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Et si Lucas Ocampos devait tout à la Ligue 2 ?

Par Simon Butel
Et si Lucas Ocampos devait tout à la Ligue 2 ?

Avant de devenir la principale menace offensive du FC Séville, opposé ce dimanche à Manchester United en demi-finales de la Ligue Europa, Lucas Ocampos a fourbi - non sans peine - ses armes en Ligue 2. C’était en 2012-2013, sous les couleurs d’un Monaco plein aux as et sur la voie d’un retour dans l’élite. Retour sur une saison que l’Argentin a débutée en petit prince du Rocher, et terminée en valeureux soldat. Un reniement tout sauf saugrenu.

Un contrôle de l’extérieur du pied pour claquer le ballon au sol, et un tir enroulé du droit qui vient se ficher dans la lucarne du gardien valenciennois Jean-Louis Leca. Le 26 septembre 2012, grâce à cet enchaînement de toute beauté, Lucas Ocampos vient de placer Monaco – traîné en prolongation par le VAFC – sur la voie de la qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue. L’Argentin vient surtout, deux gros mois après sa majorité et 38 minutes après sa seconde entrée en jeu sous le maillot monégasque, de donner un joli petit aperçu de ses possibilités. Lesquelles ont conduit le club de la Principauté à engloutir près de treize millions d’euros pour l’arracher à son club formateur de River Plate. Tout le monde, sur le Rocher, en est alors persuadé : l’ASM en aura pour son argent.

L’homme qui valait treize millions

Sauf que ce montant, qui fait l’effet d’une bombe sur la planète Ligue 2 dont il reste aujourd’hui le plus gros transfert (dans le sens des arrivées) de l’histoire, oblige Ocampos. Attendu au tournant par les siens et les observateurs, le gamin l’est aussi par les adversaires des Rouge et blanc eux-mêmes auréolés du statut d’équipe à battre. « Avec tous ses internationaux, Monaco faisait peur, souffle Tristan Lahaye, alors défenseur du Chamois Niortais. Sur le papier, ils avaient une équipe incroyable ! C’était le PSG de la Ligue 2. Alors, quand on les a vu mettre treize millions sur lui, on s’est dit qu’ils n’étaient vraiment pas là pour rigoler. Des transferts pareils, on voyait parfois ça en Championship, mais pas en L2. À ce prix-là, on s’est tous dit que ça devait être un phénomène. » Dès ses premiers pas à la Turbie, le natif de Quilmes confirme l’intuition générale. « Moi qui me le coltinais aux premiers entraînements, je peux le dire : pour son âge, il était assez impressionnant, replace Jérôme Phojo, promu cette saison-là au sein de l’effectif pro monégasque. Il avait beaucoup de qualités. »

Le hic, c’est que ces qualités ne sont pas spécialement adaptées au foot européen et encore moins à la Ligue 2. « Si encore il avait atterri en Ligue 1… Mais en Ligue 2, on est plus dans le combat, replace l’actuel latéral du Clermont Foot. C’était vraiment le joueur technique, capable d’éliminer plusieurs joueurs. Mais il ne défendait pas vraiment, au début. Et puis, on ne va pas se mentir : face à un joueur coûtant un tel prix, les défenseurs avaient envie de montrer qu’ils étaient là. » Ces derniers n’ont pas besoin de trop bomber le torse, les premiers mois. Assez vite intégré dans le vestiaire cosmopolite monégasque où il aime tailler le bout de gras avec l’hispanophone Yannick Ferreira Carrasco, l’ailier galère en revanche à s’imposer sur les pelouses de Ligue 2 où ses épaules sont un peu trop frêles pour supporter le poids de son transfert et les bourrades des latéraux adverses.

Le diamant à dépolir

« Je n’ai pas spécialement été en difficulté face à lui, lâche Issa Cissokho, homme de base d’un FC Nantes également promu en Ligue 1 et resté invaincu face à l’ASM cette saison-là. Il avait pas mal de déchet, n’était pas très rapide ni puissant… Et tactiquement, il n’était pas encore au niveau. Mais il avait la grinta. » « Tu peux lui rentrer dedans, tu ne vas pas l’intimider, il reviendra toujours, approuve Tristan Lahaye. J’ai vite compris qu’il n’avait pas peur des duels, il avait beaucoup de personnalité. » Une bonne base de travail pour Claudio Ranieri, qui entreprend d’européaniser le jeu de son poulain. Trop joueur, trop croqueur. « Au départ, il avait tendance à prendre des risques assez bas sur le terrain et à avoir cette petite touche de trop, pointe Jérôme Phojo. Il faisait assez peu de différences, même à l’entraînement. Ranieri l’encourageait à dribbler, mais lui rappelait qu’il y avait des endroits pour dribbler et d’autres où faire les efforts. »

Un homme averti par Claudio Ranieri en valant deux, Ocampos a « assez vite compris le message », selon Phojo. D’autant que les lieutenants de l’Italien assurent, taquets et soufflantes à l’appui, le service après-vente. « Généralement, dès qu’il dribblait un ou deux joueurs, il prenait un petit coup, sourit le latéral clermontois. Et les anciens, comme Andreas Wolf ou Gary Kagelmacher, ne le lâchaient pas sur le travail défensif ou sur le fait de passer le ballon. » Si l’Argentin prend du plomb dans la cervelle, il peine à récolter en match les fruits de son taf à l’entraînement. Crédité de treize titularisations et seize entrées en jeu, le numéro quinze monégasque passe la saison dans l’ombre du quatuor offensif composé de Dirar, Germain, Ibrahima Touré et Ferreira Carrasco.

Reniement temporaire

À l’arrivée, le joker préféré de Ranieri ne facture que quatre pions et trois passes dés. Décevant ? « Pour lui, peut-être, suggère Issa Cissokho. Mais il venait d’arriver en France, était jeune et a dû digérer ce montant important. Ce petit passage en Ligue 2 l’a aidé à passer un cap. » Et non des moindres : si le minot a péché sur le plan statistique, il a, d’un point de vue physique et tactique, opéré un premier virage vers le besogneux soldat qui roule sur la Liga aujourd’hui. « Il a dû fournir beaucoup d’efforts physiques, et était donc moins dans la zone de finition, appuie Phojo. Il faut être indulgent : il était très jeune, loin de chez lui, sous pression, et il y avait la barrière de la langue. Beaucoup seraient repartis en Amérique du Sud au bout d’un an, mais Ranieri l’a bien couvé, il a évité de le cramer. En fin de saison, ce n’était plus le même joueur. »

Impression confirmée par Tristan Lahaye, adversaire de l’Argentin le lors de la 31e journée : « Il avait beaucoup évolué, et passé un cap sur le plan défensif. » Un comble, pour un joueur venu en Principauté pour d’abord créer des différences balle au pied. Lahaye, encore : « Il a été pas mal stigmatisé, présenté comme un joueur rustre techniquement alors qu’il a énormément de qualités. C’est vrai qu’il s’est un peu renié, mais là, à Séville, il exprime tout son potentiel technique. » « Certains trouvent peut-être ça dommage, conclut Phojo, mais je ne pense pas qu’il regrette d’avoir changé son jeu. Regardez : il va peut-être remporter une Coupe d’Europe. » Un exploit qui passe, déjà, par un succès en demi-finales face à Manchester United. Un détail, quand on a goûté à l’enfer du stade Gabriel Montpied.

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