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Et Lucas ressuscita

Par Jérémie Baron
Et Lucas ressuscita

Il n’a pas eu la chance d'être actif durant la trêve internationale, mais demeure bien en haut de l’affiche en ce début de saison : sept mois après avoir posé ses bagages dans le nord de Londres, Lucas Moura retrouve son football.

Le rebond est imprévisible et trahit le mètre 69 de Fred, qui ne peut empêcher la gonfle d’atterrir sur l’inévitable Harry Kane. En levant la tête, devant lui, l’artificier anglais aperçoit un coéquipier au petit trot, qui n’attend que d’être alerté. Servi dans le rond central dans la seconde, notre homme peut démarrer son festival au milieu de la défense des Red Devils : le crochet de l’extérieur est terrible, l’accélération hors pair, et Smalling se retrouve terrassé par les grandes foulées de son vis-à-vis, les mêmes qui avaient fait se lever le Parc un soir de Classique de Ligue 1 en mars 2014.

Sauf que cette fois-ci, même au bord de la rupture, le droitier ne tremble pas et trouve le petit filet d’un David de Gea qui avait pourtant déjà bien mangé jusqu’ici. L’addition est lourde pour la bande à Mourinho (3-0), et un homme, dont le nom apparaît pour la deuxième fois de la soirée au tableau d’affichage, rayonne sur la pelouse d’Old Trafford. Nous sommes le 27 août, et l’éternel sourire de Lucas Moura vient officiellement de se faire une place dans le grand cirque de la Premier League. Enfin.

Six mois de disette

Le challenge était relevé et en a sûrement étonné plus d’un. En janvier dernier, un Lucas placardisé au Camp des Loges s’offrait un sacré rebond avec un contrat avancé par Tottenham et un transfert à plus de 28 patates – soit une dizaine de moins que son prix de 2012 lors de sa traversée de l’Atlantique, tout de même. Pourtant, bien qu’auteur d’un passage honnête dans la ville lumière, l’ailier sprinteur semblait être arrivé en bout de piste. Et les premiers mois du Brésilien sous les ordres de Pochettino ne faisaient que confirmer cette hypothèse. Après avoir débarqué dans le froid du mois de janvier au cœur de la perfide Albion, LM n’a gratté que des bouts de parties lors de la deuxième moitié de saison (deux titularisations en championnat pour une petite passe décisive), ne pouvant faire ses griffes que lors de matchs mineurs de Cup (avec un pion face à Rochdale, D3).

Et puis l’intersaison est passée, l’homme aux 35 sélections – qui n’en a plus connu depuis plus de deux ans – a vu ses potes de Seleção s’empaler sur la Belgique depuis son canapé, et la flèche de São Paulo a décidé d’attaquer l’exercice 2018-2019 pied au plancher. Avec un Heung-min Son parti sauver sa carrière du côté de l’Indonésie pendant le mois d’août, le nouvel acolyte de GK Nkoudou, après une prépa intéressante, a enfin eu le champ libre pour s’incruster dans le quatuor d’attaque des Lilywhites et personne n’a eu l’occasion de le regretter : quatre titularisations, un caramel offert face à Fulham et une prestation étincelante dans le jardin de Pogba & co lors de la troisième journée. Aucune surprise, donc, à voir l’actuel meilleur buteur des Spurs glaner le trophée de meilleur joueur du mois d’août en PL, notamment devant Benjamin Mendy, Virgil van Dijk, Marcos Alonso ou Sadio Mané.

Bavure politique, mais carrière redressée

« Le sentiment est impossible à expliquer, car j’ai attendu longtemps ce moment, a réagi Lucas sur le site officiel de son club. Je dois en profiter, mais aussi continuer à travailler,[…]je veux donner beaucoup plus. » Quoi qu’il en soit, il s’est définitivement mis le vestiaire londonien dans la poche, à commencer par Jan Vertonghen : « Nous jouons face à lui tous les jours à l’entraînement et c’est un cauchemar, confessait récemment le défenseur auLondon Evening Standard. Il travaille dur. Il marque du pied gauche et du droit. Il met beaucoup de rythme. C’est un grand joueur et c’est un gars encore meilleur. Il a fait une excellente préparation, tout le monde dans le vestiaire est très heureux pour lui. Il n’a pas joué autant qu’il voulait l’année dernière, mais c’est un joueur incroyable. » Si la nouvelle coqueluche des Spurs s’est attirée les foudres des réseaux sociaux il y a quelques jours en affichant son soutien à un homme politique brésilien controversé d’extrême droite, son avenir sportif semble en tout cas s’être largement éclairci au pays du kick and rush. Et à 26 printemps, Lucas est encore en plein dans la fleur de l’âge : Chris Smalling peut en témoigner.

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