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- Argentine-Croatie (3-0)
Et le mur croate s’effondra
Jusque-là, ils avaient fait de leur défense robuste la clé de leur réussite. Face à l’Argentine ce mardi soir (3-0), elle est tout simplement devenue la raison de leur défaite. Avec des fautes de concentration et des soldats complètement absents, la défense des Croates a sombré aux portes de la finale.
Symbolique. Si la Maison au damier rouge et blanc s’est effondrée ce mardi soir dans le cadre des demi-finales de la Coupe du monde face à l’Argentine (3-0), c’est en grande partie car ses fondations n’étaient pas solides. Pourtant, c’est grâce à cette assise qu’elle avait réussi à gravir toutes les marches de la compétition jusque-là. Et pour bien faire remarquer la chute de cette défense imperméable, l’histoire a d’abord décidé d’enlever, le temps d’une soirée, toute la détermination qui caractérisait cette ligne si compacte. Et dans le même temps, de s’en prendre à son maillon indispensable : Joško Gvardiol.
Place à la (non) défense
À vingt ans seulement, et avec seize petites sélections au compteur, il n’avait rien à se reprocher jusqu’à ce mardi soir. Clinique dans ses interventions depuis le début du Mondial, Gvardiol n’était toutefois pas lui-même face à l’Albiceleste. Des jambes flageolantes, une baisse notable de détermination et une moins bonne lecture du jeu, celui qui avait sauvé les siens d’une élimination dès la phase de poules après un tacle dantesque sur Romelu Lukaku, est ce mardi soir pointé du doigt comme responsable de cette débâcle. En retard sur son replacement défensif lors de la contre-attaque argentine sur le second but, Gvardiol voit Álvarez se faufiler entre ses coéquipiers, trop loin pour intervenir (2-0, 39e). Sur le troisième but, le constat est bien plus saisissant. À un pas de l’attaquant de Manchester City sur une touche jouée au niveau du milieu de terrain, Gvardiol s’est littéralement jeté et a libéré un énorme espace dans son dos à Lionel Messi, servi par Álvarez en une touche de balle. Derrière, la Pulgan’a laissé aucune chance à son adversaire direct, mangé par une feinte de corps et une accélération le long de la ligne de but (3-0, 69e).
Pas aidée par un milieu de terrain qui avait rendu les armes, passé la 50e minute de jeu et la sortie surprenante de Marcelo Brozović, la défense, à l’instar de Gvardiol, a vécu un véritable cauchemar. Il faut dire que mené au score, le sélectionneur croate avait fait le pari risqué de sortir l’un des poumons de son milieu de terrain pour tenter de peser plus sur la défense adverse. Son absence s’est largement fait ressentir dans l’agressivité et la combativité. « On les a bien analysés, on sait comment ils jouent et on est prêts à aller au combat », confiait Zlatko Dalić avant la rencontre. Mais fatalement, sortir un de ses piliers, aussi important dans les duels de l’entrejeu, lui aura porté préjudice. Les Vatreniont ouvert de longs espaces et ont vu Livaković repousser l’échéance à maintes reprises avant de craquer.
Livaković, difficile d’être tout le temps héros
Mais là aussi, il y a un couac. Héroïque face au Japon en huitièmes de finale, gigantesque contre le Brésil en quarts, Livaković a lui aussi disparu ce mardi soir. Dégoûtant devant Lucas Paquetá, Richarlison, Neymar ou même De Bruyne avant eux, le gardien croate n’a pas réussi à continuer son festival dans cette Coupe du monde. Coupable d’une sortie hasardeuse sur un duel avec Julian Álvarez, Livaković perd totalement le contrôle de ses jambes et fauche le numéro 9 (32e). Dans la foulée, celui qui avait défoncé les portes de l’histoire en devenant le premier gardien auteur de trois arrêts sur les trois premières tentatives adverses d’une séance de tirs au but de Coupe du monde, rejoignant ainsi Ricardo et Danijel Subašić, ne sort pas la cape sur le penalty transformé de Messi (1-0, 33e). Une sortie de sa ligne mal maîtrisée qui l’a sûrement poussé à rester figé sur le break de l’Albicelestequelques minutes plus tard. Si Sosa et Juranović manquent terriblement leur intervention, Livaković avait largement la possibilité de venir aider ses partenaires, mais a au contraire subi la poussée d’Álvarez avec un genou cloué au sol.
Quant à Dejan Lovren, dernier des quatre défenseurs coupables sur ce but, impossible d’intervenir puisqu’il était encore dans la surface de réparation argentine pour apporter le surnombre sur le corner croate qui précédait cette contre-attaque. Globalement, tous ont manqué de détermination. Faute de densité dans l’entrejeu et de pressing derrière, la défense croate a subi et a accepté de disputer les face-à-face. Et au moment de faire les comptes, Messi a remporté ses six duels tentés, quatre duels remportés sur quatre pour Enzo Fernandez, trois sur quatre pour Mac Allister et cinq sur cinq pour Julian Álvarez. « Mais on le savait, nous nous étions préparés à ça », a pourtant assuré le sélectionneur croate Zlatko Dalić en zone mixte. Ah, vraiment ?
par Matthieu Darbas