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Et si les deux clubs de Milan fusionnaient ?
Largués par la Juventus depuis sept saisons consécutives, l'Inter et le Milan risquent d'avoir encore bien du mal à concurrencer la Vieille Dame cette saison. Aux grands maux, les grands remèdes : dans une réalité alternative, les deux clubs lombards vont décider de mettre leurs antagonismes de côté pour fusionner et tenter de devenir la première superpuissance du football européen.
Les flashs crépitent, les micros s’entrechoquent et la masse informe de journalistes qui se bouscule en conférence de presse ce premier juillet 2019 ferme soudainement son clapet. Le président de l’AC Milan, Paolo Scaroni et son homologue interista, Zhang Jindong, viennent de débarquer en zone mixte, un gros sourire aux lèvres : « Nous sommes ravis de vous annoncer la fusion entre l’AC Milan et l’Internazionale en vue de la saison à venir. Nous voulons le meilleur pour Milan, à savoir le Scudetto, la Ligue des champions et nous pensons que nous ne pourrons atteindre ces objectifs qu’ensemble. »
Stupeur en salle de presse. Et colère chez les tifosi, qui répugnent à unir leur forces avec l’ennemi de toujours. Pourtant, la Juve vient d’enquiller son huitième titre consécutif et certains fans avancent déjà que nécessité fait loi. Pour regoûter au Scudetto, les Milanais de tous bords acceptent alors l’impensable : pactiser avec le rival honni.
Spalletti, Konami et SSC Lombardie
Une fusion qui s’accompagne d’un bon paquet de complications logistiques et sportives. Après concertation, aucun des deux clubs ne voulant se séparer de ses collaborateurs, Milanais et Interistidécident de tout fusionner : les effectifs professionnels, l’encadrement technique, le budget… Tout s’additionne pour former une super structure tentaculaire. Le nouveau club lombard se retrouve alors avec un duo Gattuso-Spalletti pour piloter une équipe première qui compte pas moins de 48 joueurs et un staff technique de seize collaborateurs. Pas de quoi effrayer Rino, qui déclare rapidement aimer « beaucoup Luciano. Je vais vous dire un truc : j’ai toujours pensé que les chauves avaient de grosses couilles » . Le club se paie aussi le luxe d’engager Zlatan Ibrahimović, ex-joueur interista et milanais, comme directeur sportif, même si ce dernier ne conclut aucun transfert lors du mercato estival. « Zlatan ne recrutera que des joueurs qui ont le niveau de Zlatan » , dégaine-t-il.
En attendant, c’est le service marketing du club qui se gratte la tête. Comment nommer la nouvelle formation milanaise ? Finalement, la direction lombarde se décide à payer Konami pour faire le job, l’éditeur de jeux vidéo ayant maintes fois prouvé son expertise pour créer des noms de club dont il n’avait pas pu obtenir la licence (comme les très inventifs Merseyside pour désigner Liverpool ou Aquitaine pour Bordeaux). « Et c’est là que nos créatifs ont pensé à SSC Lombardie, pose Hideki Hayakawa, le PDG de la firme japonaise. SSC pour Società Sportiva Calcio, c’est de l’italien, hein. Ouais, nos gars ont pensé à tout. Je vous le dis, ces types sont des petits génies. »
57 secondes de bonheur
Pas aussi génial, cependant, que le 3-5-2 concocté par le duo Spalletti-Gattuso avec une doublette Higuaín-Icardi en pointe. Devenus copains comme cochons, les deux Argentins se trouvent les yeux fermés sur le terrain et commencent une vraie bromance en dehors du pré. Le club milanais se met alors à rouler sur la Serie A et se retrouve avec dix victoires en dix matchs de championnat fin octobre 2019. Problème : il y a tellement de joueurs dans l’effectif que certains d’entre eux, privés de temps de jeu, commencent à râler. « Moi, j’ai compté, j’ai joué précisément 57 secondes depuis le début de la saison, pose Patrick Cutrone. Mais bon, je me plains pas, il y en a qui ne jouent plus du tout, même à l’entraînement. Tiémoué Bakayoko s’ennuie tellement qu’il travaille à mi-temps à la boutique de produits dérivés du stade. Cristián Zapata et Andrea Ranocchia donnent aussi un coup de main pendant les matchs à Manuele, le mec qui a un stand de saucisses à côté de San Siro. »
Une situation qui ne convient pas du tout à Keita Baldé. Catastrophique lors de sa première titularisation de la saison, le Sénégalais, remplacé peu avant la mi-temps, refuse de serrer la main de ses entraîneurs. Si Spalletti décide de passer l’éponge, Gattuso, lui, assassine son joueur en conférence de presse : « Je m’en fous, j’ai six autres ailiers meilleurs que Baldé dans mon effectif. S’il cherche les emmerdes, il va les trouver, croyez-moi. »
Paradis électroménager
Personne n’en doute, même si l’édifice lombard commence lentement à se fissurer. Début novembre, Gianluigi Donnarumma décide d’écouter les conseils de Mino Raiola en demandant une augmentation de salaire « pour toucher un revenu plus en adéquation avec la nouvelle dimension du club » . Et se retrouve vite imité par une bonne partie de l’effectif. Une catastrophe pour le management lombard, confronté à une hausse de 300% de sa masse salariale.
Des dépenses trop conséquentes. Même pour Suning qui, en bonne entreprise d’électroménager, trouve quand même une parade en payant une partie du salaire des joueurs avec des produits de la boîte. « En ce moment, chez moi, j’ai quatorze frigidaires, 22 écrans plasma géants et douze machines à laver, raconte alors Suso. J’essaie d’en revendre une partie sur leboncoin, mais ça me prend un temps fou, ma copine m’a quitté en disant que je passais plus de temps à essayer de vendre mes stocks sur internet qu’avec elle. »
Fausse bonne idée
Dur. Mais pas autant que la cuite que se prend Radja Nainggolan pour le Nouvel An. Passablement alcoolisé, le Belge publie un live Instagram de sa soirée en boîte avec Marcelo Brozović, Lautaro Martínez et Giacomo Bonaventura, trois jours avant un choc décisif contre la Juventus. Sans surprise, les quatre joueurs sont mis à pied et l’Inter perd son face-à-face avec la Vieille Dame. Un mois plus tard, l’ensemble finit par tourner au psychodrame : à en croire la presse people transalpine, Gonzalo Higuaín aurait découvert que sa copine et Mauro Icardi s’envoient des SMS torrides.
Malgré les dénégations en bloc de Maurito, Pipita se braque : « Je ne lui parlerai plus jamais. » Plombé par une ambiance délétère, le club milanais se casse la figure sportivement et termine le championnat à la sixième place. Dégoûtées, les deux formations lombardes décident d’un commun accord de se séparer, l’Inter et le Milan redevenant deux entités distinctes. De quoi enterrer à jamais le projet d’un super club milanais ? L’avenir reste incertain. Pas la peine, en tout cas, de compter sur Zlatan Ibrahimović pour rouvrir le cercueil : « J’ai bien réfléchi à tout ça. Et avec du recul, on ne pas va se mentir : cette fusion, c’était quand même une belle idée de merde. »
Par Adrien Candau