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Et maintenant, on fait quoi ?
Zlatan Ibrahimović est parti sur un doublé et une victoire en Coupe de France contre l’OM. Le PSG a fait le choix de ne pas poursuivre l’aventure avec son Suédois. C’est donc 156 buts et 53 passes décisives qui se font la malle de la capitale. Dès lors, comment faire sans la tête de pont sportive et médiatique ?
Plus de collectif, moins d’individualité
« Il faut essayer de faire mieux, avec d’autres joueurs, peut-être en mettant plus l’accent sur le collectif et l’équipe » , avouait Laurent Blanc après la victoire contre l’OM en Coupe de France. Tout est dit dans cette citation de l’entraîneur – décrié – qui vient de faire deux quadruplés de suite sur la scène nationale. Zlatan Ibrahimović, bien loin du joueur égoïste, cannibalisait toute l’animation offensive du PSG. Il est vrai, le Suédois parvenait souvent à débloquer les matchs dans lesquels rien ne se passait sur un geste. En Ligue 1, il n’avait pas d’égal. C’est ce forceur de verrou qu’il faudra remplacer. Intrinsèquement, Ibrahimović est unique, impossible à cloner. En revanche, le PSG peut multiplier les zones de danger et répartir les forces de frappe. Même sans recrue, l’escouade parisienne a des fusils en magasin : Cavani, Di María, Lucas, Pastore, pour ne citer qu’eux. Des recrues arriveront, c’est évident, mais le PSG n’est pas obligé de tout miser sur une seule tête d’affiche. Peut-être que plusieurs bons renforts équilibreraient plus l’équipe qu’une seule méga star, sauf si celle-ci appartient au trident Neymar-CR7-Lewandowski. Bref, le PSG pourrait profiter du départ de sa star pour responsabiliser des mecs en place, souvent bridés par la place occupée par le numéro 10. Et puis le PSG a de l’argent à filer en salaire. Entre les départs de Van der Wiel, Lavezzi et Ibrahimović, la masse salariale s’époumone grandement. Il y a de quoi trouver 2-3 joueurs capables de mettre du liant dans cette équipe. Pour ce faire, il faut bosser et cibler des postes précis (milieu offensif gauche, sentinelle, un buteur bis).
Enfin miser sur Edinson Cavani
Au départ, Edinson Cavani avait été recruté pour occuper la pointe de l’attaque parisienne et enfiler des buts. Même si les zones de turbulence ont souvent accompagné ses vols parisiens, le Matador affiche 81 buts en trois saisons, ce n’est pas dégueulasse. Surtout quand on passe trois ans exilé à gauche, dans un rôle à la fois bâtard et collectif, et qu’on observe Zlatan Ibrahimović tirer la couverture. Un peu. Samedi soir, le président Nasser Al-Khelaïfi a pourtant déroulé le tapis rouge à son avant-centre : « Qui va remplacer Zlatan ? On a un grand attaquant, c’est Edinson Cavani. Il l’a encore prouvé ce soir et il saura remplacer Ibra. » A priori, une marque de confiance. Pas du point de vue de l’ancien Napolitain qui a été plutôt sec dans sa réponse : « Nasser a dit que je suis l’héritier d’Ibrahimović ? Ibrahimović, c’est Ibrahimović. Je suis Edinson Cavani, je ne suis pas l’héritier de quelqu’un » , a-t-il ainsi répliqué quelques minutes après la sortie de son président. Bon… Une chose est sûre, à moins d’avoir anticipé – ce qui n’est pas du genre parisien – il serait fou de voir le club de la capitale se séparer de ses deux attaquants en même temps. Donc, la suite est simple : enfin installer Edinson Cavani à son poste et lui faire parvenir des caviars. Avec Verratti-Di María-Pastore, il y a de quoi bien manger. Reste à faire tourner la machine et enfin voir ce que donne Cavani en numéro 9 dans une équipe qui joue vraiment pour lui. Après tout, ça serait quand même con de ne jamais avoir essayé sur le long terme. Surtout vu l’investissement au départ.
Recruter malin pour s’émanciper
À l’exception du trident Maxwell-Thiago Motta-Alex et de Marco Verratti six mois plus tard, le PSG a rarement recruté malin. À savoir un rapport qualité/prix défiant toute concurrence. C’est dans ce secteur que les Parisiens doivent progresser. Le départ de Zlatan Ibrahimović peut marquer la fin d’une ère. Celle d’un joueur au-dessus de tout : partenaires, clubs, entraîneur. Ibrahimović avait tous les droits. Y compris de sortir lui-même du terrain pour son dernier match au Parc au moment qui lui semblait le plus propice à sa légende. Bien entendu, il ne faut pas oublier tout ce que le Suédois a apporté au PSG. L’état d’esprit qu’il aura su, au-delà des buts, insuffler à ses coéquipiers ne doit pas s’échapper. Mais le PSG ne se résumait pas à Zlatan Ibrahimović. Plutôt que de chercher une nouvelle tête de gondole médiatique-marketing, la direction parisienne pourrait choisir de bosser autrement et recruter malin. La piste menant au jeune Giovani Lo Celso, Rosario, doit servir de point de départ. Le club ne zieute pas assez sur les joueurs en fin de contrat, ce qu’un club comme la Juventus Turin fait avec brio, et ne tente plus beaucoup de paris sur des jeunes à fort potentiel. Le dernier en date s’appelle Marquinhos. Ça va faire trois ans. Quand Leonardo était toujours de la partie. Pour tourner la page Ibrahimović, il faut sortir du carcan « Superstar » , sinon l’ombre du Suédois sera constamment dans les parages. Sans parler des comparaisons, chiffre à l’appui, sur les temps de passage du « remplaçant » .
Se mettre en danger
Il y a peu de chance que le PSG réussisse une troisième année de suite à tout gagner sur la scène nationale. Être champion début mars ? Il faudrait éviter. Cela voudrait dire que le départ du Suédois n’a rien changé à l’hégémonie parisienne en Ligue 1. Or, il est normal que le départ d’un garçon qui vient de mettre 38 buts et 13 passes en une saison laisse un trou et déstabilise une équipe. Certains avancent l’idée d’une année de transition. C’est possible même si, actuellement, le PSG a une telle marge de manœuvre sur la concurrence interne que le titre de champion n’est pas, encore, en danger. En revanche, sur la scène européenne, le club stagne de manière assez significative. Et si c’était le moment de mettre ses attributs dans les gonds de la porte ? En changeant de système de jeu, par exemple. Sans Ibrahimović, vous perdez une machine à buts, mais aussi un homme dont les courses – surtout celles sans ballon – se comptent facilement sur son échelle de nez. Alors, 3-5-2 ? 4-4-2 ? 4-2-3-1 ? Blanc peut tout essayer. Suffit de bosser (un gros mot). Surtout qu’en championnat, le PSG a le loisir d’expérimenter avec sa marge. Mieux, le club peut se mettre en danger autrement. En changeant d’entraîneur. Trois ans, c’est un cycle classique pour un staff. En gros, le départ d’Ibra doit donner envie au PSG de tenter des choses. De sortir de sa zone de confort. Le Suédois n’est plus là pour marquer des buts, botter des culs, occuper l’espace médiatique, mais il n’est plus là, non plus, pour servir de paratonnerre. Car l’échec parisien sur la scène européenne a souvent été catalogué comme étant le sien. Et ça arrangeait tout le monde. Ça ne sera plus possible maintenant. Alors il faudra prendre ses responsabilités.
Par Mathieu Faure