- C3
- 16es
- St-Étienne-Manchester United (0-1)
Et Mkhitaryan a tué les Verts
Incapables d'exister dans un Geoffroy-Guichard brûlant, les Verts ont finalement glissé sur leurs rêves mercredi soir face à un Manchester United froid et autoritaire (0-1). Brutal.
Saint-Étienne 0-1 Manchester United
But : Mkhitaryan (16e) pour Manchester United
Tout devait être comme avant, comme dans ces histoires racontées par ces grandes personnes dont les rides parlent du passé. Saint-Étienne allait faire l’exploit, retourner un scénario mal embarqué, et ce, en partie grâce à un Chaudron bouillant. Christophe Galtier voulait y croire, ses joueurs aussi et son peuple peut-être encore plus que les autres. C’était le moment où les Verts allaient redevenir les Verts. Finalement, ce rêve n’aura duré que seize minutes, le temps pour Henrikh Mkhitaryan d’inscrire le seul but de la rencontre et de plier l’affaire avant de sortir sur blessure. Geoffroy-Guichard était pourtant au rendez-vous, les joueurs stéphanois non. Et il y a des jours où aucune erreur n’est pardonnée.
Le Chaudron et le bouillon
Saint-Étienne ne serait pas devenu Saint-Étienne sans ce type de rendez-vous. Un mythe se construit et s’entretient. Christophe Galtier le sait et ne s’en est pas caché : si Manchester United était à Geoffroy-Guichard mercredi soir, c’était pour souffrir, être tordu dans tous les sens et surtout être maltraité dans un Chaudron plus que jamais brûlant. Vivre, exister à plusieurs en n’étant qu’un, l’art de la guerre quoi. Oublier la baffe reçue à l’aller à Old Trafford (0-3) était aussi la clé d’un goûter bordélique que le peuple vert attendait depuis des semaines, des mois, des années, tout en se repassant les exploits qui ont taillé la légende de l’institution et notamment de sa relation avec l’Europe par le passé. Ce poids de l’histoire, José Mourinho en était aussi conscient et il fallait le voir passer la quasi-totalité de l’échauffement de son équipe les yeux braqués sur le mur formé par les Magic Fans pour s’en rendre compte. Fasciné par ce Chaudron, le Portugais avait prévenu ses joueurs de l’importance de cette manche retour, sa feuille de match le confirmant avec les apparitions de Carrick – pour pallier la suspension d’Ander Herrera –, de Young et de Mkhitaryan à la place de Martial. Côté Galtier, un seul changement était à noter : l’entrée de Robert Berič, placé en pointe, laissant Hamouma se décaler et Jorginho s’installer sur le banc.
Il ne suffisait alors que de quelques minutes pour prendre la tension de l’attente. Sur un message, les Magic Fans posent le contexte : « Notre chaudron magic n’a rien à envier à un théâtre soporifique. » Ce à quoi les Green Angels répondent par une déclaration d’amour : « Depuis vingt-cinq ans partout et toujours à tes côtés. » Et le Chaudron s’est enflammé. Pour ne plus s’éteindre malgré le spectacle d’une première mi-temps à sens unique, largement dominée par un Manchester United tranquille, porté par un Michael Carrick régulateur parfait, et un réalisme froid. Il y a les mots et les actes. Les Verts ne sont jamais vraiment entrés dans leur date, étouffés par l’événement et bouffés par des lacunes techniques rédhibitoires au haut niveau. Résultat, sur leur première véritable incursion, les Mancuniens ont ouvert le score du bout du pied de Mkhitaryan (0-1, 16e), sorti dix minutes plus tard sur blessure. Et sans un Ruffier réflexe sur une partie de billard entre Perrin et Pajot et un Zlatan maladroit, le bordel aurait pu être plus dur à nettoyer. Surtout quand, de l’autre côté, Romero n’a eu qu’une tête moisie de Loïc Perrin à capter et une sortie dans les pieds de Monnet-Paquet à claquer. Sans frisson.
Un refrain français
Frissonner était pourtant l’objectif principal de Galtier. Mais ni l’entrée de Nolan Roux, ni celle de Jorginho en début de seconde période n’ont bousculé grand-chose au programme de Mancuniens moins autoritaires, mais toujours aussi peu inquiétés. Rêver dans un tel rendez-vous n’est pas permis, il faut exister, ce que les Verts n’ont jamais vraiment su faire à l’image d’un coup franc déglingué d’Hamouma peu avant l’heure de jeu. À quatre jours de sa finale de League Cup contre Southampton, Mourinho voulait alors faire tourner, mais Bailly, expulsé généreusement pour deux jaunes reçus en quelques minutes, a marché sur ses plans. L’essentiel était ailleurs et était surtout déjà acquis. Les pétards envoyés par Florentin Pogba et Hamouma dans le dernier quart d’heure de la fin n’y changeront rien. Certaines marches sont trop hautes, certains regrets – ceux de l’aller notamment – sont difficiles à digérer. Alors, on retiendra le spectacle offert par les supporters stéphanois lors de ces deux manches, mais aussi que, cette fois encore, il y avait sûrement la place d’espérer mieux. Putain de refrain.
Résultats et classement de la Ligue Europa Retrouvez toute l’actualité de la Ligue EuropaPar Maxime Brigand, à Geoffroy-Guichard