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Et le cœur de Rome se remit à battre

Par Florent Caffery, à Rome
Et le cœur de Rome se remit à battre

Privé de supporters depuis plus d’un an, le Stadio Olimpico a de nouveau vibré vendredi. Et avec lui, c’est tout un pays qui baigne à nouveau dans une douce euphorie footballistique. Entre fan zone, retour au stade et présence d’un Obélix turc, la Ville éternelle a lancé son Euro de la meilleure des manières.

Passer d’un Clermont-Toulouse en Ligue 2 à un Turquie-Italie en ouverture de l’Euro, c’est la drôle de faille spatio-temporelle dans laquelle s’est engouffré Clément. C’est le virus qui l’y a plongé, mais la sensation de vertige est identique. « Faut respecter un peu Gabriel-Montpied hein, on est montés en Ligue 1 », se marre le jeune homme sur la longue avenue menant au Stadio Olimpico. Difficile de le contredire, mais qu’est-ce qu’il fout avec un flocage Benzema dans le dos en plein cœur de la Ville éternelle ? « Franchement, ça fait trois jours qu’on est à Rome et qu’on revoit dans les bars les images d’Italie-France en 2006 et de France-Portugal en 2016. Les Italiens se branlent sur nos défaites, j’espère juste que les Turcs vont les balayer. »

Message limpide, sa clique (Samuel, Gaël et Ben) explose de rire, et le Français de rappeler son chemin de croix pour débarquer ici, via Cracovie en Pologne, puis Rome. Ainsi va la vie des compétitions internationales où les horizons divergent, mais le GPS indique à chacun le même terminus. Prenez Mehmet et ses potes, tous grimpés sur une trottinette sur la Lungotevere Maresciallo Cadorna, à deux pas de l’enceinte. « Depuis qu’on est là, on n’a pas marché une fois, c’est de la folie cette trottinette », jure le Turc de 32 ans, débarqué de Bruxelles après avoir claqué 200 balles sur Viagogo pour choper une place. C’est surtout « terrible d’être là », dans le sens jouissif. « On a cru que ce match n’allait jamais avoir lieu, ça fait plus de deux ans qu’on a les billets, faut imaginer l’attente… »

Niveau patience, Giuseppe et son rejeton Vincenzo en connaissent un rayon. Les deux trimbalent des prénoms qui fleurent bon la Toscane et la bruschetta, ils n’en demeurent pas moins de solides bûcherons canadiens. « C’était la galère pour venir, rejoue Giuseppe avec sa version réelle de la moustache d’Assurancetourix.On a enchaîné les tests Covid-19, les vols depuis le Canada via New-York pour ensuite arriver à Rome. »

Nous sommes des privilégiés d’être là, retrouver des peuples différents ensemble autour du foot, c’est fort.

Niveau respect de ses parents napolitains, c’est le max. Le fiston considère « surréaliste » la possibilité de retourner au stade. « C’est un peu comme le voyage d’une vie. » Au milieu des chants, des pintes, des « Forza Italia » s’envolant vers les cimes, le cœur de Rome s’est remis à battre à l’unisson du Calcio ce vendredi soir.

Obélix se prend trois pions

Et de sacrés loulous visibles uniquement lors d’un Euro ou d’une Coupe du monde ont refait surface, comme si la pandémie les avaient temporairement mis au placard. Moustache en ficelle, casque gaulois sur le crâne et tenue d’Obélix enfilée, Ufuk attire les caméras comme les mannequins sur la Croisette. Entre deux pintes – pas forcément les premières de la soirée – et quelques postillons, l’Allemand à la double nationalité entre chez Uderzo et Goscinny. « César a déferlé sur la Gaule, mais il y a toujours eu ce petit village qui résistait avec Obélix et le p’tit gars à moustache, je ne sais plus son nom… » Astérix ? « Oui c’est ça. Ils prenaient de la potion et ça marchait. Notre potion, c’est Burak, c’est Yazıcı, la Turquie va résister. » Si la suite lui donnera finalement tort, il est l’archétype du galérien d’une compète. « En 2008, j’ai pris ma voiture pour aller voir Turquie-Portugal en Suisse. Je n’avais pas de billets, j’en ai chopé au marché noir. Là, c’est pareil. Il y a deux jours, j’ai dit à ma femme, « je pars à Rome ». Sans billet encore une fois, mais j’ai réussi à en trouver. Nous sommes des privilégiés d’être là, retrouver des peuples différents ensemble autour du foot c’est fort. » Et c’est parti pour un mois.

Un brin de sincérité partagé par Vincenzo, pas canadien celui-ci, plutôt fan de l’Inter et sevré de gradins depuis 2019. Le Transalpin croit en « un vrai parcours » des siens, considère l’arrivée de Mourinho à la Roma comme « une bonne chose parce qu’avec lui, c’est toujours le show » et verse dans l’honnêteté : « Il n’y a pas de mots pour décrire ce que je ressens. Même s’il a fallu du temps pour qu’on plonge vraiment dans cet Euro, là c’est parti. On sent un soulagement dans le regard des gens. Profiter des choses simples, ce n’est pas ça, la vie ? »

L’Italien, la tête de Turc

Pendant que la Piazza del Popolo se remplit dans le centre-ville (2000 personnes ont assisté à la rencontre), des Français, encore, finissent une gorgée avant de passer les portiques du Stadio Olimpico.« On supporte l’Italie », lâchent Giovanni, Thomas et Enzo, pendant que le dernier de la troupe, Hakan « le faussaire » dixit Thomas, a le maillot de la Turquie sur les épaules. Les racines azzurri, le chambrage durant la scolarité, il n’en fallait pas plus pour tourner légèrement, voire beaucoup, le dos à la France en matière de foot.

« À la maison, on n’avait presque pas le droit de supporter les Bleus, rembobine Giovanni. À l’école, on m’appelait toujours l’Italien. Évidemment, je respecte la France, mais en matière de foot, c’est comme ça. Mais j’aurais trop peur qu’on rencontre les Bleus parce qu’on se ferait manger. » Enfin hier, le plat de résistance était turc, et la Piazza del Popolo a explosé comme rarement ces derniers mois. Pas de quoi déboussoler Ufuk alias Obélix. « C’est la fin de la Covid, on était tous ensemble, on a vibré, c’était beau. »

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Par Florent Caffery, à Rome

Photos : Manon Cruz

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