- C1
- Quarts
- Naples-AC Milan (1-1)
Et Kvara céda
Attraction de la saison du Napoli, Khvicha Kvaratskhelia était particulièrement attendu pour le premier quart de finale de Ligue des champions de l'histoire du club. 180 minutes dans la tenaille milanaise plus tard, le constat est là : le Géorgien vient de connaître son premier accroc.
Khvicha Kvaratskhelia risque de faire quelques cauchemars lors des prochaines nuits, à chaque fois qu’il fermera les yeux et verra se former dans son esprit le visage de Davide Calabria. Pourtant promis à l’enfer – ou tout du moins à souffrir – face à l’intenable ailier géorgien, le latéral du Milan a tout simplement muselé son vis-à-vis à trois reprises en à peine trois semaines. Du très très costaud. Véritable révélation du championnat italien pour sa toute première saison dans la Botte, meilleur joueur d’un Napoli époustouflant depuis le début de la saison, Kvaratskhelia passait son plus gros test lors de ce quart de finale de C1. Résultat : recalé.
Bloqué dans un bug perpétuel
Ce dernier centre envoyé au troisième poteau pour la dernière chance napolitaine dans les ultimes secondes restera comme le point final de deux prestations bien en dessous de ce qui était attendu de lui. En l’absence de Victor Osimhen lors de l’aller à San Siro, Khvicha Kvaratskhelia était espéré comme le patron offensif des siens. Mais à l’image d’une équipe novice à ce niveau de la compétition, il n’avait guère pesé. Le retour de son compère nigérian, l’ambiance du stade Maradona ou même la pression liée à l’obligation de renverser la tendance l’ont-ils aidé à mieux faire pour cette manche retour ? Pas vraiment. Systématiquement pris à deux, le Géorgien s’est entêté à vouloir repiquer dans l’axe pour frapper, comme bloqué dans un bug perpétuel. Et si l’action aurait pu aboutir en tout début de seconde période, elle a surtout tourné à la caricature au fil des minutes. Avant donc ce penalty repoussé par Mike Maignan, qui aurait pu enflammer la fin de partie.
Le meilleur passeur de Serie A n’a pas non plus été aidé par ses copains, aucun ne parvenant à réellement se mettre en valeur offensivement. À part peut-être Matteo Politano, sévèrement blessé et contraint de céder sa place après moins d’une demi-heure. À l’arrivée, le constat est sans appel : Naples a accumulé près de 30 corners, frappé 39 fois au but et eu une maîtrise impressionnante du cuir sur les deux rencontres pour finalement ne trouver la faille que dans le temps additionnel du match retour, alors qu’il était trop tard. Le tout après s’être fait punir sur deux contres milanais. À son détriment, Kvaratskhelia aura été le symbole de cette inefficacité offensive. La belle équipe – et son taulier – s’est endormie.
Le métier qui rentre
Ces deux contre-performances montrent le chemin qu’il reste encore à parcourir à un garçon de 22 ans, encore inconnu de l’amoureux du football lambda il y a un an et qui a magnifiquement donné raison à son sélectionneur Willy Sagnol depuis l’automne. Une illustration également de l’exigence désormais accolée au garçon au regard de ses prestations. Si son duo avec Victor Osimhen, diminué, n’a pas fonctionné face au Milan, cela ne doit pas effacer la saison folle réussie par les deux compères à la pointe de l’une des meilleures attaques d’Europe. « Avec Kvara, ça a matché quasi instantanément. C’est un immense talent, mais c’est aussi un bon garçon. Tout le monde l’adore. Je ne sais pas comment le décrire mais, dès que je l’ai vu jouer, j’ai compris ce qu’il pouvait apporter à cette équipe. Et, franchement, faire ce qu’il fait, pour sa première saison en Italie, bravo », lançait récemment l’ancien Dogue à France Football à propos d’un coéquipier dont il n’avait certainement jamais entendu parler non plus à son arrivée au pied du Vésuve.
Depuis des mois, le petit prince n’a eu de cesse d’éblouir l’Europe du football, s’attirant régulièrement les louanges de Luciano Spalletti. « Khvicha Kvaratskhelia est unique dans ses dribbles et dans son toucher de balle, et c’est difficile de défendre contre lui, empilait encore le technicien napolitain en février. Peut-être que Mo Salah était comme lui. Il avait cette qualité de dribble et une finition clinique. Kvara ne ressent pas la pression, vous pouvez voir que c’est un garçon calme. Il est exceptionnel et il aura un grand avenir. » Pour la toute première fois, le bolide a donc calé. Et devra se contenter d’offrir à la ville de Maradona son premier Scudetto depuis 1990, rien que ça. Sans oublier que le garçon apprend encore plus vite qu’il ne dribble : et si ce premier échec n’était en fait qu’une étape nécessaire dans la naissance d’un monstre inarrêtable ?
Par Tom Binet