- Billet d'humeur
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Et merde, l’hiver est de retour…
Ah l’hiver. Cette période bénie pour tous les amateurs de Scrabble au coin du feu. Noël approche, et avec lui ses excès de bouffe grasse et de vin liquoreux. Que du bonheur ! Vraiment ? Pour les accrocs de Ligue 1, cette période signifie surtout pelouses de merde, matchs médiocres et rencontres reportées. Vous le sentez venir, le calvaire ? Nous oui.
Vous l’avez senti ce matin en pointant le nez hors de chez vous, hein ? Cette drôle de sensation de se réveiller dans un igloo, la buée fumante qui sort de votre gueule enfarinée dès le premier pas dehors. Le réveil est sévère. Et oui, l’hiver est arrivé. Pile à l’heure, voire un poil en avance. Il est temps de ressortir les bons vieux pulls en laine tricotés par mémé. Vous savez, ceux ornés d’un gigantesque flocon de neige trônant au milieu. Du genre à faire pâlir de jalousie les costumiers de That’s 70’s show. Bref, l’heure est venue de mettre une bûche au feu, de remplacer les 1664 par un chocolat chaud Van Houten et de se caler dans son rockingchair. Pépère. L’année entre dans son long hiver, un hiver où même les matchs de 17h débutent à la lumière artificielle des éclairages.
District ou Ligue 1: même combat
Comme tous les ans en Ligue 1, le début de l’hiver correspond à un moment très important pour nous, spectateurs de foot français. Dans le langage sportif, on appelle ça une période charnière. C’est la transition entre un football de (relative) bonne qualité et celui du début des purges hivernales. Quoique la purge peut aussi être printanière ou automnale. C’est le retour des pelouses de merde. Ah, qu’ils nous avaient manqué, ces bons vieux matchs de début décembre au stade de la Mosson. Jouer là-bas par grand froid équivaut à s’y méprendre à rencontrer l’équipe de Poullaouën avec ton équipe de 4e div de district dans le fin fond du Finistère. Si l’on réfléchit bien, le sport que l’on pratique en France à cette date n’a plus grand-chose à voir avec du foot. C’est une sorte de combinaison entre le patinage (pas très) artistique et le labourage des champs de patates au XVIIIe siècle. Un hommage combiné à Surya Bonaly et à nos ancêtres paysans prérévolutionnaires. Notez que c’est aussi la seule occasion pour le football professionnel de se rapprocher de son homologue amateur. Tout le monde au même niveau et les tripoteurs de
ballon seront bien gardés.
Valbuena, Évelyne Dhéliat et les distances de freinage
Mais à chaque chose, malheur est bon. Le plaisir des yeux va y perdre là où les barres de rires vont y gagner. Par exemple, le théorème de la distance de freinage qui double sur chaussée glissante peut parfaitement se transposer à notre championnat. Et oui, un Valbuena qui roule-boule sur terrain sec effectuera invariablement une distance ×2 sur terrain mouillé. Rien que pour ça, ça vaut le détour. Ayons également une petite pensée pour tous ces joueurs qui, nés sous d’autres latitudes, bien moins éprouvantes en termes de thermomètre, voient avec horreur Évelyne Dhéliat leur annoncer la fameuse chute des températures et l’arrivée du verglas et de la neige. Car si, pour nous, l’hiver n’est qu’un simple mauvais moment à passer, pour eux en revanche, cette période vire à la torture. Prenez ce brave Lucas Moura. On le critique pour ses stats faiblardes, mais arrivé en janvier, le Brésilien n’a pas vu le début d’un ciel bleu avant juillet. De quoi vous foutre le moral à zéro. Sans parler de ces horribles collants à porter pour vous protéger des nuits froides d’Annecy ou Sochaux. Ils sont peut-être payés pour, mais on irait presque les plaindre, ces pauvres choses.
Carlao, les menottes et les ballons orange
L’inconvénient, c’est que l’arrivée du froid polaire sur la Ligue 1 va également correspondre avec le report des matchs à la pelle. Imaginez les frustrations. Et il est passé où, mon bon vieux Sochaux-Rennes de fin décembre, bordel ? Ben, il est reporté à une date ultérieure. Quand on arrivera à dégager Carlao du radiateur duquel il s’est menotté. Seule option envisagée par le négociateur appelé à la rescousse : promettre au défenseur sochalien que, promis-juré-craché, il sera sur le banc des remplaçants, bien emmitouflé sous un plaid à carreaux made in Scotland (ou Ikea pour les moins fortunés). Enfin, le tableau ne serait pas complet si l’on n’évoquait pas ces hideux ballons orange utilisé par temps de neige. Ah merde, non ! La Ligue a déjà pris les devants en les sortant dès la mi-novembre, les cons… Finalement, s’il y en a bien un qui se marre pendant que tout le monde tire la tronche, c’est Jonathan Calderwood, alias le meilleur jardinier de Premier League en 2009 et 2012 ( « The Groundsman of the Year » comme ils disent outre-Manche), aujourd’hui au PSG. Le froid et les dommages causés aux pelouses, il les connaît par cœur, le bonhomme. Et oui, au pays des rouquins, le gazon est roi et le jardinier son humble serviteur. Sauf catastrophe donc, il sera possible de jouer correctement au football porte d’Auteuil cet hiver. C’est peut-être le seul motif de satisfaction pour les équipes qui se déplaceront au Parc cet hiver. Pour les autres, il sera toujours temps d’aller effectuer un stage offert par la Ligue afin d’y apprendre à soigner son gazon. Mais ce n’est jamais qu’un mauvais moment à passer. Avec un peu de chance, l’hiver devrait se terminer mi-avril cette année.
PS : Rendons à tout le monde ce qui est à tout le monde. Il n’y a pas que La Mosson pour nous offrir un spectacle d’une pelouse en souffrance. Une petite pensée au Stade rennais, au Stade de Reims, à l’ASSE, au SC Bastia et au Téfécé. *Liste non exhaustive.
Par Aymeric Le Gall