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Et le foot FSGT s’arrêta…
L'arrêt de la vie sportive du pays n'est pas tombée que sur le foot pro et sa fragile économie. L'ensemble des clubs amateurs est désormais aussi touché après les annonces présidentielles, même si l'interdiction de rassemblement au-dessus de 100 personnes les concernent rarement. Y compris au sein de la FSGT, vénérable héritière du sport ouvrier qui défend aujourd'hui ardemment un foot à 7 auto-arbitré. Une situation qui désole ses licenciés et autres militants à crampons.
La décision est tombée jeudi dans la journée, sous forme d’un communiqué : « Aux clubs affiliés, la FSGT leur conseille vivement de suspendre toute activité sportive dès ce jour et jusqu’à nouvel ordre. » Avec ses dizaines de milliers de pratiquants, et même désormais un championnat mixte et du walking foot, le foot populaire vient d’en prendre un coup.
Et ses adeptes forcenés des stabils incertains, des créneaux municipaux âprement disputés à la FFF et des éclairages qui s’éteignent avant la fin de la durée réglementaire, doivent composer avec ce nouveau coup dur. « C’est une situation à laquelle nous nous attendions malheureusement. Comme tout le monde, nous suivions les annulations de compétitions sportives les unes après les autres et nous doutions que ça allait finir par tomber » , philosophe-t-on du côté du SCNT (Sporting Club Nord toulousain). Même son de cloche chez le Patrice Lokomotiv 41 à Paris (qui a participé au Vrai foot Day) : « On est avant tout triste comme tout le monde qu’il y ait des morts. Le sport passe malheureusement au second plan, l’arrêt des championnats FSGT n’est rien comparé à l’effort de solidarité national demandé dans le corps médical par exemple. On est donc plutôt résigné et triste, on a tous suivi les matchs à huis clos en Ligue des champions et en Ligue 1… »
Résignation et frustration
Autant de sagesse et de solidarité nationale ne suffisent néanmoins pas à dissimuler l’inquiétude devant cette future disette et surtout le risque de voir s’étioler cette grande camaraderie fsgtiste si particulière, notamment dans le foot à 7. « Bien sûr, le foot FSGT va nous manquer, enchaîne-t-on pour le SCNT, car c’est un moment incontournable de la semaine. Au-delà du foot, c’est toute une vie de club et une vie associative qui est bousculée, on sait qu’au sein du SCNT, on risque de moins se voir pendant une durée indéterminée. Le côté humain est autant touché que le sportif, qui passe au second plan dans cette situation. » Le Patrice Lomotiv 41 partage le même constat, angoissé déjà à l’idée que la diète se prolonge. « On savait que le monde du foot amateur allait suivre. Aujourd’hui, c’est difficile car, pour nous, le sport est essentiel à la vie et on espère donc un retour à la normale, car on va assez vite s’ennuyer. »
Chercher des solutions tout en se pliant aux règles
D’où, parfois, une légère incompréhension, matinée d’un sentiment d’injustice, dont l’As Bombardiere dans les Bouches du Rhône se fait le porte-voix : « Une grande frustration de ma part et de la part de mes coéquipiers. On ne s’attendait pas à ce que le niveau/secteur amateur soit touché. C’est une surprise très désagréable.
J’ai demandé aux coéquipiers quelles étaient leurs impressions par rapport à tout ça et ils le vivent très mal. » Les Red Socks lyonnais, sur leur groupe WhatsApp, évoluent dans un registre assez similaire, davantage désabusés : « La suspension est logique. Peut-être un poil en retard (je pinaille). Je suis en vacances à la montagne, donc je vais skier tant que les stations sont ouvertes. Au retour, je pense que ça dépendra de la durée du blocage, quelques semaines sans jouer ça passera. Si c’est plus, ça va me démanger. » Et un autre coéquipier de remarquer : « En revanche, interdire les rassemblements de plus de 100 personnes et maintenir les élections… »
Et, après, que faire ? Dans le 13, on cherche déjà des solutions. « Concernant la gestion, on ne s’est pas encore concertés, mais on ira sûrement faire des séances d’entraînement au stade qui est à deux pas de chez nous en se concentrant sur l’aspect offensif. Exercices de frappes, de centres, etc. Habituellement, nous ne nous entraînons pas, car beaucoup jouent en FFF. » Le SCNT, lui, se prépare surtout à tester sa patience et la solidité du collectif. « Pour le moment, on est dans le flou. Ce qui est sûr, c’est que même si on a notre créneau le lundi soir sur notre terrain de Ruffian-Tolosan, nous n’en profiterons pas pour continuer l’activité entre nous. Il faut savoir se plier aux règles de santé publique et tous faire un effort. Cependant, rien n’empêche de se voir en dehors, mais ce sera par petits groupes, et pas à l’échelle du club. » Le foot d’en bas a-t-il peut-être plus le sens des responsabilités que l’UEFA ?
Par Nicolas Kssis-Martov