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  • 14 juillet
  • Prise de la Bastille

Et si les révolutionnaires français étaient des footballeurs ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Et si les révolutionnaires français étaient des footballeurs ?

14 juillet 1789. La prise de la Bastille. La France ébranle de nouveau le monde et fait basculer l'Europe dans une autre époque, celle d'une modernité politique dont nous continuons de digérer les dernières miettes. Le roi a certes encore sa tête sur les épaules, mais il ne le sait pas encore, il a perdu un pays qui commence à se penser nation, sans avoir besoin de s'en remettre aux Bourbons. Le centre de gravité de notre histoire quitte Versailles pour retourner à Paris, et hormis les épisodes de la Commune et de la French Touch, cela ne changera plus. Des hommes vont en quelques années inscrire leurs noms au panthéon – parfois au vrai sens du terme - du roman national et surtout squatter de leurs patronymes les rues et édifices publics du moindre petit village de l'Hexagone. En revanche, les stades de foot résistent toujours. Pourtant, Montagnards, Girondins, Jacobins, membres du club des Cordeliers et autres sans-culottes ont peut-être beaucoup à nous apprendre sur le ballon rond… Et si les révolutionnaires français étaient des footballeurs ?

Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. » Les États généraux devenus assemblée constituante viennent de sonner le tocsin en ce 23 juin 1789. L’homme s’oppose aux puissants et au pouvoir, Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau a donné à une révolution qui n’a pas encore commencé sa première punchline. Sait-il qu’il contribue à renverser de fait un système monarchique qu’il s’évertua ensuite à sauver malgré un roi mollasson et une Marie-Antoinette qui croyait fort en l’invasion étrangère pour tout remettre d’équerre ? Finalement révolutionnaire bien malgré lui, ce proche de Talleyrand décédera avant d’avoir à contempler l’avènement d’une République qu’il n’avait pas vraiment souhaitée. Bref, un héros malgré lui. À l’instar d’un Jean-Marc Bosman qui, sûr de son bon droit, transforma sans y songer une seconde un foot européen où il ne trouva plus jamais sa place…

Henri Grégoire dit Abbé Grégoire

Homme du clergé, curé proche du peuple, partisan de l’abolition de l’esclavage, intimement convaincu que l’église et la chrétienté serviraient la révolution et vice versa, ce grand esprit fondateur des nouvelles valeurs de notre temps avait peut-être deux siècles d’avance. Ou 1789 ans de retard. Un destin assez proche d’un Michel Platini, joueur talentueux d’un autre temps du foot et qui tente, en y croyant sincèrement, de réformer la belle religion du ballon rond pour sauver ce qui peut l’être.

Maximilien de Robespierre

Personnage controversé, sec et incorruptible, cet anticipateur de l’état providence est aussi présenté par certains – l’historien François Furet par exemple – comme celui du totalitarisme. Selon votre point de vue idéologique, il suscite donc admiration ou haine, et se réclamer de sa filiation n’est jamais neutre ni consensuel. Instigateur de la République, il utilisa la terreur pour gouverner sans même y prendre de plaisir, et il inventa un improbable, et très ennuyeux, culte de « l’être suprême » pour assurer l’unité nationale. Aussi dérangeant soit-il, il y eu un avant et un après Robespierre et son comité de salut public (la Révolution inventa le sens de la formule en politique). Il rendit sûrement irréversible, par le sang et la loi, la bascule républicaine, malgré les vaines tentatives de restauration qui survinrent au siècle suivant. Comme on peut toujours regretter le style des Bleus de 98 et préférer le carré magique de 82. Mais personne, non, personne n’oubliera Aimé Jacquet

Gracchus Babeuf

Sorte de synthèse vivante du mouvement sans-culotte, néanmoins fort sceptique face à un Robespierre dont il ne digérait pas la terreur sans retenue, l’animateur « des égaux » , qui tentèrent même de prendre le pouvoir le temps d’une éphémère et ratée conjuration, se révéla de fait un acteur de second ordre. En revanche, sa postérité dépassa largement son influence politique sur le moment, intronisé par les marxistes, et Karl Marx himself, aussi bien que chez les anarchistes, en vénérable précurseur de la transformation sociale. Critique d’une révolution qui, malgré tout, restait d’abord bourgeoise, il avait la beauté fascinante, pas toujours véritable, de ceux qui refusent la tiédeur. On y discernerait presque les traits d’un Cristiano Lucarelli, joueur italien qui choisit de s’ébattre à Livourne en Serie B devant des supporters agitant des drapeaux du Che.

Jean-Paul Marat

Journaliste pamphlétaire, plume sanglante de L’ami du peuple, il pousse au crime politique dans ses écrits, et se montre très légaliste à la Convention. Partisan de la guerre à outrance, ce « Montagnard » ne se laissait berner par personne. « Si la révolution fut grande, ce fut qu’il y avait Jean-Paul Marat dans son effectif » Hristo Stoitchkov. Après, toujours penser à fermer la porte à clé quand on prend son bain…

Georges Jacques Danton

« Pour les vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ! » Danton, l’homme des paradoxes, le double jouisseur et presque sympathique d’un Robespierre ascète et intransigeant, aussi volatile dans ses positions que son Janus terrifiant s’avérait inflexible. Défenseur peu regardant de la patrie en danger, indulgent réclamant la fin de la Terreur, il ferrailla sans cesse contre ses amis et chercha à négocier avec ses ennemis. Il était censé être le côté sympa et groovy de la Révolution, comme George Best trimbalait la folie des sixties dans le foot anglais si triste de son époque…

Olympes de Gouges

Féministe quand le mot n’existait pas encore, auteur d’une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui donnait la réplique à « l’autre » , elle se battit pour le droit au divorce et la parfaite égalité homme/femme dont rêvent encore ses lointaines descendantes à l’Assemblée. Toutefois, proche des Girondins, son refus de la dictature montagnarde lui fut fatale. En France, pour être précurseur, il faut être radicale… Marinette Pichon avait ainsi la vie pour renverser les meubles du foot macho, mais pas encore l’attitude.

Joseph Ignace Guillotin

Ce médecin révolutionnaire, qui se battait pour l’égalité de tous devant la loi, avait émis le vœu que la révolution ne reconnaisse que la décapitation comme forme d’exécution, gageant qu’elle se révélait bien davantage « supportable » que les autres (la roue ou le bûcher par exemple). Et que le bourreau ne le fit plus lui-même directement de sa main. Abominable héritage pour cet homme qui pensait de la sorte adoucir un acte qui lui faisait horreur et dont le nom resta associé pour toujours à l’instrument qui servit quasiment durant deux siècles de repoussoir aux beaux esprits dont il était sans conteste une figure tutélaire. Un syndrome Panenka : une invention sacre son équipe, mais désormais réduit le tir au but, et une carrière, à une humiliation du gardien de but.

Les sans-culottes

Forces vives de la révolution, indomptables ou manipulés au gré des rapports de force, icônes d’une pop culture avant l’heure (les premiers à se doter d’un contre-modèle vestimentaire contre l’establishment), ils ne cessaient de réclamer le respect de l’esprit révolutionnaire dont ils se voyaient les défenseurs directs et les seuls détenteurs sincères. Sans véritables leaders, mais avec des porte-voix comme Jacques-René Hébert et son journal « Père Duchesne » , bruyants, exubérants, violents, entiers, ils servirent de vilains petits canards à ceux qui souhaitaient apposer le visage d’une plèbe sauvage sur les excès de la révolution. Or, pas de révolution sans le peuple, pas de foot sans supporters ?

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« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »
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