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  • 27 mars 1976

Et Platini entra dans la légende…

Par Chérif Ghemmour
Et Platini entra dans la légende…

Michel Platini et Zinedine Zidane ont un point commun. Tous deux ont marqué pour leur première sélection en bleu face à la Tchécoslovaquie (1976, Platini), devenue République tchèque (1994, doublé de ZZ). Deux coups d’éclats inoubliables synonymes à chaque fois du renouveau de l'équipe de France.

Au stade de la lose…

Il fait un peu frisquet au Parc des Princes ce samedi 27 mars 1976. Normal, tout ce qui arrivait de l’Est à l’époque venait forcément du froid (cf. John le Carré). En l’occurrence, c’était la Tchécoslovaquie, pays membre tout à fait normalisé du Pacte de Varsovie. En blanc martial, bas-shorts-maillots, les « Tchécos » ne sont pas venus pour rire : ils sont invaincus depuis douze matchs, dont le dernier achevé sur un 0-0 face à l’URSS pas en peluche de Blokhine. Et puis ils sont qualifiés pour la courte phase finale à quatre de l’Euro 76 en Yougoslavie. Et tant qu’à tuer le suspense, rappelons par anticipation que ce sont eux qui remporteront la compèt’ continentale en pliant les Oranje de Cruyff en demies, puis la RFA du Beck en finale (cf. la fameuse Panenka). En conclusion, ce 27 mars 1976, avec la Tchécoslovaquie, c’est comme avec Carla : du « sérieux » … Michel Hidalgo le sait bien et flippe un peu. Car c’est son premier match en tant que sélectionneur des Bleus. En octobre 75, il a succédé au Roumain Stefan Kovačs dont il était l’adjoint et auprès de qui il a beaucoup appris. Notamment dans la confiance accordée aux jeunes joueurs dont les premières promotions des centres de formation français commencent à donner les premiers (beaux) fruits. Alors pour son match inaugural, « Coach Michel » offre donc une première cape à six bizuts : Bossis, Rio, Rampillon, Pintenat, Six et Michel Platini.

La prison du Parc

Hidalgo n’envoie pas inconsidérément tous ces p’tits jeunots se frotter aux rugueux Slaves dont le rire guttural brise le cristal de Bohème. En fait, l’Hidalgo n’a pas trop le choix : il aurait aimé sélectionner au moins cinq Stéphanois, qui dominent alors le foot français. Mais les Verts doivent préparer leur demi-finale aller de C1 du mercredi à venir contre le redoutable PSV Eindhoven. Du coup, privé des joueurs de Sainté, Michel H. pioche dans la cage nantaise pour en extraire cinq Canaris (Henri Michel, Jean-Paul Bertrand-Demanes, plus Rio, Bossis et Rampillon). Un choix qui rassure : le FC Nantes est le meilleur sparring-partner de l’ASSE en France et puis, le weekend précédant ce match amical contre la « Tchécoco » , les Jaunes ont tapé les Verts 3-0 à Marcel Saupin. Avec ses 46 sélections, le taulier Henri Michel, capitaine du FCNA et des Bleus, est l’homme de base d’Hidalgo, son meilleur relais auprès de la bleusaille inexpérimentée. Pour le contexte plus général, on peut dire que l’équipe de France est au fond du trou, fraîchement éliminée par la Belgique et la RDA à l’automne 1975 pour l’Euro 76, dans des conditions larmoyantes. Le Parc des Princes est le Stade de la lose, hanté par 9 000 personnes maximum à chaque rencontre. À l’époque, le droit pénal incluait parmi les courtes peines la possibilité d’échapper à la prison en allant de force au Parc pour y voir jouer l’équipe de France de foot. Les condamnés choisissaient tous la prison, c’est dire… Bref, la France est en reconstruction depuis le Mondial 1966, date à laquelle elle a participé à sa dernière compète internationale. Dix ans de traversée du désert, déjà…
« Coufran » , ce mot magique…

