chargée de l’arbitrage international) songe à regarder du côté du ballon ovale pour mettre en place un carton bleu visant à exclure temporairement un joueur, la gestion du temps est intéressante dans le sport où les mêlées sont légion et chaque période écourtée à 40 minutes. Les Pep Guardiola de l’ovalie préfèrent même désormais davantage évoquer un « temps de jeu effectif », plutôt que celui affiché sur le tableau d’affichage. Les matchs seraient-ils plus hachés en raison de coupures fréquentes ? Pas forcément, puisque l’arrêt du chronomètre traîne également avec lui le vieil espoir de voir disparaître les gains de temps, souvent appelés simulations en fin de deuxième période.
L’appel de la sirène
Depuis la Coupe du monde 2022, le temps additionnel s’est étendu au maximum pour rattraper le temps perdu. Le calcul semblait plus conforme, mais s’est heurté au scepticisme quant aux matchs à rallonge. La Ligue 1 a tenté l’expérience cette saison et, si le décompte du quatrième arbitre a été respecté durant les premières journées, on semble maintenant revenu au point de départ avec un temps additionnel qui ne se soucie que des remplacements et du recours à l’assistance vidéo. L’arrêt du chronomètre à chaque événement marquant de la rencontre pourrait éviter ce travail supplémentaire et éviterait quelques casse-tête bien inutiles. Durant la CAN 2021, Janny Sikazwe, arbitre de Tunisie-Mali, s’était débarrassé du tracas en sifflant dès la 85e minute. Ça n’avait pas pour autant apaisé les débats.
De la même façon, le football pourrait s’inspirer de la sirène. Lorsque celle-ci retentit dans les stades de rugby, avec un son plus puissant que le sifflet de Jesús Gil Manzano, les acteurs savent qu’ils entrent dans la dernière action et qu’un simple coup de botte en touche mettrait fin à la rencontre. S’ils sont doués, ils peuvent même jouer 20 minutes supplémentaires comme lors de la victoire française contre le Pays de Galles en 2017. Il est ainsi impossible d’achever un match en plein milieu d’une percée vers l’en-but, mais avant samedi, il semblait également impensable de siffler lors d’un centre. Cette saison, Declan Rice a notamment repris un ballon envoyé par Martin Ødegaard, qui semblait pourtant moins précis que celui de Brahim Diaz, plus de 20 secondes après les six minutes de temps additionnel initial pour offrir une victoire dantesque d’Arsenal contre Luton (3-4), sans la moindre intervention du corps arbitral. Les plus nostalgiques s’accrocheront éternellement à ces souvenirs émus de renversement de situation sur le gong. Or, un arrêt du chronomètre n’altère cela en rien, rappelez-vous du coup franc d’Elohim Prandi à la dernière seconde de la demi-finale du dernier Euro de handball. Ils pourront également noter dans un coin de leur tête la confrontation entre Valence et le Real Madrid qui n’était pas vraiment vouée à faire date.
Par Enzo Leanni