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Et si Mamadou Sakho avait déjà gagné son pari ?
Août 2013, Mamadou Sakho décide de quitter son club formateur et la seule ville qu’il connaît : Paris. Tricard chez les champions de France, naturellement oublié chez les Bleus, le stoppeur prend la direction de Liverpool pour (re)trouver du temps de jeu. Six semaines plus tard, le revoilà en Bleu. Logiquement.
« Il fallait quitter Paris pour retrouver les Bleus. Car tout joueur de haut niveau travaille pour ça. Je sais qu’on a beaucoup parlé sur moi. Mais être sélectionné de nouveau prouve beaucoup de choses. » Quand Mamadou Sakho, 23 ans, se livre dans les colonnes du Parisien en fin de semaine dernière, on sent l’homme fier de lui. Et pour cause, le revoilà dans le groupe France. Un endroit où personne n’imaginait le revoir. Enfin, pas si tôt. Fin août, Sakho, né, formé, élevé et titré avec son club de cœur, le PSG, décide de quitter le cocon familial, car son corps d’adulte se sent à l’étroit dans le club de la capitale, là où plus personne ne lui fait vraiment confiance. « À partir du moment où mon travail n’était pas récompensé, je me suis dit qu’il fallait partir. J’ai voulu aller prouver ailleurs que mes qualités étaient toujours là. Le plus important, c’est d’assumer (ses) choix » , lâche-t-il avant le match contre l’Australie, vendredi dernier. À Paris, Sakho est devenu un boulet encombrant. À Nantes, mi-août, le numéro 3 n’est même pas dans le groupe. On le voit, là, casque sur les oreilles et casquette vissée sur la tête à regarder ses collègues s’échauffer. Lui, il va passer son match dans les tribunes. Comme un vulgaire joueur d’appoint. Il est venu faire le nombre… À ce moment-là, l’équipe de France n’est même plus un objectif. C’est un rêve qui s’éloigne. Didier Deschamps est d’ailleurs très clair dessus : si le gaucher ne joue pas, il n’est pas sélectionnable. Pour un jeune homme qui a déjà raté l’Euro 2012, la possibilité de manquer également la Coupe du monde 2014 commence à poindre son nez. En trois jours, le titi parisien file à Liverpool (pour 19 millions d’euros, plus 3 de bonus). On pourrait penser que tout s’arrange, mais non. Son choix est aussitôt critiqué. À Paname, il passait pourtant derrière Thiago Silva, Alex, Marquinhos et Zoumana Camara. À Liverpool, on se dit que c’est pire puisqu’il va devoir se coltiner une autre énorme concurrence : Agger, Kolo Touré, Škrtel, Coates et Tiago Ilori. Et là, d’aucuns se marrent. Surtout quand Sakho se loupe pour son premier match contre Swansea…
Mentalement, il est costaud
Solide, Mamadou Sakho fait le dos rond et enchaîne les minutes en fermant sa gueule. Il joue même latéral gauche. Pas grave, c’est toujours ça de pris. A priori, la Premier League est un championnat fait pour le gaucher. Puissant, véloce, aérien, c’est sa came. Et puis l’inévitable arrive. Sakho joue dans l’axe et enterre tout le monde. En quatre matchs, il a déjà conquis le public d’Anfield Road qui lui accorde une standing ovation contre Crystal Palace. Kirikou est déjà dans la place. Le petit Parisien s’est émancipé. Fini le chouchou choyé par son club. Un statut qu’il ne supportait d’ailleurs plus. « Des fois dans le football, on a tendance à oublier qu’on est des hommes avant tout. On utilise les joueurs par rapport à leur image et ce qu’ils représentent au sein d’un club, analysait-il sur les ondes de RTL avant d’ajouter qu’il avait « voulu casser ce truc-là avec Paris pour prouver et montrer qu’à partir du moment où mon travail n’était pas récompensé, j’ai préféré prendre une décision (partir, ndlr). J’aurais pu rester à Paris cette année et partir gratuit dans quatre mois (il était en fin de contrat en juin 2014, ndlr). » Moralité, le joueur se retrouve aujourd’hui dans un club mythique, bien installé dans la rotation et plus fort mentalement. Hasard ou pas, c’est au Parc des Princes, vendredi, que Sakho retrouve l’équipe de France contre l’Australie. Mine de rien, en Bleu, il a également une belle carte à jouer pour le Brésil. Avec Varane, Koscielny et Abidal, il reste une place à prendre pour le mois de juin. Son vécu en EDF devrait plaider pour lui par rapport à Mangala et Zouma. Sans compter les tricards du moment (Rami et Mexès). Comme quoi, dans le football, tout va très vite. Finalement, l’homme a peut-être gagné son premier pari.
Par Mathieu Faure