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Et Mourinho exaspéra le football britannique
Lorsque les résultats ne répondent plus présents, il est difficile d'adhérer au jeu de scène mis en place par Mourinho. Frappé d'une condescendance inouïe, ce José version 2015-2016 ne fait plus rêver. Au point de rendre le « Special One » et ses sorties totalement prévisibles.
Les semaines se succèdent et vont de mal en pis pour Chelsea. Encore une défaite, 2-1 à West Ham. Encore de très nombreuses carences dans le jeu proposé par les Blues. Et encore une polémique suscitée par le comportement de Mourinho, naturellement. Cette fois-ci, à la mi-temps du derby londonien, José est expulsé et envoyé dans les travées d’Upton Park pour suivre la fin de la partie. Coupable, encore, d’avoir pesté sur le corps arbitral à la suite de deux décisions, difficiles à juger, prises contre son équipe. « Je préfère ne pas faire de commentaires, sinon je vais avoir de gros problèmes » , envoie même le Portugais au sortir de la partie, aux micros de Sky Sports. Au Royaume de l’entertainment et de la bien-pensance, ses frasques qui pullulent en Une des tabloïds dérangent de plus en plus. Le « Special One » se normaliserait donc dans l’excès désolant, jusqu’à réfuter le moindre reproche. À l’image d’un vieux sénile, quoi.
« Mon monde change tellement. C’est de pire en pire »
Si bien que le football britannique, longtemps admiratif de ce tacticien hors pair, communiquant génial et animateur d’après-match, commence à se lasser des débordements répétés du manager de Chelsea. Un temps, les conférences de presse du fils de l’ancien gardien Félix Mourinho étaient pourtant devenues le rendez-vous incontournable de la non-langue de bois, où les journalistes se délectaient d’analyses pointues. Désormais, ceux-ci viennent pour entendre ce à quoi ils s’attendent déjà. Des critiques sur l’arbitre, si ce n’est sur ses propres joueurs, des clashs systématiques – et donc épuisants – contre bon nombre de ses homologues… Ou quand le sensationnel devient habituel, décevant. Et donc inutile.
Sa dernière victime ? La presse anglaise, tout simplement : « Vous n’allez pas obtenir de titres drôles venant de moi. Je vous traite de la même manière que vos patrons me traitent : avec aucun respect. Aucun respect. » Avec également, pour compléter ce récent tableau de chasse, un « fille de pute » adressé à Eva Carneiro, ou une énième déclaration lancée à Wenger, le « roi » qui abuse des privilèges qu’il détient à Arsenal. Plus que ces punchlines réchauffées, le Mou’ irrite par sa propension à ne jamais se remettre en question. À toujours délester ses épaules du poids d’une défaite, pour mieux le déposer sur celles de son effectif, son staff ou tout ce que l’ancien adjoint de Sir Bobby Robson peut trouver sous le coude. « Mon monde change tellement. C’est de pire en pire » , vitupère-t-il à nouveau dans les colonnes du Daily Mail. Sans se demander si lui ne change pas.
L’équation du bonheur mourinhesque
Le point d’orgue de ce narcissisme exacerbé se tient le 3 octobre dernier, après que Southampton a gagné à Stamford Bridge, 3-1. « Si le club veut me virer, qu’il me vire » , lâche Mourinho sans une goutte de sueur. Son agressivité trouve maintenant une nouvelle cible : la direction des Blues. Alors, quelle relation de cause à effet avec les résultats désastreux du moment ? La morosité du quinquagénaire se répercute-t-elle sur la forme de son équipe, ou est-ce l’inverse ? Sans doute un peu des deux… Toujours est-il que la saison passée, jusqu’à la trêve hivernale, José Mourinho était agréable en conférence de presse, accessible. Et Chelsea loué pour ses qualités dans le jeu.
À l’heure d’affronter Stoke City au Britannia pour les huitièmes de Capital One Cup, il semblerait que l’immunité accordée au double vainqueur de la Ligue des champions, tant dans les médias qu’au sein même de son écurie, s’amenuise. Peut-être parce qu’aujourd’hui, le « Special One » agace plus qu’il n’émerveille. À force de vouloir faire trop de « Mourinho » dans la communication, son personnage ennuie. D’autant que la piste Guardiola ressurgit pour prendre sa succession directe, malgré un contrat courant jusqu’en 2019 à Londres. Gageons que José ait retrouvé le sourire, d’ici-là. C’est tellement mieux, putain.
Par Eddy Serres