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Et si Dória était bon ?
Mis au pilori par Bielsa, Dória apparaît comme le principal gagnant du départ de l'Argentin. Si Michel l'a laissé sur le banc lors de la victoire de l'OM contre Troyes, il pourrait bientôt donner sa chance au Brésilien. Et si celui-ci la saisissait au vol ?
Lors de l’annonce de la démission de Marcelo Bielsa après la première journée de Ligue 1 contre Caen (0-1), Dória s’est sûrement dit que la roue tournait. L’entraîneur l’ayant banni de Marseille étant parti, il pouvait espérer avoir enfin sa chance en Ligue 1. Quelques semaines plus tard, l’ancien défenseur central de Botafogo n’a pas forcément fait un grand bon en avant : si Michel a dit du bien de son implication aux entraînements, c’est du banc qu’il a vu l’OM atomiser Troyes (6-0) dimanche dernier. Poser son cul sur le banc, Dória l’avait déjà expérimenté dix fois sous les ordres de Marcelo Bielsa, sans avoir autre chose que du temps de jeu en CFA 2, où il est officiellement champion 2015 avec la réserve olympienne. Selon des témoins présents aux premiers entraînements du nouvel entraîneur olympien, l’adjoint Rafael Alkorta a beaucoup parlé avec Dória, preuve que contrairement à El Loco, Michel n’a pas envie de condamner l’ancien capitaine des espoirs brésiliens avant de l’avoir jugé sur le terrain. Mais en aura-t-il le temps ? Actuellement barré par Nicolas Nkoulou, « le vrai patron de la défense » selon le président des Dodgers Christian Cataldo, et Karim Rekik, recrue estivale en provenance de Manchester City, Dória n’apparaît pas mieux qu’un troisième choix pour la charnière marseillaise. Et pourrait rapidement devenir le quatrième si le Belge Jason Denayer (Manchester City) débarque également sur la Canebière. Petite victoire pour l’Auriverde tout de même, Michel lui a clairement donné la priorité devant Baptiste Aloé, invité à aller s’étoffer en Ligue 2 avec Valenciennes, alors que ce dernier avait un Dória dans chaque orteil selon Bielsa. Pour Christian Cataldo, malgré sa saison blanche en 2014-2015, le jeune Brésilien est une option intéressante cette saison, car « avec la Ligue Europa, et les risques de blessures, il sera utile » . Au point d’être l’une des meilleures recrues estivales de l’OM ?
Prêt réussi à São Paulo
Lors de son prêt à São Paulo durant les six premiers mois de l’année, Dória a connu trois entraîneurs différents et disputé 18 matchs – 9 en Brasileiro, 5 en Coupe du Brésil et 4 de plus en Copa Libertadores – à chaque fois comme titulaire. Sans forcément donner envie à Dunga de le reprendre en Seleção ou à São Paulo de lever l’énorme option d’achat (12 millions d’euros) négociée par l’OM, le défenseur central a fait le boulot. Et s’est même offert le plaisir de marquer d’une tête plongeante contre Joinville en première division brésilienne. Suffisant pour penser que la saison passée, l’Auriverde valait mieux que la CFA2 et aurait pu rendre service à Marcelo Bielsa pendant les absences de Nicolas Nkoulou. « Bielsa et Dória, c’était avant tout un souci extrasportif » , analyse Cataldo, pour qui la mise à l’écart du Brésilien était avant tout une manière pour le technicien argentin de marquer son territoire. Quitte à affaiblir l’équipe. Une stratégie dont le double vainqueur du Tournoi de Toulon avec le Brésil en 2013 et 2014 a forcément souffert : à seulement 20 ans, il est déjà compliqué de débarquer sur un autre continent, qui plus est dans un club comme Marseille. Se faire lyncher publiquement par son nouvel entraîneur n’a probablement rien fait de mieux que plomber sa confiance personnelle.
Symbole de l’absence de projet sportif à Marseille ?
Un an après la conférence de presse surnaturelle de Bielsa, Dória peut faire mentir El Loco et son avis arrêté sur son niveau de jeu. Et si tel était le cas, le Brésilien ternirait un peu plus l’image de l’entraîneur argentin, écornée chez certains supporters comme Christian Cataldo par « la manière dont il a procédé pour partir, alors que nous, les supporters, on l’a soutenu jusqu’au bout » . Mais aussi celle de la direction marseillaise, « pas très claire » dans la gestion de la prolongation de contrat de son entraîneur. Car si le président des Dodgers assure que « la page Bielsa est tournée » , il est persuadé que le départ soudain d’El Loco a été plus ou moins provoqué : « Il avait envie de le pousser à démissionner. » Et Dória dans tout ça ? Un symbole de l’absence de projet sportif pour le président des Dodgers, au profit d’une recherche constante de plus-values financières : « C’est comme ce projet Dortmund, une blague. Tous les joueurs concernés, Imbula, Thauvin, Payet, sont partis cet été. On n’est pas un club ambitieux, mais un club vendeur, la priorité de nos dirigeants est économique, pas sportive. Projet Dortmund ? En quatre ans, on a peut-être vendu autant qu’eux, mais on n’a pas gagné le championnat ni atteint la finale de Ligue des champions. C’est bien d’être dans une belle santé économique, d’avoir fait 30 millions d’euros de billetterie l’an passée, mais à Marseille, les supporters veulent aussi des titres. En vendant Imbula, Payet, Thauvin et en économisant les salaires d’Ayew, Gignac ou Fanni, on a normalement de quoi faire pour reconstruire une équipe. » Il y a un an, Dória était censé être l’un des piliers de cette reconstruction.
Par Nicolas Jucha