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Et si Bielsa ne rempilait pas à l’OM ?
Cela peut sembler fou, mais l'entraîneur n'a toujours pas signé son nouveau contrat. La communication du club clame que tout va bien. Et comment cela se passe si ce n'est pas le cas ?
Il y a quelques jours, Marcelo Bielsa est allé prendre un bain à La Ciotat, là-même où il avait enflammé les réseaux sociaux l’été dernier avec un cliché pris par un fan, alors qu’il sortait à peine de l’eau. Le mode opératoire n’a pas changé : l’entraîneur de l’OM s’est pointé sur les galets, a enlevé son haut Speedo pour entrer dans l’eau avec un maillot aux couleurs de l’Argentine. Puis il en est sorti et s’en est allé. Sans même prendre le temps de sécher ou de s’essuyer. Sur place, tout le monde ou presque l’a reconnu. Mais personne ne l’a arrêté. Pas besoin, s’il est là, ça veut dire qu’il va rester une seconde saison sur le banc phocéen, autant donc ne pas le contrarier. Mais est-ce vraiment le cas ?
Comme l’an dernier ?
L’an dernier déjà, la signature du contrat de Bielsa avait pris un temps considérable. L’Argentin et l’OM, c’était pourtant déjà dans les tuyaux depuis le mois d’avril. Pour commenter ce retard, les haut placés de l’organigramme olympien avaient argué que l’entraîneur était extrêmement méticuleux et qu’il fallait traduire un contrat de plus de 50 pages, ce qui prenait du temps. Les suiveurs ont eu l’occasion au cours de la saison de constater que ce n’était pas qu’une parade. Il y a eu d’abord le process révélé par Bielsa en conférence de presse pour contourner l’UNFP, qui impose des contrats de deux ans pour les coachs. Puis le fait qu’il paie lui-même les membres de son staff qui ne sont pas français. Et en dollars. Charge au personnel du club habilité de se débrouiller avec les cambistes. Cette saison, si les joueurs ont gagné le droit de reprendre une semaine plus tard par rapport à l’an dernier, ils ne sont pas plus avancés. Car si Bielsa a bien signé pour deux saisons, les deux parties ont convenu d’un salaire minimum après 12 mois d’engagement, pour ne pas être prisonnier des indemnités si ça ne colle plus. Il faut donc renégocier.
Et malgré des semaines de tractations, rien n’est signé. Vincent Labrune a passé son mois de juin à rassurer journalistes et supporters : l’Argentin va rempiler. Pour preuve, il laisse filtrer une liste de 40 noms que lui aurait donnée Bielsa en fin de saison, rien qu’en Ligue 1, deux joueurs à prendre par club. Dans une interview sur RMC, Labrune assure même que le fait de voir la reprise sans le technicien est une petite folie. Il n’en faut pas plus pour enflammer les supporters. Mais pas ceux qui sont rodés au spécialiste de la communication, qui avait réussi dans un premier temps, par exemple, à faire avaler à tout le monde que Dória était un choix de Bielsa. En occupant le terrain médiatique, ce que Bielsa ne fera jamais, il met doucement la pression sur l’entraîneur. Peut-être ce qu’il ne faut pas faire avec un homme dont la susceptibilité n’est plus à prouver et qui se concentre sur les faits : Morel, qu’il voulait garder, n’a pas été prolongé, alors que la situation contractuelle de certains de ses adjoints n’a toujours pas été mise en conformité avec la loi française. Le coup de la fille avec qui on ne fait plus d’efforts parce qu’on n’a pas le courage de la larguer ?
Labrune en première ligne
C’est un peu l’avis des South Winners, qui sont sortis du bois ce mardi. Le groupe de supporters le plus important de la ville a publié des messages pas innocents sur Twitter, notamment un : « On espère que la nuit a été bonne, car la journée risque d’être longue… Nos amitiés à Labrune, Pérez et Laboz… » Tout autre solution que Bielsa à la tête de l’équipe à la reprise sera l’erreur de trop, celle qui devra précipiter la chute de l’actuelle direction, à les écouter. Ils ont ensuite incité les supporters marseillais à ne pas se laisser bercer par les organes de communication de l’actuel président marseillais, que ce soient ses traditionnels relais presse ou comptes de supporters sur les réseaux sociaux. Si la partie haute du Virage Sud se verra éternellement reprocher son positionnement contre Deschamps et donc aux côtés d’Anigo en 2012, elle a au moins le mérite de prendre une nouvelle fois parti en pleine campagne d’abonnement. Le président de l’OM, sûrement très occupé sur le marché des transferts pour combler le déficit avec la seule vente d’Imbula (la concurrence entre les clubs de Milan et Valence pourrait bien aider), constatera une fois de plus que sa cote de popularité ne tient qu’à un fil nommé Bielsa. La seule saison de son règne où le club a fini sur le podium, il avait quand même dû essuyer des appels à la démission en mars avec des manifestations de supporters devant le Vélodrome et le car des joueurs.
La situation actuelle de Bielsa fait que l’Argentin peut décider de régler en une traite les douze mois de salaire minimum qui lui reste et claquer la porte. Un scénario qui fera plus que tâche alors que les commandes de flocage Nkoudou ou Dabo n’affluent pas dans les boutiques. Envisagé un temps, il ne sera pas possible de refaire le coup de Pape Diouf, qui avait fait passer la pilule du départ du populaire Gerets en dégainant immédiatement la carte Deschamps. Labrune a donc intérêt à officialiser rapidement la prolongation de Bielsa, qui est tout de même bien motivé pour tirer le meilleur d’un groupe qu’il apprécie. Si Labrune arrive à le faire signer, il pourra ensuite toujours clamer que ceux qui ont douté de la prolongation de l’Argentin ne sont que des aigris dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec le bien de l’OM. Mais au cas où ça ne se ferait pas, c’est peut-être ce que lui reprochera sa supérieure, Margarita Louis-Dreyfus, qui était allée trouver Bielsa au mois d’avril pour lui demander de continuer.
Par Romain Canuti