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Et si Arsenal ne prolongeait pas Özil et Sánchez ?
En fin de contrat dans dix-huit mois, Mesut Özil et Alexis Sánchez veulent de gros salaires pour prolonger à Arsenal. À des niveaux de rémunération qu'Arsène Wenger n'a pas l'habitude d'offrir à ses hommes. Si bien qu'à Londres, les situations de l'Allemand et du Chilien sont devenues le grand enjeu de la seconde partie de saison, peut-être plus que l'avenir du coach alsacien lui-même.
Les supporters d’Arsenal espèrent un cadeau de Noël. Mais si annonce il y a, elle devrait se faire bien après la tournée de Santa Claus. Car entre Arsenal et ses deux meilleurs joueurs, la négociation s’avère très serrée. D’un côté, Arsène Wenger, sa gestion rationnelle d’un club qui se maintient tant bien que mal dans l’élite européenne avec un modèle économique équilibré. De l’autre, Mesut Özil et Alexis Sánchez (28 ans tous les deux), les deux meilleurs joueurs du club, en fin de contrat dans dix-huit mois. L’Allemand est arrivé en fin de mercato d’été 2013 en provenance du Real Madrid pour cinquante millions d’euros, le Chilien du Barça un an plus tard contre un chèque de quarante plaques. L’un comme l’autre symbolisent le retour des grandes ambitions chez les Gunners, et même s’ils n’ont pas su ramener un titre majeur à l’Emirates, leur départ possible en juin prochain serait vécu comme un crève-cœur pour les supporters. Alors que la prolongation d’Arsène Wenger – en fin de contrat à l’issue de la saison – est en bonne voie, mais pas encore bouclée, qu’Alex Oxlade-Chamberlain est lui aussi en fin de bail dans dix-huit mois et Santi Cazorla dès juin prochain, Arsenal est clairement à la croisée des chemins. D’autant plus que pour accepter de rester sur la durée, Özil et Sánchez exigent des montants de rémunération qui remettraient en cause les fondements de la philosophie managériale maison.
Se remettre au niveau de Pogba, Rooney et Ibrahimović
Outre-Manche, on parle de 200 000 livres hebdomadaires réclamées par les deux talents créatifs, soit près de 235 000 euros à la semaine, pas très loin du million mensuel. Histoire d’être remis au niveau des autres gros cadors de Premier League, à savoir les Mancuniens Paul Pogba (290 000 livres hebdo), Wayne Rooney (260 000) et Zlatan Ibrahimović (250 000). En Angleterre, certains médias crient à la prise d’otage par deux joueurs certes talentueux et essentiels dans le jeu des Gunners, mais qui n’ont jusque-là apporté aucun titre majeur. La plupart des supporters en revanche, prient Arsène Wenger de dénouer les cordons de sa bourse et d’accéder aux requêtes des deux stars. Ce qui impliquerait d’accepter de les voir passer devant lui-même (160 000 livres hebdomadaires) sur la grille des salaires d’Arsenal. Légitime ? Mesut Özil a déjà claqué neuf buts et quatre passes décisives cette saison, quand son compère chilien compte déjà quatorze pions et neuf assists. À plusieurs reprises, comme début décembre contre West Ham (5-1) et Stoke (3-1), le duo a offert un récital à même d’encourager les ambitions les plus folles pour le club londonien. Mais contre Manchester City (1-2), un match clé dans la course pour le titre, le Sud-Américain a su être passeur décisif quand la performance de l’Allemand a suscité quelques critiques après la défaite. Or, c’est bien pour passer un cap dans les matchs au sommet qu’Arsène Wenger a cassé sa tirelire sur les deux hommes. Depuis leurs arrivées respectives, Arsenal n’a pas passé le cap tant espéré, au mieux s’est maintenu dans le top 4 anglais et le top 16 continental.
« À ce prix-là, je veux un hat-trick chaque semaine. » Thierry Henry sur Skysports
Du côté des experts de la Premier League, le dilemme qui se présente à la direction du club londonien est évident. Thierry Henry, sur Skysport : « Ces deux joueurs sont vitaux pour le futur du club, ils doivent finaliser ce deal. Mais jusqu’à quelle extrémité ? Je ne sais pas si Arsène va vouloir payer les chiffres évoqués. Mais s’ils ne signent pas, qui pourront-ils recruter ? Quel sera le futur ? Pour le moment, ils tiennent le club en otage. Ils sont extraordinaires, mais si on est sur ce niveau de rémunération, je veux un hat-trick chaque semaine, même quand il n’y a pas de match ! Vous devez avoir déjà gagné quelque chose pour le club pour demander de tels montants. » Sauf qu’avec Özil et Sánchez, Arsenal n’a remporté que deux FA Cups et manqué l’opportunité de s’adjuger le titre la saison passée, alors que tous les autres gros poissons avaient calé. Lui aussi questionné sur Skysports, Graeme Souness a souligné le besoin pour les Gunners de conserver leurs deux hommes forts sous peine d’aveu de faiblesse. Mais en même temps, faire l’effort financier reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, car « tous les joueurs viendraient frapper à la porte du manager pour demander une revalorisation. » Alors que pour moins de 200 000 livres par semaine, plusieurs autres belles prises seraient susceptibles de prendre le relais à l’Emirates, comme Riyad Mahrez (Leicester) ou Marco Reus (Borussia Dortmund), récemment cités en Angleterre comme des alternatives crédibles en cas de départs conjugués d’Özil et Sánchez. Phil Neville serait d’ailleurs enclin à privilégier un renouvellement d’effectif, car personne n’est irremplaçable : « On parle de Sánchez et Özil comme si Arsenal FC s’arrêterait en cas de départ. Arsenal a eu des joueurs bien meilleurs durant les vingt dernières années. Faites-leur une offre, et s’ils ne restent pas, ne les retenez pas. Arsenal FC sera encore là dans cent ans. » C’est moins sûr pour le Shanghai SIPG, qui a proposé 400 000 livres par semaine à Alexis Sánchez.
Par Nicolas Jucha