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Et si c'était l'heure de Youssouf Fofana ?
Privé d'Aurélien Tchouaméni et d'Eduardo Camavinga, Didier Deschamps va bien être obligé d'innover pour garnir son entrejeu face à Gibraltar ce samedi. Le baptême du feu de Warren Zaïre-Emery est attendu, mais celui qui a la plus grosse carte à jouer s'appelle peut-être Youssouf Fofana.
Cette semaine, à Clairefontaine, il n’y avait qu’un patronyme dans toutes les bouches : Zaïre-Emery. Du haut de ses 17 ans et quelques, le jeune Parisien est l’attraction naturelle de ce rassemblement automnal des Bleus, au point que le principal intéressé a été lui-même obligé de calmer les ardeurs en conférence de presse : « Médiatiquement, il y en a un peu beaucoup, mais c’est flatteur. Ma famille m’a dit qu’on parlait beaucoup de moi. Eux-mêmes pensent que c’est trop. » Un avis partagé par son sélectionneur quelques jours plus tôt : « N’en faites pas trop, laissez-le tranquille. Il est mis en lumière, c’est forcément au détriment d’autres joueurs. Vous aimez bien déclasser. Vous le voyez tout de suite titulaire, c’est bien qu’il soit là déjà. » Autrement dit, dans le langage Deschamps : face à Gibraltar, WZE aura sûrement du temps du jeu, mais il y aura bel et bien une interrogation dans l’entrejeu, qui pourrait finir par profiter à Youssouf Fofana. Devenu un membre à part entière du groupe France, le Monégasque mériterait bien un petit coup de boost supplémentaire après un début de saison plus qu’intéressant sur le Rocher.
L’ovni au pays des Martiens
La page Pogba-Kanté manifestement tournée, Deschamps a rapidement trouvé la formule qui marche pour son milieu de terrain, à savoir un trident complémentaire Tchouaméni-Rabiot-Griezmann, sans oublier la présence de Camavinga, très souvent intéressant lorsqu’il est utilisé à son poste de prédilection. L’ancien Rennais s’est malheureusement amoché le genou à l’entraînement mercredi et manquera Gibraltar, pendant que Tchouaméni a lui manqué ce rassemblement en raison d’une blessure au pied. Ces malheurs donnent au moins l’occasion de voir de nouveaux visages, d’analyser aussi vers qui DD va se tourner en premier recours et, pour certains, c’est une opportunité en or de pointer le bout de leur nez. Pour Fofana, désormais systématiquement présent en sélection, il semble y avoir une fenêtre de tir idéale pour se montrer, lui qui n’a été titularisé qu’à trois petites reprises chez les Bleus, mais qui a toujours fait preuve de fiabilité lors de ses 13 sélections.
Sa première cape remonte à treize mois en arrière, un soir de France-Autriche, et sa pleine éclosion pourrait paraître assez lente comparée à celles d’autres talents, mais celui qui peut se targuer d’être un véritable ovni au parcours atypique ne s’en fait pas pour autant. « Il ne me manque presque rien, c’est juste que, devant moi, j’ai trois Martiens qui n’arrêtent pas de performer depuis la Coupe du monde. Ils se sont bien trouvés, c’est dur d’en déloger un », disait-il face aux journalistes le mois dernier. Il se concentre sur lui-même et sur ce qui le sépare de l’échelon supérieur : « Je retiens beaucoup de choses de ces convocations. Il y a des joueurs de qualité, beaucoup de choses à apprendre venant d’eux. J’essaie d’engranger de l’expérience. On a joué pas mal de bons matchs, c’est bien pour le CV, pour ne pas être surpris ou un peu excité comme un enfant si ça devait se reproduire. On va dire que je suis prêt maintenant. » Selon les échos de L’Équipe, le Parisien de naissance est considéré par le staff des Bleus comme un élément « ultrapositif », toujours « tourné vers le collectif », à la différence de ce que pouvait renvoyer Mattéo Guendouzi, par exemple.
À Monaco, un nouveau rôle et des responsabilités élargies
Reste maintenant à savoir comment et dans quelles dispositions Deschamps pourrait utiliser Fofana. Peut-il être une alternative crédible dans un rôle de numéro 6 ? A priori oui, même s’il a davantage été habitué à évoluer dans un milieu à deux. C’était déjà le cas quand Tchouaméni était monégasque, ça l’est tout autant cette saison, puisqu’Adi Hütter lui confie énormément de responsabilités dans son entrejeu, avec souvent Mohamed Camara à ses côtés sur le terrain. Une nouveauté également : cette année, Fofana est souvent placé quelques mètres plus haut dans un costume d’organisateur.
C’était par exemple cette combinaison qui avait totalement éteint le milieu lensois il y a quelques semaines, poussant Franck Haise à reconnaître que les Asémistes avaient été « athlétiquement supérieurs », « avec un Fofana très haut ». Ce qui convient bien au principal intéressé : « Mon positionnement n’a pas été réclamé. C’est le choix du coach. C’est aussi par rapport aux équipes qu’on affronte. On a affronté des équipes qui étaient assez basses, le coach nous a dit qu’il vaudrait mieux avoir un six au lieu de deux. Il sait que j’ai la capacité athlétique de revenir défendre, donc c’est moi qui suis plus porté entre les lignes. Ça me rapproche du but. » Pas de doute, donc : Griezmann, le chouchou désormais plus si incognito du sélectionneur, et Rabiot partent avec des longueurs d’avance, toujours, mais Fofana est là pour les accompagner. Plus que jamais.
Par Alexandre Lejeune