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Et si les suspensions étaient une bonne chose pour l’EDF ?

Par Florian Cadu
Et si les suspensions étaient une bonne chose pour l’EDF ?

Face à l’Islande, la France se présentera sans Kanté ni Rami, qui ont chacun écopé de deux cartons jaunes. Mais contre une équipe « défensive », leurs remplaçants pourraient bien apporter les ingrédients qui manquent actuellement aux Bleus pour faire la différence plus tôt.

Mi-temps au Parc Olympique lyonnais. Rendus à la moitié de ce huitième de finale contre l’Irlande à ne perdre sous aucun prétexte, les Bleus ne vont pas bien. Tout va mal, même. Menés d’un but, les attaquants se montrent perdus dans leur recherche d’espaces et d’occasions. La défense est friable, Blaise Matuidi transparent. Pour couronner le tout, N’Golo Kanté, sans doute l’élément le plus régulier depuis le début de l’Euro, a reçu un carton jaune à la 27e minute de jeu. Son deuxième de la compétition, ce qui le rend inéligible pour un éventuel quart. Même sanction pour Adil Rami, dépassé sur un contre avant la pause. Une biscotte et le prochain match dans les tribunes, donc. Heureusement, la France revient sur le terrain avec de meilleures intentions (sans Kanté, remplacé par Kingsley Coman) et arrache sa qualification. Reste qu’elle sera amputée de deux de ses titulaires défensifs. Mais est-ce vraiment un désavantage ?

La question se pose depuis l’élimination précoce des Anglais. Alors que tout le monde voyait ces derniers affronter le pays receveur lors du prochain tour, c’est finalement l’Islande qui s’est donné le droit de rêver encore un peu. Et ça change pas mal de choses. Car tout le monde l’a remarqué, la France a beaucoup de mal à dominer les « petites » nations lors de cette compétition. Jamais totalement à l’aise sur 90 minutes, l’EDF se met en difficulté contre des équipes a priori à sa portée. Didier Deschamps a beau bouleverser son schéma tactique (4-3-3 en 4-2-3-1, voire en 4-2-4 ou 4-4-2) ou ses hommes (Coman, Martial, Griezmann, Pogba…), rien n’y fait. Seule la base défensive de sa team ne bouge pas. Or, avec les absences de Rami et Kanté, DD y est cette fois contraint. Ce qui peut amener une innovation qualitative bienvenue, leurs remplaçants ayant des profils bien différents.

Umtiti, Mangala, faites-nous rêver

Le cas Rami, d’abord. C’est peu dire que le défenseur sévillan n’est pas des plus rassurants. Capable de proposer des performances monstrueuses où il semble impassable, l’arrière central peut aussi se foirer totalement le jour d’après. Monstre de détermination, Rami n’en reste pas moins un élément fragile. Surtout, le champion de la C3 2016 n’offre absolument rien à la relance. Lors des quatre premières rencontres, on a à chaque fois vu les trois mêmes ballons partir de ses pieds : l’horizontal pour Laurent Koscielny, celui de deux mètres pour Kanté, et la transversale imprécise pour Olivier Giroud qui doit très souvent se débrouiller pour placer sa tête. On ne peut pas enlever à Rami son centre parfait pour le but d’Antoine Griezmann contre l’Albanie, ni même sa transmission pour l’attaquant d’Arsenal à l’origine du deuxième goal contre l’Irlande.

Mais ces deux actions ne sont que l’arbre en bonne santé qui cache la forêt en train de cramer : le jeu de Rami n’est pas basé sur la technique. Or, sans la vision de jeu de Lassana Diarra, l’équipe de France a follement besoin d’une charnière centrale qui prend des risques dans la relance et cherchent des solutions entre les mouvements de Paul Pogba, Blaise Matuidi, Dimitri Payet ou Antoine Griezmann. Une charnière centrale qui pourrait gagner quatre, cinq, six mètres en avançant avec le ballon dans les pieds. Une charnière centrale qui ne doit pas avoir peur de l’échec, d’une perte de balle éventuelle et qui doit endosser partiellement le costume de premier attaquant. Alors non, Samuel Umtiti ou Eliaquim Mangala ne sont pas Thiago Silva, Jérôme Boateng ou même Raphaël Varane. N’empêche qu’on voit difficilement comment ils peuvent faire pire dans cette approche tactique, qu’il faut absolument améliorer devant le bloc compact que représente l’Islande.

La patte salvatrice de Cabaye

Ce bloc compact, justement. La France s’y est déjà pété les dents à quatre reprises dans cet Euro. Opposée à des défenses plutôt basses jouant en contre et laissant le ballon (hormis la Suisse, qui l’a gardé près de 60 % du temps), elle a dû miser sur la fatigue de ses adversaires pour faire la différence en fin de match. Si l’on excepte le huitième de finale, Kanté est toujours sorti du lot. Oui, mais voilà : si le milieu a ébloui, c’est grâce à ses poumons, ses jambes, sa science tactique, sa justesse technique et l’équilibre indispensable qu’il apporte, et non pas à son influence directe sur le jeu offensif ou ses passes clés. Il ne faut pas oublier que le champion d’Angleterre en titre est habitué à jouer avec Leicester, une équipe qui n’a pratiquement jamais la possession (43 % de moyenne cette saison, soit le 19e plus « mauvais » bilan de Premier League !), qui joue direct (335 passes/match, 19e place également) et en contre-attaque, avec des espaces à portée de main.

Dans un contexte islandais où il faut au contraire faire le jeu, Yohan Cabaye est certainement un choix plus utile (à condition qu’il ne zappe pas le repli défensif nécessaire pour contrer les rapides transmissions de l’Islande). Ayant davantage ce profil de passeur, le milieu de Palace pourra s’essayer à ses transversales qu’il maîtrise tant et apporter un peu de variété dans le jeu bleu, trop dépendant des courses de Griezmann, des numéros de Payet et des duels aériens de Giroud. À voir maintenant si Pogba et Matuidi seront soulagés par sa créativité, ou au contraire gênés par des replis défensifs supplémentaires. À voir aussi si Cabaye, coutumier des joutes anglaises, supportera aussi bien que Kanté le défi physique des Islandais, assez impressionnant face aux Three Lions. En attendant, les suspensions font peut-être inconsciemment le bonheur de Deschamps : pour une fois, ses choix sont restreints. Et sans doute gagnants.

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