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Et si les Bleus étaient faits pour gagner à l’arrache ?

Par Kevin Charnay
4 minutes
Et si les Bleus étaient faits pour gagner à l’arrache ?

Comme face à la Roumanie, l’équipe de France a fini par s'impose au bout du temps réglementaire contre l'Albanie. Rien de très rassurant dans la forme, mais ça pourrait être le signe d'une équipe à qui rien ne peut arriver.

Stade Vélodrome, 90e minute. Le score est désespérément bloqué à 0-0. Les frappes cadrées des Bleus se comptent sur les doigts d’une main mutilée. Olivier Giroud a multiplié les têtes à côté de la cible. Coman, Martial, Payet et Griezmann ne cessent de buter balle au pied sur la défense albanaise. Le changement tactique de Didier Deschamps n’a rien donné en première période, et les entrées de Pogba, Griezmann et Gignac n’ont pas pesé autant qu’espéré. Jusqu’à cette action improbable. Adil Rami, excentré on ne sait pas trop pourquoi sur le côté droit, adresse un centre parfait pour l’attaquant de l’Atlético de Madrid. Griezmann sort de nulle part et claque sa tête décroisée. L’équipe de France peut enfin dérouler, au dernier moment, et Dimitri Payet y va de son petit but pour aggraver le score à la 96e minute. Une victoire à l’arrache, comme face à la Roumanie. Et après tout, il n’y a rien de plus excitant.

Miracle sur miracle

Vendredi, c’était Dimitri Payet qui s’était vu attribuer le rôle de sauveur en donnant la victoire aux Bleus dans les derniers instants. Cette fois-ci, le costume a changé de propriétaire, mais le constat est le même. Face à une équipe plus qu’abordable, l’équipe de France a ramé, a pataugé, a galéré, avant de trouver la faille sur une action inexplicable. Les plus pessimistes s’attarderont sur le contenu laborieux du match, tandis que les plus optimistes retiendront l’heureuse issue. « Ce qui est bien, c’est que c’est pas nouveau, ajuste Payet. Depuis le mois de mars, notamment contre les Pays-Bas, on a montré que, jusqu’à la fin, on pouvait aller chercher ces victoires-là. Et depuis le début de la compétition, on marque dans les arrêts de jeu. On se l’était dit juste avant le match : il va falloir être patients. Les scénarios sont compliqués, mais on montre qu’on est présent sur toute la longueur du match.. » Une nouvelle manière de gagner.

D’habitude, à chaque fois que la France réussit, elle le doit à un leader technique et mental (Zidane ou Platini). Quand elle ne dispose pas de ce genre de joueurs, c’est la débandade, avec des résultats dans les grandes compétitions qui font directement office de sanctions. L’équipe de France 2016 n’a pas, il faut l’avouer, de leader incontesté. Et pourtant, elle parvient pour l’instant à tirer son épingle du jeu. Car elle compte parmi ses rangs plusieurs joueurs capables de faire la décision à eux tout seuls sur une seule action. Les courbes de Payet et les déplacements de Griezmann ont déjà œuvré. Mais il reste encore les frappes de Pogba, les coups de reins de Coman, la hargne de Gignac ou les projections illogiques de Matuidi qui peuvent sortir de leur boîte.

Deschamps béni

À l’arrache. Souvent, l’EdF paraît désorganisée, presque impuissante, mais les fins de match et les attitudes d’après libération respirent la gagne. Comme si rien ne pouvait arriver à ces Bleus-là. « Ça se répète, c’est plutôt bon signe, sourit à petites dents Didier Deschamps. Après je ne vous cache pas que je préférerais qu’on débloque la situation plus tôt. » Mais DD n’oublie pas non plus de revenir à quelque chose de plus rationnel : « La deuxième mi-temps était d’un très bon niveau. On a tout fait pour les déstabiliser, les mettre hors de position. Face à des adversaires qui sont là pour défendre, il faut user, user. Il faut de la patience aussi. Et j’ai un groupe de compétiteurs. Je l’ai vu durant la préparation aussi, dans le temps que je passe avec eux avec mon staff, dans les discussions. J’aime ça, je veux les voir comme ça. Tant que l’arbitre n’a pas fini, il y a toujours la possibilité. C’est toujours la dernière impression qui reste. Je sais que ça ne sera jamais parfait, on peut toujours faire mieux. Mais c’est déjà bien ce qu’on a fait, jusqu’à aujourd’hui… »

Même quand le sélectionneur tente un 4-2-3-1 en pleine compétition, alors qu’il n’a jamais bougé son 4-3-3 pendant des mois, le destin finit par sourire. Il lui suffit de s’asseoir sur son banc, bidouiller un peu son onze histoire de changer quelque chose, et attendre que le destin fasse son travail. Même si les Bleus jouent avec le frein à main, la peur au ventre, il y aura toujours un but qui sort de nulle part. Avec ce genre de victoires, les Bleus engrangent petit à petit une confiance qui les persuaderont qu’ils peuvent vaincre tout le monde. Car DD est béni des dieux. Ou presque. « C’est vrai qu’on est peut-être heureux, termine le sélectionneur. Je ne vais pas dire chanceux, ce serait trop facile. Mais les joueurs mettent tous les ingrédients et vont au bout d’eux-mêmes pour aller chercher cette victoire. » Né pour gagner, il fait très certainement partie de ceux qui mettent le plus d’ingrédients possibles pour avoir la chance de son côté. En espérant que le stock ne soit pas déjà épuisé.

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