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Et si le boycott diplomatique des Jeux de Pékin donnait des idées pour le Mondial au Qatar ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Et si le boycott diplomatique des Jeux de Pékin donnait des idées pour le Mondial au Qatar ?

Le boycott reviendrait-il à la mode ? Les États-Unis, notamment, ont décidé de ne pas envoyer de représentation diplomatique lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, afin de protester contre le « génocide et des crimes contre l'humanité en cours au Xinjiang ». La France, elle, y sera. Mais ce discours pourrait-il, par ricochet, faire avancer le débat sur le Mondial au Qatar ?

L’annonce par Joe Biden d’un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’hiver met le CIO dans une position délicate, à moins de deux mois de la cérémonie d’ouverture. Certes, il faut préciser que la situation est foncièrement différente que lors des Jeux de Moscou en 1980 puis de Los Angeles en 1984. En pleine guerre froide, les deux camps qui jouaient aux échecs avec les peuples s’étaient servis de cette arme pour mesurer leur force d’influence, entraînant leurs alliés derrière eux. Le score fut sans appel (une cinquantaine de boycotteurs à Moscou, une quinzaine en Californie), préfigurant l’effondrement du bloc soviétique. Surtout aucune délégation d’athlètes des pays boycotteurs ne s’était rendue sur place, pénalisant la dimension sportive de l’événement. Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, il s’agit surtout, pour les USA et les quelques nations qui vont les imiter, de marquer leur « humeur » (parce garder ses ministres des Sports à la maison, cela reste limité comme réaction devant « un génocide » ) face au régime chinois qui, de son côté, a multiplié depuis quelque temps les démonstrations nationalistes, y compris commerciales. Cette nouvelle guerre froide reste, pour le moment, de basse intensité.

Pékin, Doha même combat ?

Toutefois cette modalité d’action – pas de représentation étatique sur place – semble du coup offrir une opportunité pour ceux qui aimeraient que la Coupe du monde au Qatar ne soit pas comme les autres. Bref, que les milliers de morts sur les chantiers, ainsi que les droits humains piétinés, puissent aussi amener les dirigeants occidentaux à ne pas cautionner de leur présence une telle compétition. Cette formule offre l’avantage de ne pas transférer la responsabilité d’y aller ou pas sur les seules épaules des sportifs et de rappeler que la question reste éminemment politique. C’est donc d’abord aux gouvernements de se positionner. Pour résumer : qui ira assister aux matchs de sa sélection nationale dans l’Émirat, après avoir montré un tel « courage » (pensons à l’Angleterre qui a suivi si docilement le cousin américain) pour ce qui concerne l’Empire du Milieu ?

Le boycott du boycott, une tradition française

Une chose est à peu près certaine, la France n’en sera pas. De ce point de vue, on peut saluer la continuité historique. Notre pays a pris l’habitude de ne pas se mouiller lorsqu’il a été confronté à ce type de choix. Même l’Assemblée nationale du Front populaire ne trouva pas le cran de voter contre les crédits de la délégation française au « Jeux de la honte » à Berlin en 1936 (sauf un dénommé Pierre Mendès-France, alors que les communistes se sont abstenus). On sait ensuite de quelle manière le rugby français bénéficia de la mansuétude de l’État pour continuer à jouer contre les Springboks de l’Apartheid. Cela dit, en 1978, personne ne songea un instant à interdire à nos Bleus de disputer la Coupe du monde en Argentine malgré un vaste mouvement dans la société contre ce Mondial de la dictature. N’y voyez pas de ligne de fracture politique : en 1980, la France envoya une délégation en URSS, mais sous « drapeau olympique ». Giscard avait beau être de droite, il défendait « l’apolitisme du sport » et adorait le gaz soviétique.

Depuis, la position française reste la même : et elle va toujours briller par son absence de tous les grands débats éthiques puis politiques autour du sport. Jusqu’à aujourd’hui, où elle a commencé par « prendre bonne note » de la décision du boycott, avant d’expliquer via Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et des Sports, qu’elle « ne le fera pas[…], mais nous aurons des messages qui (seront) clairs sur le plan politique ». On doit trembler du côté de la Grande Muraille. Ceci dit, les mauvais esprits pourront toujours noter qu’il est rare que le président ou même des ministres de rang se déplacent avant les quarts de finale d’une compétition. Cela laisse de la marge pour s’indigner sans risque…

Dans cet article :
Raphaël Varane, obsolescence programmée
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