- Ligue 1
- J6
- PSG-OM (4-0)
Et maintenant, le PSG peut même vivre sans Mbappé
Sorti prématurément sur blessure, Kylian Mbappé a vu ses partenaires délivrer une partition collective de haute volée en son absence ce dimanche soir dans le Classique (4-0). Et les recrues offensives parisiennes ont enfin confirmé les promesses.
Le fameux dicton dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne, mais, décidément, Luis Enrique ne fait pas grand-chose comme le commun des mortels. Après la belle performance de ses gars mardi face à Dortmund, il aurait été assez logique de voir l’Asturien reconduire le même onze pour défier Marseille dans le Classique ce dimanche. Mais sur les coups de 19h30, une surprise tombe : Bradley Barcola est lancé dans le grand bain pour la première fois de son aventure parisienne. Un choix osé, qui s’est finalement avéré payant, comme celui de relancer Randal Kolo Muani en pointe, mais aussi celui d’envoyer dans la bataille Gonçalo Ramos suppléer Kylian Mbappé, sorti très tôt sur blessure (32e). Les longs mois où le PSG a souvent dû s’en remettre à des exploits de son génie français sont peut-être derrière lui et rappelle que Paris peut gagner, et bien jouer, sans sa star.
Sans Mbappé, le collectif n’a pas flanché
Il faut aussi dire que Paris s’est rapidement rendu la tâche facile dans cette partie. Sur un coup franc résultant d’une faute discutable, l’intenable Achraf Hakimi a décoché un bijou qui a suffi à faire plonger Marseille dans une spirale infernale. Les hommes de l’intérimaire Pancho Abardonado n’ont rien tenté de transcendant derrière, ils ont plutôt été contraints de se débrouiller avec des miettes en contre-attaque, parfois vendangées par Vitinha, souvent annihilées par Valentin Rongier et Azzedine Ounahi. Mais cette apathie marseillaise ne provient pas de nulle part, elle doit être mise en relief face à la prestation parfaite du PSG, peut-être la plus aboutie depuis plusieurs années dans un match de cette envergure. Surtout, elle fait basculer le club de la capitale vers d’autres sphères : celles d’un collectif retrouvé, avec le guide Luis Enrique qui sait où il veut aller, et la précieuse capacité, aussi, d’exister sans Kylian Mbappé.
Le 8 février 2022, un soir de huitièmes de finale de Coupe de France, l’OM d’Igor Tudor n’avait fait qu’une bouchée d’un PSG sans idées en l’absence de son attaquant vedette. Trois semaines plus tard, en Ligue 1, et avec le retour de Mbappé, Paris avait croqué son ennemi fétiche (0-3) avec un doublé du Français. Comme si sa simple présence suffisait à l’époque à justifier le gouffre de niveau affiché sur différentes rencontres. Cette explication n’est aujourd’hui plus valable, puisque le PSG d’Enrique a (au moins) maintenu le même niveau après la sortie de Mbappé ce dimanche, et a continué de mettre la tête sous l’eau de son adversaire dès que possible.
Des recrues enfin décisives
Le recrutement massif en attaque cet été a enfin pris tout son sens : Randal Kolo Muani et Gonçalo Ramos ont planté leurs premiers pions en tant que Parisiens, Ousmane Dembélé a délivré son premier caviar, et Bradley Barcola a lâché de belles promesses. L’ancien Lyonnais patientera encore un peu pour être décisif, mais il a su croquer dans l’opportunité qui lui était donnée – quatre dribbles réussis (plus gros total du PSG), dix ballons touchés dans la surface adverse, 52 au total – au point de recevoir une standing ovation du Parc des Princes au moment de sa sortie. « Il a une projection formidable. J’aime tout de lui. Il nous amène de la vitesse, des débordements, il a des capacités pour marquer. Il s’exprime bien aussi dans le domaine aérien. […] Avec Dembélé, Ramos et Kolo Muani, c’était une belle attaque, non ? Mais je veux onze attaquants et onze défenseurs », a savouré Luis Enrique en conférence de presse à l’issue du match.
Les légers doutes qui pouvaient entourer le poste d’avant-centre sont désormais dissipés, et l’Espagnol va devoir jongler d’une main de maître entre ses deux buteurs lors des prochaines échéances. Un choix de luxe dont il ne dispose pas forcément au milieu de terrain, même s’il peut s’endormir avec une certitude qui prend plus de poids à chaque sortie : ce collectif parisien ne doit plus vivre sans Manuel Ugarte, encore une fois exceptionnel à la récupération, et toujours précieux dans les circuits de jeu du PSG. D’autres joueurs peuvent désormais exister, dans l’ombre ou non, de Mbappé, dont l’absence reste forcément préjudiciable, même pour un club armé comme le PSG. Ce dernier peut savourer la victoire contre son rival ce dimanche, mais aussi peut-être une autre : celle de ne plus être suspendu à l’état de forme d’un seul joueur pour faire trembler ses adversaires.
Par Alexandre Lejeune