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Fabián Ruiz d’Espagne, meilleure recrue du PSG cet été ?
Souvent frustrant dans la capitale depuis deux ans, Fabián Ruiz s’épanouit depuis le début de l’Euro avec la Roja, au point où l’on se demande si l’on observe vraiment le même joueur qu’en Ligue 1.
Et si les rumeurs visant Edgar Ié et son jumeau supposé étaient finalement tournées vers Fabián Ruiz ? Quand il a inscrit le deuxième but de l’Espagne face à la Croatie, Fabián Ruiz a dû surprendre plus d’un supporter parisien. Ces derniers ayant encore certainement en mémoire ses deux ratés de la tête face à Dortmund, lors de la demi-finale aller de Ligue des champions. Mais d’autres ont peut-être eu comme un flash de son but au Parc inscrit contre Strasbourg en octobre dernier ou de celui contre Ajaccio, la saison passée, où le gaucher avait pu laisser paraître une certaine finesse dans la zone de vérité.
The footwork. The finish.
Brilliant from Fabián Ruiz 🥵#EUROGOTT | @AlipayPlus pic.twitter.com/hgBA4RhHle
— UEFA EURO 2024 (@EURO2024) June 15, 2024
Quoi qu’il en soit, Ruiz a souvent laissé l’impression d’un joueur entre deux eaux depuis son arrivée en provenance de Naples il y a deux ans, alternant entre le bon, le moins bon, le catastrophique ou le surprenant. Mais le joueur aperçu depuis le début de l’Euro, face à la Croatie puis l’Italie ne laisse aucune place au doute. Face à deux milieux, chacun composé de Luka Modrić, Mateo Kovačić et Marcelo Brozović ou de Jorginho, Nicolò Barella et Lorenzo Pellegrini, il a rayonné, dans des registres pourtant différents.
L’aura Fabián
Face à la dépossession espagnole observée contre la Croatie, il s’est régalé en transition, mais aussi sur attaque placée, avec un but et une passe décisive. Une performance qui lui a valu les louanges de la presse ibérique et de son sélectionneur, Luis de la Fuente : « C’est un joueur exceptionnel, d’un très haut niveau mondial. Et il est certain que s’il ne s’appelait pas Fabián, on parlerait beaucoup plus de lui. » Jeudi soir, alors que l’Espagne est revenue à un schéma de contrôle du match, sans pour autant tomber dans la caricature, il a régné dans l’entrejeu aux côtés de Rodri. Avec 101 ballons touchés, 88 passes dont plus de la moitié vers l’avant à 95,3% de réussite, 3 frappes et surtout 14 ballons récupérés, il a été primordial pour asphyxier la relance italienne et couper toute tentative de transition rapide. Sans un grand Gianluigi Donnarumma dans le but italien, il aurait même pu inscrire un nouveau but dans cet Euro, lui qui a pris sa chance depuis l’extérieur de la surface sur chacune de ses trois tentatives.
14 – Fabian Ruiz 🇪🇸 a récupéré 14 ballons contre l’Italie, plus que tout autre joueur à l’EURO 2024. 6 d’entre eux étaient dans les 30 derniers mètres, total le plus élevé sur un même match depuis 2008. Gratteur. #ESPITA pic.twitter.com/cA4rqbecbM
— OptaJean (@OptaJean) June 20, 2024
Décisif à 12 reprises en 25 sélections (3 buts, 9 passes), Ruiz semble libéré une fois le maillot de la Roja sur les épaules. Déjà buteur lors de la préparation contre l’Irlande du Nord, il se régale depuis l’arrivée de Luis de la Fuente, alors qu’il a été de toutes ses listes, se montrant décisif six fois en neuf matchs (2 buts et 4 passes décisives). Un retour en grâce en sélection qui suit une longue période de disette. Car paradoxalement, si Luis Enrique lui a offert certaines de ses premières capes internationales, les toutes premières l’étaient sous Robert Moreno, c’est aussi l’Asturien qui s’est passé de lui entre le 21 juin 2021 et le Mondial 2022, que Ruiz a regardé à la télévision, sur fond d’embrouilles lors de l’Euro 2021 selon les médias espagnols. En cause selon eux ? Un problème de positionnement, tiens, tiens.
Un gaucher qui brille surtout au centre
Un passif qui pourrait expliquer les difficultés de Ruiz à s’imposer pleinement au PSG ? À Paris, l’Espagnol a vécu deux parties de saison bien différentes. Il a d’abord dû trouver sa place, avant d’être largement utilisé, cumulant 9 titularisations et 14 matchs lors de la phase aller, manquant les trois autres pour une blessure à l’épaule. Lors de la phase retour du championnat, il est resté sur le banc à sept reprises, a été hors groupe par deux fois, pour sept titularisations et une entrée en jeu. Un temps de jeu fluctuant qui peut à la fois s’expliquer par le fort turnover opéré par Luis Enrique, mais aussi par un manque de régularité dans ses performances. Sauf qu’en Ligue des champions, l’Andalou s’est vu octroyer un rôle bien plus important. Alors qu’il n’avait pas disputé une seule minute lors des deux premiers matchs, avant d’être remplaçant pour la double confrontation contre l’AC Milan, il a ensuite été titularisé à chaque match jusqu’à la fin de parcours des Parisiens, à l’exception du dernier match de poule pour lequel il était encore touché physiquement.
Ya en octavos 🔥 ¡Vamos con todo! #EURO2024 ❤💛 pic.twitter.com/nRR39iKizE
— Fabián Ruiz (@FabianRP52) June 20, 2024
Mais le plus frappant sur cet Euro est certainement son activité. Celui qui a déclaré avoir fini la saison avec de « très bonnes sensations » a beaucoup évolué dans l’axe sur la fin d’année avec Paris en Ligue 1, où Luis Enrique a eu le luxe de tenter différentes formules. Mais là où le milieu a le plus été « victime » du plan de jeu de son coach, c’est en phases finales de Ligue des champions, où il a été cantonné au côté gauche, comme pour compenser le manque de repli ou les envies d’axe de Kylian Mbappé, notamment contre Barcelone et Dortmund. Une zone où il perd une grande partie de son influence et où il a moins l’occasion de combiner. Un constat flagrant au vu de ses performances estivales. Un positionnement qui ne l’a pas empêché d’apprécier cette première année de collaboration avec Enrique, qui sans nul doute, a lui aussi eu écho des matchs de son joueur en Allemagne. À 28 ans, il entre dans une phase cruciale de sa carrière et doit entamer un nouveau cycle à Paris, sous le signe de la régularité, de la libération et de l’audace. C’est en tout cas ce que doivent espérer Luis Enrique et tous les supporters parisiens. En attendant, elle est peut-être là, la meilleure recrue parisienne de l’été.
Par Julien Faure