Et Platoche dans tout ça ? Il a juste 20 ans, il touche plutôt bien sa bille à Nancy en plantant pas mal en championnat. Le gars ne paie pas de mine, mais il a un truc. Sa frappe très sèche, notamment. Il dribble pas mal, sans être une flèche. Il y a aussi son sens du but, sa gestuelle bien coordonnée, sa bonne vision du jeu (pas encore légendairement « panoramique » ). Et puis il y a aussi cette insolente confiance en lui à une époque où le footeux français n’ose même plus sourire. Michel Platini, lui, a toujours la banane ! En équipe de France Espoirs, en équipe de France Militaires (au Bataillon de Joinville) ou à l’AS Nancy Lorraine (avec ses potes Paco Rubio, Joël « Moumoute » Moutier et Olivier « la Rouille » Rouyer), ce gars-là n’est que déconne, chambrage et éclats de rire. Même son truc bizarre, tirer des coups francs face à un mur de mannequins en mousse, ça vient de la déconne avec « Moumoute » : les deux compères parient une tournée de diabolos au bar du club que Michel ne marquera pas tant de coups francs sur une série de tirs qu’ils fixent ensemble. Et là, Michel ne rigole pas : le fils d’Aldo Platini – redoutable tireur de coups francs quand il jouait en amateur – est diaboliquement habile et c’est souvent Moumoute qui devra régaler la joyeuse bande à Platoche… À la télé, on a bien vu Michel s’entraîner face aux grossiers mannequins en mousse. On sait dès lors que le gars est très bon dans cet exercice et qu’il en fait déjà profiter l’ASNL. Mais Michel n’est pas encore Platini. Chez les Bleus le boss, c’est un autre « Michel » , Henri Michel. Du coup, quand le môme de Nancy débarque à Clairefontaine, il salue avec déférence Henri Michel et Marius Trésor, des monstres qu’il vouvoie presque en leur donnant du « bonjour, monsieur » . Heureusement, le capitaine nantais des Bleus le prend sous son aile et partage sa chambre avec lui. Le voilà accepté… Adoubé, aussi ? Pas encore. Même si Platoche sera bien titulaire face aux Tchèques, il devra confirmer ce qu’il a réussi avec l’équipe de France Espoirs qu’il a grandement contribué à qualifier pour les JO à venir de Montréal, en juillet 76. Floqué 8 au dos, Michel joue devant, en quasi meneur de jeu. Habituellement, c’est Patrick Guillou qui joue en 10 chez les Bleus, mais il est absent ce jour-là. Tant mieux, l’occasion est à saisir. Max Bossis qui saisit sa chance en latéral gauche signe pour 10 ans en Bleu : il est parfait.

« Passe et j’la mets au fond ! »

Cette équipe de France joue plutôt bien, insufflant un enthousiasme juvénile qui, associé au côté plus « warrior » des Verts, laisse entrevoir sur le papier un vrai renouveau du foot français. Les Bleus mènent d’ailleurs 1-0 à la mi-temps grâce à un but du Sochalien Gérard Soler (17e), une petite surprise face aux Golgoths slaves pas faciles à bouger. Arrive la 73e minute… Un coup franc indirect est sifflé dans la surface tchèque. Époque bénie où on pouvait siffler pareil coup de pied arrêté quand une faute « légère » ne méritait pas un péno… Henri Michel se présente devant le ballon. Normal : le bon vieux Henri était lui aussi un bon tireur de coups francs, comme son rival stéphanois, Jean-Michel Larqué. Mais Michel Platini se colle d’autorité à Henri et ils discutent pendant que la muraille blanche se resserre à 9 mètres. Henri connaît parfaitement l’adresse de Michel, du coup il n’est pas surpris par les mots du rookie : « Passe-moi la balle et j’la mets au fond » … Le p’tit con a osé ! En face, dans les buts, c’est l’immense Ivo Viktor, gardien légendaire… Henri décale alors le ballon d’un court exter’ à ras de terre. Michel scalpe le cuir sans élan alors qu’accourent les hussards blancs. Trop tard… La feuille morte monte au ciel, s’envole par dessus le mur et plonge sous la barre. But ! Viktor s’est détendu pour brasser de l’air : le ballon est au fond de ses filets. Le foot français vient de basculer. La passe d’Henri à Michel signe une passation de pouvoir, une transmission de relais, le passage des ténèbres à la clarté (avant le plein soleil de l’été 1984)… La Tchécoslovaquie parviendra à égaliser dans le dernier quart d’heure (2-2, Ondrus et Dobias). Pas grave ! Au printemps 76, l’espoir renaît : Saint-Michel (Platini) et Saint-Étienne ouvrent au foot français la rédemption qu’on n’attendait plus…

William Saliba, le coup de la panne

Par Chérif Ghemmour

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