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Et Götze tua le Borussia

par Côme Tessier
4 minutes
Et Götze tua le Borussia

Cette saison, le Bayern a écrasé la concurrence pour obtenir son 24e titre de champion d'Allemagne. En novembre, dans un match pourtant équilibré, le Rekordmeister anéantit les espoirs de Dortmund en s'imposant 3-0 au Westfalenstadion. Et comme un symbole, Mario Götze est l'homme qui impose le silence dans l'antre.

Dans les seize mètres, Mario Götze lève les mains. Prêt à se rendre ? Plaidant non-coupable ? Le geste est ambigu. Il ne ressemble pas à une forme d’excuse, mais amorce ce qu’il faut pour éviter toute provocation. Le silence domine aux côtés de la stupeur. Côté droit, Kevin Großkreutz se replace, la rage au nez, avec l’envie qui se lit dans sa démarche d’aller répondre œil pour œil dent pour dent au coup reçu au visage de plein fouet par les Schwarzgelben.

Mario Götze vient d’ouvrir le score. D’un extérieur du droit bien placé, le petit international vient de faire très mal au Westfalenstadion : pour la première fois, la Südtribüne ne peut pas répondre à son coup de génie par une acclamation, par un long cri de joie et un instant de folie. Pourtant, son geste est parfait. Contrôle du pied gauche à la mode glu, frappe presque instantanée de l’extérieur du pied droit avec ce qu’il faut pour anticiper le retour de Sokratis et mettre la balle assez bien pour que Weidenfeller n’arrive pas à la sortir du cadre. Oui, ce soir-là, Mario a marqué dans le mauvais but. Il a trompé son ancien gardien. Nous sommes le 23 novembre 2013 et dans le Topspiel ( « l’affiche » ) de la 13e journée, le Bayern prend virtuellement 4 points d’avance en tête de la Bundesliga.

Mario World

Avant le match, la présence de Mario Götze à Dortmund attire déjà tous les regards. La grande tribune de 25 000 places debout s’adresse bien évidemment à son ancien poulain. « BVB ou FCB, « Echte Liebe » ou « Mia san mia » [les devises des deux clubs], tu as fait ton choix. » Fils honni, répudié, qui doit s’attendre à un enfer de bronca pour avoir quitté son club formateur après avoir promis rester pour toujours. Les Dortmunder ne rigolent pas sur la notion d’amour vrai. En face, Munich vient avec ses certitudes et ses trophées. Ses supporters lancent la chambre efficacement : « Immer noch auf der Suche ? » , en référence au tifo géant du quart de finale contre Málaga quelques mois plus tôt.

Comme ses supporters, Pep choisit de ne pas se concentrer sur sa proie, Götze, et de le préserver. Le Bayern évolue dans un 4141 devenu habituel, sans Ribéry blessé, avec Mandžukić en pointe. Les Bavarois maîtrisent ainsi la possession de balle et essayent d’imposer leur rythme, à défaut d’être très dangereux. En face, Dortmund n’a pas d’autre choix que de bricoler à cause d’une première épidémie de blessures. Sans Mats Hummels pour assurer la beauté défensive ni la crinière de Schmelzer côté gauche, Manu Friedrich a été rappelé de la retraite et Erik Durm sorti des jeunes. Avec succès. Dortmund se montre solide et les meilleures occasions de la première heure de jeu sont à son avantage. Mais la malchance poursuit Lewandowski, le manque d’opportunisme de Mkhitaryan coûte cher et Neuer repousse les tentatives de Reus et Kuba. À 0-0, sous la pression, les fesses du Bayern chauffent toutefois un peu trop. Pep sort Mandžukić et pousse Götze sous les sifflets.

Mia sans miasme

Maîtrise. Flexibilité. Propreté. Les mots-clés du jeu développé par Pep Guardiola fonctionnent à la perfection ce soir-là. À la longue, même maltraitée, même mise en difficulté, la machine du FCB ne se raye pas. Au contraire. Elle prend confiance, certainement aidée par son réalisme froid, s’impose au fil de ses variations (Martinez entre un poste au sein de la défense ou devant elle ; Lahm entre milieu axial et latéral droit ; et de nombreuses permutations offensives) et use le Borussia.

En fin de match, les Jaunes ne suivent plus. Dante, lui, fait montre de son talent devant Reus. En face-à-face, le Brésilien ne se contente pas de couvrir la course du numéro 11. Il l’arrête. Lui prend la balle. Relance, calmement, vers Rafinha. Dans la continuité, Robben est trouvé sur la ligne médiane. Quinze secondes plus tard, aux six mètres, le Néerlandais marque d’une balle piquée. Müller ne fera que confirmer la donne. Le Bayern s’impose à l’extérieur avec un tarif maison et prend 7 points d’avance sur Dortmund. Un bon pas pour l’heure. Un grand pas pour la rapidité du titre.

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