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  • France/Ukraine (3-0)
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Et si la France n’avait jamais battu l’Ukraine ?

Par Nicolas Jucha et Mathias Edwards
Et si la France n’avait jamais battu l’Ukraine ?

La vie ne tient parfois pas à grand-chose : une pièce qui retombe côté pile ou côté face, un ballon qui prend l'intérieur ou l'extérieur du poteau, un Mamadou Sakho qui claque un doublé... Et si, le 19 novembre 2013, la France n'avait pas battu l'Ukraine 3-0 ?

Mardi 19 novembre 2013, match retour de barrages pour le Mondial 2014 au Stade de France. Battus 2-0 à l’aller, les Bleus sont « in la merde » , comme le tweete Gary Lineker. 80 000 spectateurs chauffés à blanc sont massés dans les tribunes pour pousser les onze Français. Didier Deschamps a trouvé les mots pour remobiliser ses hommes. Dans le couloir qui mène à la pelouse, Patrice Évra joue son rôle de grand frère en haranguant ses coéquipiers : « Regardez-les bien, ces Ukrainiens ! Si on ne va pas au Mondial, ce sera de leur faute ! » Ce sont onze Bleus en colère, déterminés, qui pénètrent sur le terrain pour bouffer du Slave. Pendant le premier quart d’heure, des vagues françaises se fracassent sur les cages de Pyatov. Jusqu’à la 19e minute, où après trois corners consécutifs, Kacheridi prend le dessus sur Pogba et catapulte le ballon dans les filets de Lloris… Silence de mort dans le stade, et fin du rêve brésilien. Peu après la pause, Mamadou Sakho se rend coupable d’un attentat sur Konoplyanka et prend son rouge direct. À un quart d’heure de la fin, Seleznov s’en va crucifier un Hugo Lloris oublié par sa défense. Pas de feijoada pour les Bleus, cet été. Le jour du match, L’Équipe titrait « Faites-le ! » Le lendemain, le quotidien affiche en Une : « Ils se sont fait dessus » . L’heure est à la chasse aux sorcières. Encore.

Deschamps en bouc émissaire

Fini, le capitaine champion du monde 1998. La France voit désormais en La Dèche un loser : le magazine Managementréalise un dossier intitulé « Les dix managers les plus pathétiques de l’histoire » , avec le visage du sélectionneur en couverture. Tous les sondages placent la cote de popularité de DD en deçà de celle François Hollande… Licencié par la FFF pour faute grave, l’ancien de l’OM s’offre quelques mois de repos, avant de prendre contact avec Raymond Domenech, histoire de demander « quelques conseils prud’homaux et le numéro d’un bon avocat » . À l’aide de son agent, il tente bien de rebondir en Italie, puis en Ligue 1. Mais de Turin à Milan, en passant par Lyon, Lorient et Luzenac, le technicien est doublé par tous ses concurrents. En cours de saison, il se fait même rembarrer par le Sporting de Bastia, alors que les Corses cherchent un successeur à Claude Makelele et viennent de prendre des vents de la part d’Antonetti, Hantz et Domenech. Alors que Canal+ lui refuse un rôle de consultant par peur de voir son image écornée, Deschamps frappe à la porte de Ma Chaîne Sport où on lui répond que « la place est prise par Raymond » . Son auto-biographie fait un flop, avec à peine 500 exemplaires écoulés. Seul Aimé Jacquet lui tend finalement la main. Ce dernier pistonne DD et son capitaine Patrice Évra, également tricard, pour bosser chez Flunch… Depuis, les deux hommes distribuent nuggets de poulet et yaourts à boire goût banane à tous les heureux gamins dont les parents ont choisi de déjeuner dans la galerie marchande du Carrefour de Bayonne. « Ce n’est pas compliqué de bien manger. »

Sagnol en sauveur

Didier Deschamps devenu persona non grata, c’est Willy Sagnol, alors en charge des Espoirs, qui est appelé à la rescousse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien latéral est bien décidé à faire bouger les choses. Dès son discours d’intronisation, il annonce la couleur face à la presse. Très peu pour lui, le modèle espagnol. « L’équipe de France n’a pas vocation à copier ses voisins, déclare d’emblée le nouveau sélectionneur. Nous devons nous appuyer sur les spécificités qui font le bonheur de nos clubs, et mettre l’accent sur la qualité de notre modèle de formation. À savoir, la puissance physique et la projection rapide vers l’avant. » Le discours laisse perplexe, mais Willy ne se démonte pas et c’est une liste pleine de surprises que le Stéphanois livre en février 2014, pour affronter les Pays-Bas en amical. Exit Valbuena, Cabaye, Digne et même Lloris. Les Bleus accueillent Umtiti, Zouma, Sanogo et enregistrent le retour d’Alou Diarra, pourtant en difficulté au Stade rennais. En off, Sagnol ne cache pas son regret que Bayal Sall ne soit pas sélectionnable. Au stade de France, les Bleus battent les Oranje 1-0, grâce à un but de la tête de Kurt Zouma, sur ce qui restera comme la seule frappe cadrée de la rencontre. « Une équipe est née » , déclare Sagnol.

Señor Griezmann

Cette équipe de France, Antoine Griezmann comprend rapidement que ce ne sera pas la sienne. Sa suspension purgée, le joueur de la Real Sociedad entame avec succès les formalités pour se faire naturaliser espagnol, au grand bonheur de Vicente del Bosque, qui compte en faire son joker lors du Mondial. Des matchs amicaux réussis lui permettent finalement de se faire une place dans le onze de la Roja, où ses qualités s’expriment pleinement. Au Brésil, Griezmann se révèle aux yeux du monde en plantant une quinzaine de buts, dont un quintuplé en demi-finale contre l’Allemagne, atomisée 7-1, et un triplé en finale face à de surprenants Algériens. Just Fontaine ringardisé, le natif de Mâcon signe au Bayern avec une Coupe du monde dans la poche droite de son survêt’, et un titre de meilleur joueur du tournoi dans la gauche. En attendant le Ballon d’or qu’il obtiendra à la quasi-unanimité, seul Sagnol préférant opter pour Cheick Diabaté.

Le Brésil sans les Bleus

Pour la première fois depuis 1994, une Coupe du monde de football se dispute sans la France. Sans vraiment trembler, le Brésil sort de son groupe sous le regard bienveillant des arbitres, alors que la vieillissante équipe d’Espagne est sauvée par Antoine Griezmann. Tombeurs de l’équipe de France en barrages, les Ukrainiens se tirent une balle dans le pied d’entrée en perdant contre l’Australie 1-0, avant de finir avec 0 point et 0 but, et pourrir par la même le peu de crédit qui restait à Didier Deschamps. Consultant pour beIN Sports, Franck Ribéry assiste à la marche triomphante de l’Allemagne de Joachim Löw, « une équipe qui sont vraiment forts avec des joueurs rapides dans la vitesse » . Si le moment choc de la compétition reste l’amputation de la jambe gauche de Chiellini, suite à une violente attaque de Luis Suárez, le public préfère retenir le parcours exceptionnel des champions du monde en titre, vainqueurs du Brésil en 8e, de l’Argentine en ¼, de l’Allemagne en ½, puis de l’Algérie en finale. Antoine Griezmann publie sur Instagram un selfie le représentant en slip à côté de trophée, agrémenté du commentaire suivant : « Finalement, la France est un peu championne du monde. LOL ptdr. »

Luis Enrique, en coulisses comme à la scène

Par Nicolas Jucha et Mathias Edwards

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