- Mondial 2018
- Barrage
- Italie-Suède (0-0)
Et la Suède, alors ?
Alors que tout le monde ne parle que du fiasco italien sans évoquer la Suède, cette dernière peut se targuer d’avoir montré un beau visage et d’être restée cohérente. Et sa qualification est loin d’être uniquement due à la faiblesse adverse.
À l’heure qu’il est, Mario Balotelli a certainement éteint son portable. Ou bloqué Zlatan Ibrahimović sur les réseaux sociaux. Car l’attaquant de Nice pourrait bien se faire chambrer. Dans le petit message adressé à son ancien partenaire sur Instagram à quelques heures de la seconde manche du barrage, l’attaquant assurait que son pays allait se qualifier pour le Mondial 2018. « Les joueurs italiens méritent d’aller à la Coupe du monde. Mon message est que nous devons rester ensemble, unis. Et nous battrons la Suède. Zlatan désolé, mais cette fois, tu perds. Bref, on est tous ensemble ! Allez l’Italie ! » , s’enthousiasmait Super Mario. Sans jamais considérer l’adversaire. Pas plus que Paolo Maldini, qui avait déclaré auparavant que la Nazionale était « largement supérieure » à la Suède.
Pas immense, mais intelligente
Après le match nul de San Siro, on peut le dire en toute certitude : Balloteli comme Maldini se sont trompés. Ce ne sont pas les joueurs italiens qui méritent d’aller à la Coupe du monde, mais bien les Suédois. Des Suédois bien supérieurs à leurs adversaires du soir. Et à y regarder de plus près, ce n’est pas si surprenant que ça. Pourquoi ? Parce que si personne ne s’est franchement penché sur son cas, l’équipe scandinave avait déjà démontré beaucoup de choses intéressantes avant cet ultime duel. Outre les bons résultats obtenus durant la phase de poules (deuxième du groupe A devant les Pays-Bas ; différence de buts de +17, plus élevée que celle de la France ; aucune défaite à domicile), la bande de Janne Andersson a toujours eu conscience de ses forces et de ses faiblesses. Contrairement à d’autres, elle n’a jamais pété plus haut que son cul, mais n’a jamais non plus montré de complexe d’infériorité. Lorsqu’il a fallu laisser la possession de balle tout en s’appliquant à bien défendre et attendre le bon moment pour saisir sa chance – que ce soit contre l’Italie ou la France –, elle a été assez intelligente pour le comprendre. Lors du premier round face à la Squadra Azzurra, elle n’a touché la quille que 43% du temps. Pour six tirs (contre six également). Lors du second, ce chiffre s’est écroulé à 26%. Pourtant, elle a été dangereuse puisqu’elle aurait pu obtenir au moins deux penaltys.
Seul DD savait
Didier Deschamps, qui s’est lui aussi fait avoir en juin dernier (défaite 2-1 avec un but décisif sur le gong après une bévue d’Hugo Lloris), a tenu à ne pas sous-estimer la Suède lorsqu’un possible fiasco italien lui a été évoqué en conférence de presse. « Le verdict tombera ce soir.(…)Je ne veux pas aller à l’encontre de cette équipe suédoise. Pour ceux qui pensaient qu’elle était moyenne, elle a montré à l’aller qu’elle a de bonnes probabilités d’aller au Mondial, a discrètement souligné le sélectionneur français.C’est le football. Tout est possible. » Quelques heures plus tard, on sait désormais ce qu’il en est. Voilà la patrie d’Ibra – mais sans Ibra – devenue la première nation à se qualifier pour un Mondial après avoir rencontré trois finalistes de Coupe du monde durant les qualifications (Pays-Bas, France, Italie). Ce n’est pas un hasard. Et ça s’applaudit.
Par Florian Cadu