- Euro 2016
- Fiction
Et le ciel nous tombe sur la tête
Menace terroriste. Grèves. Inondations. Le mauvais œil semble planer sur la France à l'heure d'organiser son Euro. Et nous sommes encore loin du compte en matière d'emmerdes potentielles.
Le retour de la canicule
Forcément, avec un mois de mai digne d’un mois de janvier, il ne faut pas s’étonner quand juin se prend pour août. Partout le mercure explose, on enregistre même des pointes à 19 °C dans les Hauts-de-France. Clément d’Antibes, déjà orphelin de Balthazar, s’essuie le front, puis jette l’éponge. La Russie et l’Irlande du Nord, doyennes de l’Euro et pas habituées aux températures positives, abandonnent. Le 14 juillet devient un jour travaillé pour payer les soins du Hongrois Gábor Király et de ses 40 printemps. Et c’est finalement la Turquie qui remporte la compétition sur un doublé de Volkan Şen. Quand on est habitués à jouer dans la fournaise du Şükrü Saracoğlu, ce n’est pas un petit coup de chaud qui va vous refroidir.
L’invasion des sauterelles
Ce n’était qu’un détail à faire marrer Twitter. Alors que Moussa Sissoko vient de marquer le 5e pion des Bleus face à la Suisse, une sauterelle saute de la poche du veston de Philippe Senderos, confortablement installé dans la corbeille de Pierre-Mauroy. Le joueur du Grasshoper se fait chambrer, mais il s’en cogne. Ce qu’il veut, c’est pourrir cet Euro dont il a été écarté au dernier moment. Rapidement le nombre grossit, le nuage s’épaissit : les sauterelles descendent sur la France. À Lens, elles se glissent dans les turbos des 205 GTI, paralysant la ville. À Bordeaux, le raisin est stocké dans le Matmut Atlantique sur ordre de la compagnie d’assurance, pas décidée à indemniser des hectares de vigne ravagés. Partout, les herbivores dévorent, les insectes se délectent, les criquets font banquet. Les pelouses sont ravagées. Seule Marseille est épargnée grâce à la résistance de l’ACGR, l’Amicale des cigales et des grillons réunis. On ne voit pas pour autant la différence sur la pelouse hasardeuse du Vélodrome.
La pénurie de bière
Ça commence par une annonce anodine. La Fédération française des spiritueux indique que les réserves de vodka de France sont épuisées. Même l’incomparable Boris Jelzin est désormais introuvable. Mais, quand Russes, Ukrainiens, Slovaques et Polonais se tournent vers la bière, ça descend sévère. Alliés aux Irlandais, ils pompent les fûts plus rapidement qu’une Clara Morgane dans un bon jour. Résultat, en trois jours, c’est la crise, la dèche, la panne sèche. En désespoir de cause, les supporters se jettent d’abord sur l’innommable Amstel Free. Les troubles à l’ordre public explosent, et l’état d’urgence est renouvelé. Il est décidé en toute hâte de terminer le tournoi en Belgique. Évidemment, les Allemands marchent sur le Plat Pays et font le doublé. Götze, Kroos, Schürrle et leur clique vont encore envoyer du flow.
Le réveil des volcans d’Auvergne
6 000 ans qu’ils dormaient. Sauf que l’hymne de l’Euro par David Guetta a raison de leur tranquillité et que les volcans du Massif central se mettent à cracher tous leurs feux enfouis. Des éruptions terribles, cataclysmiques. Ils font l’ouverture du 19/20 de France 3 Auvergne, la une de La Montagne et… c’est tout. La partie habitée de la France s’en fout. Seule l’Islande vient faire ses entraînements sur la lave. Et gagne l’Euro, comme à la maison. L’habitude de l’Eyjaka… de l’Eykafja… de l’Eyjöku… des volcans.
Le débarquement zombie
On ne voit d’abord pas la différence. Mezut Özil sortant les yeux exorbités de la pelouse du stade Pierre-Mauroy et croquant dans Budkivskiy comme dans une fricadelle. Mais quand Pylyp s’envoie à son tour Alan Mannus comme une quenelle dans un bouchon lyonnais, le doute n’est plus permis : les zombies débarquent sur les terrains de l’Euro. Pourtant, aucune panique. Les ventes d’arbalètes et de katana explosent, les Français s’unissent, les zombies sont patiemment zigouillés. Alors, parfois, une bévue, un Anglais en sortie de pub ou un Slovaque à toute heure y passe. Mais dans l’ensemble, l’épidémie est contenue. Elle est même totalement éradiquée lorsque débarque Woody Harrelson. Le fan de Bill Murray est le gars sûr de la France, en plus d’être un homme de goût. Time to nut up or shut up.
Par Eric Carpentier, inquiet