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Et il vaut quoi Zidane au tennis ?
Entre les premiers tours de Roland Garros et la finale de Ligue des champions, c’est une question essentielle, primordiale, vitale : il vaut quoi Zidane au tennis ? Enquête.
Plus esthète que forcené, l’égal de ZZ au tennis se rapprocherait certainement plus de Federer que de Nadal. Et pourtant, c’est bien à travers l’Espagnol qu’on entend le plus souvent parler de Zidane sur les courts de tennis. Souvent les deux hommes parlent l’un de l’autre. L’Espagnol, en tant que fan du Real Madrid, loue parfois les qualités du français. Le footballeur, en tant qu’amoureux du sport, soutient régulièrement le tennisman. Et notamment quand il a été accusé de dopage par Roselyne Bachelot en mars dernier.
Et voilà ce qu’il pensait de tout ça : « C’est un gentleman, il a toujours affiché clairement ses valeurs et tout le monde l’apprécie. C’est un professionnel et je le connais un peu. Je me sens mal de ce qui a été dit. Maintenant, ce que Rafa doit faire, c’est laisser tout cela de côté et considérer que tous les amoureux du sport l’aiment, qu’ils soient français, espagnols ou américains. » Mais tout ça ne nous dit pas ce que Zinédine vaut sur un court. Ça prouve simplement qu’il s’y connaît un peu en tennis. Il n’est pas rare qu’on le croise à Roland Garros et puis il a quand même pris la pose avec Stan Smith. Non, pour connaître son niveau, il faut revenir à son après-retraite.
« Le tennis, c’est génial »
À l’époque, Véronique Zidane y met un point d’honneur : monsieur doit s’entretenir. Et ça passe notamment par la balle jaune. Il confie à L’Équipe en 2008 : « J’avais besoin de couper et je me suis surtout intéressé à d’autres sports que le foot. Le tennis, notamment. » Une information corroborée par Le Mondeen 2012. Selon eux, il court, il boit beaucoup d’eau (?), il fait souvent des foots avec ses enfants et il joue donc au tennis. Ce qu’il apprécie, c’est avant tout le dépassement de soi : « Le tennis, c’est génial et c’est dur. Parce que les tennismen sont seuls et que ça n’arrête jamais. Il faut tout le temps être au top. Moi, je préférais les sports collectifs. » Et aussi un peu le tennis, ce sport individuel. Mais avec « les copains » .
Pour preuve, en 2008, Canal + organise une rencontre entre Dugarry et lui. C’était avant tout pour parler de Ronaldo, mais le réalisateur a été gentil. Il a laissé quelques séquences de l’ancien numéro 10 raquette en main. On a ainsi pu admirer son jeu de jambes, son service volée, son revers à deux mains lobé, son coup droit tout en flexion de jambes, sa lecture de jeu avisée et cet amour pour les shorts trop longs. Michaël Llodra, grand homme de double, y a posé son œil avisé : « Duga, tu sens qu’il a déjà joué plusieurs fois au tennis. Il est plus à l’aise, il passe son bras en dessous pour recouvrir la balle. Mais Zidane, il est un peu tendu. Il est crispé au niveau du haut du corps, du bras, de la main. Et puis, son revers n’est pas très académique non plus, il galère comme il peut avec sa deuxième main pour remettre la balle dans le court. »
L’art de la glissade
Mais il n’a pas que des défauts. À écouter le désormais homme de terrain de France 2, ça se voit que Zidane était, et est toujours, un compétiteur. Il se bat même quand les balles sont impossibles à aller chercher. Bref, il compense un peu tout le reste : « Tu sens qu’il est adroit quand même. Adroit en tant que sportif. Et puis, il est généreux dans l’effort. Ça comble un peu son manque technique. Peut-être qu’il a progressé depuis, mais bon en 2008, ce n’est pas encore ça. »
Pour résumer, il renvoie la balle, il couvre la majorité du terrain sans trop forcer et il maîtrise « l’art de la glissade » si cher à Lionel Chamoulaud. Mais il se fait aussi et surtout trimbaler par Christophe Dugarry. Christophe Dugarry ! Rien à voir donc avec ce qu’il a pu dégager sur le pré vert, l’aisance, la clairvoyance, la maîtrise de rythme… Là, c’est plutôt « j’ai clairement toujours un temps de retard et je ne domine pas le point » , le poignet cassé et mauvais timing dans la prise de balle. Bref, un niveau Club Med.
L’amour du pantacourt
L’essentiel, c’est qu’il se dépense et qu’il prenne du plaisir. Ce qui a l’air de se passer si on en juge à son sourire et à la moiteur de son tee-shirt. Même après avoir perdu, il prend Duga dans ses bras et l’applaudit. Le fair-play, toujours. Et puis l’important, c’est aussi ce short trop long que Zinédine ressort à chaque fois qu’il entend le mot « tennis » . La preuve ci-dessous, lors d’un match de foot improvisé au Darling Tennis Club de Buenos Aires.
Parce qu’il a beau ne pas vouloir choisir entre Rafael Nadal et Roger Federer – « J’aime autant l’un que l’autre, c’est vrai que le plus doué techniquement, c’est Federer, mais les deux sont très bons et très différents, difficile de choisir entre le numéro 1 et le numéro 2 » , confiait-il à L’Équipe en 2008 -, ce goût pour le MoDem et ce qui s’apparente à un pantacourt est un indice de taille quant aux préférences intimes de Zinédine Zidane. Et avant une finale de Ligue des champions contre l’Atlético de Madrid de Diego Simeone, mieux vaut prendre exemple sur Nadal que Federer.
Par Ugo Bocchi