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- Retraite d'Andy Schleck
Et si Andy Schleck était…
Le Luxembourgeois volant arrête. Jamais il ne surmontera cette blessure au genou. Jamais il ne prouvera au monde entier qu'il était le meilleur. Jamais il ne gagnera « ce Tour de France à la pédale ». Andy Schleck préfère arrêter trop tôt, que trop tard. De lui, il ne restera que des espoirs, un Liège-Bastogne-Liège et un championnat du Luxembourg. Autrement dit, rien comparé à l'immensité de son talent.
Un joueur : Yoann Gourcuff
Un enfant prodige. Une proximité familiale gênante. Une gueule de gentil. Des blessures à répétition. Itinéraire d’un talent pur gâché par un surplus d’attente. Leur plus grande victoire, ils ne peuvent même pas s’en vanter, ils ne l’ont pas savourée. Ils l’ont vécue, mais de loin. L’un n’était pas sur la feuille de match ce 23 mai 2007 pour soulever la coupe aux grandes oreilles. L’autre n’a reçu son trophée qu’a posteriori parce que Contador s’est dopé. Vient alors leur véritable heure de gloire : Ligue 1-Bastogne-Ligue 1. Et après le col, la descente. Des blessures, des difficultés à se remettre en selle et puis finalement la pente s’avère trop raide. Andy s’en rend compte, Yoann persiste. L’avenir dira s’il était trop tôt, ou si l’acharnement peut vaincre la fragilité physique.
Un club : l’Atlético Madrid
On est au départ de Pignerol en 2011. Andy fait partie des favoris, comme toujours. Evans, Voeckler et Contador également. On attend une grosse bataille jusqu’en haut du Galibier. Elle n’aura pas lieu. Andy va dévorer tout le monde. À 60 km de l’arrivée, il met en place un pressing de tous les instants. Cette puissance, ce panache, cette attaque. Personne n’y résiste. Pas même son frère, son coéquipier, son derby à lui, Frank. Tous ont senti le danger, mais bien trop tard. Ils ne pensaient pas qu’il pourrait tenir ce rythme de sauvage pendant si longtemps. Il prend 2 minutes à tout le monde. Andy est sur une autre planète ce jour-là. Après cette démonstration, on se dit que c’est l’année d’Andy. Pas tout à fait. À Grenoble, le dernier contre-la-montre décisif, il s’écroule face à Cadel Evans. Une magnifique victoire au Gali(ga)bier, qui aurait dû lui donner l’élan nécessaire pour la Ligue des champions. La réalité est cruelle. Le succès final se joue à quelques secondes.
Un jeu : Football Manager
Des statistiques de départ complètement folles. Quand il court en jeune, le potentiel d’Andy semble illimité. Le recruteur sur place, Cyrille Guimard, le repère avant tout le monde, avant qu’il ne prenne la moindre valeur, avant qu’il n’éclose. Andy est alors au VC Roubaix. Le rapport de Cyrille est sans appel : « C’est l’un des plus grands talents que j’ai jamais vus. Il est comme Laurent Fignon. » Boum ! Un parpaing de pression sur les épaules. À peine 19 ans, et sa cote monte aussi rapidement que Pantani sur l’Alpe d’Huez. Attentif, Bjarne Riis se positionne et le recrute du côté de la Saxo. Un pari. Mais Schleck ne confirmera jamais vraiment tous les espoirs que l’on place en lui. Il aurait pu gagner ce Giro en 2007, ce Tour de France en 2009 et en 2011. Il aurait… Andy, c’est cette pépite FM qui ne perce pas dans la vraie vie.
Un geste : La passe décisive (ratée)
Il aura tout fait pour mettre son frère sur le podium. Au Tour de Lombardie en 2007, Andy court pour son leader, son frère, son aîné. Mais Franck percute Gusev à 10 km de l’arrivée. Loupé. L’année d’après, même scénario pendant la 5e étape du Tour de Suisse. Andy n’est qu’un simple équipier, mais Franck rate un virage et bascule par-dessus la rambarde. Une chute de 3 mètres qui annihile toutes ses prétentions de victoire. Encore une fois, Andy rate sa passe dé et finit devant son frangin. Le syndrome Lucas Moura. Trop d’ambition, trop de qualité pour rester collectif.
Un stade : le Vélodrome
« Le cyclisme était ma vie depuis de nombreuses années et il va me falloir du temps pour trouver ce que j’aimerais faire d’autre. » À Marseille, le changement ne serait pas trop brutal. Le stade de foot porte un nom de piste cycliste. Et puis on en a vu passer des coureurs : Titi (la mobylette) Cancellara, Franckittel Ribéry, Samir Nasrebellin. En plus, cette année, l’enceinte est remplie d’espoirs. On croit au titre. Marcelo Bielsa est en train de réformer le club. Bref, tout est réuni pour qu’Andy s’y sente comme chez lui.
Par Ugo Bocchi