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Et Gabbiadini dans tout ça ?
Privé de Higuaín suspendu les quatre prochains matchs, le Napoli est au bord de la crise de nerfs, risquant ainsi de gâcher une superbe saison. Pourtant, le club possède une solution de rechange plus que valable, mais est-il seulement au courant ?
#IoStoConHiguain, c’est le hashtag lancé par les supporters napolitains pour soutenir Pipita sanctionné de quatre matchs de suspension après sa réaction hystérique le week-end dernier contre l’Udinese. Un pour le rouge reçu, deux pour les termes utilisés à l’encontre de M. Irrati et un pour l’avoir légèrement repoussé avec les mains. Le compte est bon, Laurent, mais la polémique fait rage en Italie. Parce que les journaux doivent vendre et les talk-shows sportifs faire des audiences, mais aussi parce que cette sanction est censée mettre fin au suspense qui régnait sur le championnat jusqu’à maintenant. Sympa pour Manolo Gabbiadini, qui a pourtant de solides arguments pour assurer cet intermède.
La larme qui fait déborder le vase
Selon les rumeurs, les spectateurs du San Paolo devraient endosser un masque à l’effigie de leur joueur phare et organiser une sorte de pañolada napolitaine dans l’optique d’afficher leur mécontentement contre un « deux poids, deux mesures » . Il ne s’agit pas forcément de pointer du doigt la suspension de quatre matchs (qui peut être réduite après recours), et heureusement, mais bien la surprotection des adversaires directs. Alors qu’on approche de la décennie de Calciopoli, affaire qui a envoyé la Juventus en Serie B, le contenu des concurrents ne change pas d’une virgule : pour eux, c’est sûr, les joueurs de la Vieille Dame bénéficient de coups de pouces arbitraux.
Cette fois, pas de hors-jeu imaginaire ou de penaltys cadeaux, non, une immunité qui protégerait les joueurs bianconeri, Bonucci en premier lieu. Ce dernier fut seulement averti par Rizzoli pour un gros coup de gueule durant le derby turinois et non un tête contre tête qui n’a finalement jamais eu lieu malgré les frames soigneusement screenshootés et les démentis de l’arbitre en question. Un fait de jeu qui a fait déborder le vase rempli des larmes de Sarri et sa direction, toujours prompts à sortir des alibis alambiqués, que ce soit celui du chiffre d’affaires, de l’horaire des matchs, de l’état des pelouses et des rumeurs de transfert déstabilisantes. De quoi gâcher le goût de la formidable saison des Azzurri. Dommage.
11 titulaires et 11 faire-valoir
Six points de retard sur la Juve à 7 journées de la fin, voici le topo pour la course au titre. Mais c’est plutôt derrière que les Napolitains doivent regarder, avec ce +4 sur une Roma qui remonte en flèche. Protéger la 2e place et s’assurer un accès direct à la phase de poules de la Ligue des champions au vu des échecs répétitifs des clubs italiens depuis la réforme des barrages (4 éliminations sur 6 tentatives, dont la Lazio cette saison face à Leverkusen). Ce pourrait être donc sans Higuaín pendant un moment et surtout lors de la confrontation directe à l’Olimpico qui aura justement lieu dans quatre journées.
Or, le solide effectif des Azzurri possède un vice-Pipita à la fiabilité remarquable, un gaillard qui a payé l’infidélité de Sarri à son 4-3-1-2 que l’on croyait immuable. Passage en 4-3-3 et bim, Gabbiadini sur le banc de touche toute la saison, puisque Higuaín a démarré 31 des 31 rencontres de championnat et inscrit 30 buts. Le coach toscan a opté pour un turnover inexistant, appliqué seulement en Ligue Europa. 21 joueurs utilisés en Serie A (22 en tout), 11 « titolarissimi » qui culminent à minimum 2222 minutes de jeu chacun en championnat, quand le 12e homme, Mertens, doit se contenter de 814.
Le bon CV de Manolo
Une stratégie qui a permis d’huiler les automatismes et qui honore l’efficience du staff médical, puisque les locaux de l’infirmerie ont été désertés, mais elle a aussi vidé le onze type de ses forces au moment de l’important sprint final de la saison. Des joueurs comme Insigne, Jorginho, Ghoulam, Koulibaly ou Hamšík sont à la limite de la rupture. Toutefois, Sarri insiste et continue d’ignorer des remplaçants fiables tels que Strinić, Chiricheș, Mertens, El Kaddouri et notre Gabbiadini. 18 matchs, une titularisation, 307 minutes de jeu en Serie A avec l’unique opportunité de se défouler en Europe jusqu’à l’élimination prématurée face à Villarreal.
Une situation inimaginable après sa bonne demi-saison passée. Débarqué en janvier, il avait eu un impact remarquable pour ses débuts dans une top team, 8 buts en 800 minutes aux côtés de ou derrière Pipita. Une performance qui lui avait définitivement ouvert les portes de la Nazionale, avec même la possibilité d’en devenir le fer de lance. Coupé dans son élan par les choix de Sarri, il n’a pas pipé mot et attendu son heure tout en répondant à chaque fois présent (un but toutes les 124 minutes TTC contre 91 pour Higuaín). Une feuille de stats (et un pied gauche) qui devrait, normalement, permettre d’appréhender ces quatre matchs sereinement. Mais le Napoli et son environnement ont opté pour la plus classique des victimisations. Pas sûr que cela paye.
Par Valentin Pauluzzi