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- France-Islande (2-2)
Et Mbappé dégela les Bleus
Menée de deux buts à l'heure de jeu par une Islande accrocheuse, l'équipe de France s'en est remise jeudi soir à l'entrée décisive de Kylian Mbappé pour éviter l'iceberg à Guingamp (2-2). Un nul qui sauve la face d'une soirée longtemps inquiétante.
France 2-2 Islande
Buts : Eyjólfsson csc (86e) et Mbappé (90e, sp) pour les Bleus // Bjarnasson (30e) et Árnason (58e) pour l’Islande
Un programme de soirée, balancé à la volée vingt-quatre heures plus tôt par Didier Deschamps dans une salle du coin : pas de choses « nouvelles » , mais des choses « différentes » . L’objectif de ce France-Islande, coincé entre deux joutes de Ligue des nations, était multiple : c’était le jour d’après les festivités, celui du retour à un quotidien qui ne peut être tout à fait normal, l’occasion d’un détour en province, une nuit pour tester de nouveaux cocktails et voir ce que ça donne… En 2018, un match amical est rare, presque un luxe, alors tout le monde a foncé tête baissée, sans prudence, même si Deschamps avait prévenu que les Bleus s’apprêtaient à retrouver un adversaire « indestructible » .
Si indestructible que l’Islande restait, avant de poser ses valises à Guingamp, sur une série de quatre défaites consécutives, une élimination dès le premier tour au Mondial et cavalait après un succès depuis le mois de janvier dernier et une victoire face à l’Indonésie… Effrayant, donc. Puis, on a compris l’avertissement : peut-être que le sélectionneur tricolore avait senti le coup venir. À la demi-heure de jeu, jeudi soir, Raphaël Varane et Hugo Lloris se sont brouillés sur une intervention dans la surface. Un signe : trois minutes plus tard, le capitaine français a été retrouvé au sol, sur sa ligne, seul. Un coup d’œil sur la droite, Birkir Bjarnasson vient de prendre les clés de la soirée (0-1, 30e). Que se passe-t-il ?
La tournée du père Noël
La question aura plané au-dessus du Roudourou tout au long d’une première période sans saveur, où l’équipe de France, finalement privée au coup d’envoi de Kylian Mbappé, légèrement touché à la cuisse, a livré une réponse : lorsqu’on retire quelques boulons, la voiture commence à dérailler sévèrement. Sur les ailes, notamment, où Deschamps avait décidé de titulariser Ousmane Dembélé et Florian Thauvin, deux types qui ont longtemps cherché à enclencher le rythme qui est le leur en club, laissant Antoine Griezmann prendre le contrôle d’une platine offensive rouillée et qui n’aura fait jaillir que deux frappes cadrées lors des quarante-cinq premières minutes. Une misère, malgré une paire Nzonzi-Pogba au rendez-vous. Derrière ? D’autres galères : Benjamin Pavard qui coince toujours défensivement, Lucas Digne qui aura erré la majorité du temps sur son côté gauche en vain à l’exception d’un centre parfait sur une tête décroisée de Griezmann (18e), et Presnel Kimpembe, lâché aux côtés de Varane à la suite de la blessure d’Umtiti et avalé sur l’ouverture du score islandaise… Cette virée à Guingamp, terre du président de la FFF, Noël Le Graët, devait être une tournée générale : on a vu une distribution de cadeaux hallucinante.
Les acrobates au sol, Mbappé s’envole
De quoi fermer le visage de Deschamps, mais pour quelles conséquences ? Devant au score, l’Islande aurait pu plier l’affaire avant les citrons sans notamment une quadruple parade de Lloris avant la pause (37e), entre autres secousses. Aux points, on a malgré tout vu un micro réveil : une frappe flottante de Thauvin dès le retour des vestiaires (52e) et une tête de Griezmann magnifiquement éteinte par Halldórsson derrière (53e). Au contenu, le script nous a d’abord servi une douce continuité, les Bleus se montrant facilement pliables défensivement et encaissant avant l’heure de jeu un deuxième but logique sur une tête délicieuse de Kári Árnasson (0-2, 58e), laissé libre par Kimpembe.
Moment choisi par Didier Deschamps pour sortir de la boîte Mbappé et Lemar, quinze minutes après avoir rangé Varane pour dégainer la carte Zouma : la première relance du milieu madrilène aura découlé sur une balle de 3-0 offerte à Sigurdsson (63e). La chance des Bleus, jeudi soir, aura été que le public guingampais n’était pas venu voir un match de foot, mais un spectacle de cirque : peu importe le contenu, le Roudourou voulait voir des champions du monde, quitte à se qu’ils se cassent un peu la gueule. Ce qu’on a pensé voir, pour la première fois depuis la défaite subie face à la Colombie (2-3) en mars dernier : c’était avant l’entrée musclée de Ndombele et le show Mbappé, qui aura livré une dernière demi-heure à sa mesure, tranchante dans les appels, brillante dans le toucher et décisive. D’abord décisif sur la réduction du score contre son camp de Eyjólfsson (1-2, 86e), le Parisien aura ensuite égalisé sur penalty (2-2, 90e). Histoire de sauver la face d’une drôle de fête.
France (4-2-3-1) : Lloris – Pavard, Varane (Zouma, 46e), Kimpembe, Digne – Nzonzi, Pogba (Ndombele, 66e) – Thauvin (Lemar, 59e), Griezmann (Mbappé, 60e), Dembélé (Payet, 67e) – Giroud. Entraîneur : Didier Deschamps.
Islande (4-2-3-1) : Rúnarsson (Halldórsson, 46e) – Eyjólfsson, Árnason, R. Sigurðsson, Sævarsson (Fjoluson, 81e) – Sigurjónsson, Bjarnasson – Guðmundsson (Palsson, 71e), G. Sigurðsson (Gislason, 80e), Traustason (Sigþórsson, 59e) – Finnbogason (Guðmundsson, 46e). Entraîneur : Erik Hamrén.
Par Maxime Brigand, au Roudourou