ACTU MERCATO
Et si Michel Bastos restait ?
Pointé du doigt par Jean-Michel Aulas, placé sur la liste des transferts, annoncé aux Émirats depuis un mois, Michel Bastos est toujours à Lyon. Mieux, il commence sa saison de manière admirable. Alors, il va partir, ce « dinosaure » ? Vraiment ?
« La saison dernière, un certain nombre de joueurs ont pourri le vestiaire. Ils n’ont pas joué le jeu alors qu’il y avait de la place pour gagner le titre et la Coupe de la Ligue. Il y a eu une pression néfaste des pharaons ou des dinosaures de vestiaires. Je ne veux plus de ça. » Cette phrase, c’est le bilan de Jean-Michel Aulas pour la saison 2011/2012 de l’OL. Une saison décevante, terminée à la 4e place de Ligue 1. Il fallait des coupables, le président Lyonnais les a identifiés. Ces « dinosaures » ou « pharaons » , ce sont Cris, Kim Källström, Aly Cissokho et Michel Bastos. Avant de les placer sur le marché des transferts, JMA y est allé de sa petite pique pour chacun d’entre eux. Concernant l’ailier brésilien, ce fut un énigmatique « Bastos, c’est un cas d’école. Mais à deux ans de la Coupe du monde au Brésil, il va aller beaucoup mieux, croyez-moi ! » L’ancien Lillois semble l’avoir pris au mot. Raillé par ses dirigeants, il vient de débuter la saison par un geste dont lui seul a le secret : un retourné acrobatique, face à Troyes. Aucun rapport, peut-on se dire. Sauf que venant du loustic, c’est un message habituel, vraiment.
Réaction d’orgueil
Parce que Michel Bastos réagit plutôt bien à la pression. En vrai, le Brésilien ne joue jamais aussi bien que lorsqu’il est sous le feu des critiques. Une constatation que l’on tire depuis maintenant deux saisons. Arrivé à l’OL en 2009, le gaucher a disputé une première saison de belle facture (32 matchs, 10 buts), s’envolant même pour la Coupe du monde en Afrique du Sud avec le Brésil. Au terme de cette campagne des plus abouties, il rentre à Lyon avec un statut de star, de cadre, acquis par ses belles performances. Logique. D’autant que le Brésilien commence une nouvelle saison très fort, notamment en Ligue des champions (unique but face à Schalke, doublé contre l’Hapoël). Peu à peu cependant, il se fait plus discret, puis se blesse en fin de saison. Une première baisse de régime, puis une seconde à l’orée de la dernière campagne.
À ce moment-là, Michel Bastos n’est plus vraiment considéré comme une star à l’OL. Pire, sa place de titulaire est remise en question, les critiques pleuvent. Alors, le Brésilien se rase la tête et s’en va claquer un superbe but contre le PSG (lors du fameux 4-4). Voilà, Michel Bastos est dur à cerner. Mais sa réaction sous la critique est toujours la même : un but somptueux. De quoi se rappeler au bon souvenir du plus grand nombre. Parce que si Bastos avait une place dans le Larousse, la définition pourrait être la suivante : « n.m. Joueur de football fantasque, pratiquant la lourde frappe, avec un sens de la prise de risque inné. » Parce que l’ailier a vraiment le don pour la belle réalisation. Et quand pareil geste est réalisé lors d’une mauvaise passe, pour le coup, tout le monde la ferme. Même Jean-Michel Aulas ?
Dinosaure survivant ?
Et oui, JMA doit bien se creuser la tête, aujourd’hui. Depuis le but de Bastos face à Troyes, le président lyonnais ne s’est pas exprimé sur le cas du Brésilien. Après l’avoir catalogué « dinosaure » et l’avoir placé sur la liste des transferts, il pourrait peut-être bien se raviser. D’abord, parce que les négociations avec le club d’Al-Aïn s’éternisent. Cela fait plus d’un mois maintenant que Bastos aurait pu (ou dû) partir aux Émirats. En premier lieu, c’est le montant du transfert qui a bloqué (l’OL voulait 10 millions, le club émirati en proposait 8). Et maintenant, c’est quoi ? On en viendrait presque à se demander si cette rumeur est bien réelle, devant la durée de la tractation. Toujours est-il que dans ce contexte hostile, Bastos a marqué des points. Par son retourné, ok, mais aussi par sa réaction à la suite de ce but. Pas de réaction mal intentionnée envers ses dirigeants ou une quelconque manifestation de rancœur. Non, juste de la joie. Beaucoup de joie. À la fin de la rencontre, ses coéquipiers racontaient même qu’il avait pleuré.
Sympa, le type. À vrai dire, on le savait déjà. Quand son président le critiquait, il répondait déjà avec un respect plutôt rare sur Twitter : « Je suis triste de voir de tels commentaires sur moi. Je n’ai jamais eu de problèmes dans toutes les équipes où je suis passé. Je respecte beaucoup mon club et je suis triste de tout cela. Si je pose des problèmes, je préfère partir pour ne plus en causer. » Et c’est bien triste que Bastos ait dû sortir son but de samedi pour rappeler à tous qu’il est un mec réglo. Mais avec un avenir toujours incertain, cela dit. Le mercato va bientôt toucher à son terme, et à part l’énigmatique Al-Aïn, les prétendants ne se sont guère manifestés. Et lorsqu’on pose la question au principal intéressé sur RMC : « Je ne sais pas encore si je vais rester. Il est possible que je reste et il est aussi possible que je parte. J’ai eu une proposition qui m’intéresse. Les gens parlent beaucoup, mais si vous voulez tout savoir, je suis plus proche de Lyon que d’un autre club. La seule chose est que je voudrais être fixé rapidement, car la situation actuelle n’est pas bonne pour moi ni pour ma famille. » La tendance est peut-être inversée. Bastos, sous contrat avec l’OL jusqu’en 2015, pourrait bien disputer une nouvelle pige dans le Rhône. De quoi relancer le débat sur l’extinction des dinosaures.
Alexandre Pauwels