ACTU MERCATO
Et si le recrutement de l’OM n’était pas si bon ?
Avec ses trois signatures pour près de 20 millions d'euros, l'OM ne se contente pas de faire vibrer que ses supporters. Mais est-ce forcément un gage de réussite ?
Dans les accords de diffusion entre les différentes chaînes de télévision, Canal + a le droit de choisir trois clubs pour lesquels elle peut se permettre quatre fois dans la saison de retransmettre le match en même temps que beIN Sport. Les dirigeants de la chaîne cryptée n’ont pas hésité longtemps : derrière les incontournables Paris et Monaco, ils ont choisi Marseille. Pas Lyon ou Lille. C’est qu’au-delà du prestige, de la cote de popularité ou du classement de la saison dernière, l’OM est dans la tête de tous la troisième force du football hexagonal. La première si l’on compte les clubs « normaux » , ce qui devrait encore plus forcer l’admiration des supporters français. Les fans de l’OM, eux, s’en foutent, quoi qu’il arrive, ils visent le titre, on ne sait jamais. Tous se rejoignent en tout cas sur un point : le recrutement phocéen a de la gueule. Un international français qui peut faire lever les foules par ses dribbles et sa vitesse (Payet) et deux internationaux espoirs qui ont tout pour devenir les nouvelles références à leurs postes et dont personne n’a jamais encore relevé le moindre défaut (Mendy et Imbula). Et vu que tous les cadres sont restés…
Labrune ne compte pas pour des prunes
Ainsi, quand Vincent Labrune fait le bilan à mi-mercato, il ne transpire pas trop dans sa chemise blanche. La ligne de route est tracée : convaincre un ou deux joueurs de partir, libérer deux-trois compléments d’effectif, voire prêter quelques jeunes, pour au final poser les dernières retouches : un défenseur central polyvalent et une friandise capable de faire un peu comme Payet, mais dans le couloir gauche. Et si le président n’y arrive pas, il aura quand même réussi aux yeux des fans. Son coup de cœur pour Alessandrini et sa détermination à foutre la merde au LOSC avec Thauvin sont considérés comme des victoires en soi. L’homme de confiance de MLD montre ce qu’il sait faire pour son premier mercato (en 2011, il avait donné les pleins pouvoirs à Deschamps, l’an dernier, il était avant tout dans la restriction budgétaire) et commence à plaire même à ceux qui ne juraient que par Pape Diouf. Mais il ne faudrait pas crier victoire trop vite. Il reste encore six semaines de mercato. Et la vraie difficulté quand on s’occupe d’un club comme l’OM, c’est de retenir les joueurs convoités, pas d’enrôler ceux qui sont prêts à parler de « club de cœur » contre une jolie exposition médiatique, un peu de Ligue des champions et une multiplication des émoluments. Sans compter la gestion toujours délicate du dernier jour de mercato. Il y a deux ans, l’OM avait foiré la venue d’Amauri tout en envoyant Gignac à Fulham pour faire de la place, avant de le faire revenir sans sa confiance le lendemain matin. L’an dernier, seul un refus de Nice a empêché la vente de Jordan Ayew début septembre pour le recrutement de Foued Kadir à la place.
Comme d’habitude ?
Dans son très bon blog Au Balcon du Vélodrome, Hélène Foxonet, reporter historique de L’Équipe à Marseille, note que le même groupement d’agents (Mondial Sport Management) a opéré sur les transferts de Payet et Mendy. Quant à Imbula, le dernier conseiller à être apparu sur les radars pour le milieu de terrain n’est autre que Jean-Luc Barresi, dont le nom était sorti du chapeau lorsqu’il était question des écoutes téléphoniques sur les transferts de l’OM en janvier dernier, mais aussi dans des histoires d’extorsions de fonds et de menaces sur le port de la cité phocéenne. Ça n’enlève strictement rien à la qualité des trois recrues, louées par toutes les personnes qui ont eu l’occasion de les croiser. Sauf que Marseille, c’est Money Drop. Le pactole, on l’a au début. Mais ça peut chuter sévère dès les premières échéances… Il suffit de se rappeler l’euphorie qui régnait lorsque Mido, Vachousek, Lizarazu, Zenden, Morientes, Diarra ou même ce bon Joey Barton ont signé, pour se rendre à l’évidence : la probabilité que Mendy et Imbula se fassent bouffer par le contexte marseillais n’est pas nulle. La seule certitude pour l’instant, c’est le nombre de passages élevés sur Canal.
Par Romain Canuti, à Marseille