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Et Everton engendra le Liverpool FC…
Aujourd'hui, c'est le derby de la Mersey. Liverpool reçoit Everton à Anfield Road. Un stade qui, avant d'être le lieu de prédilection des Reds, appartenait aux Toffees. Ou comment la naissance de l'un des plus grands clubs du monde peut se jouer à un billet de 50 livres. Retour sur une histoire dans l'Histoire…
Once upon a time… Chaque histoire nécessite un héros. Pour ce récit aux allures de conte, le personnage principal se nomme John Houlding. Il est l’un des entrepreneurs les plus en vue du Liverpool des années 1870. Patron de quelques-unes des brasseries les plus lucratives de la ville (qui dénombre tout de même 2500 points de vente d’alcool pour moins de 600 000 habitants), John prend les rênes du club d’Everton en 1881. Homme d’affaires malicieux, il pressent avant tout le monde la manne financière que peut rapporter la naissance d’un football fort dans la cité portuaire britannique. Car, s’il existe déjà plusieurs clubs à Sheffield ou encore Birmingham, que dalle chez les aïeux des Beatles. Pour atteindre l’envergure d’un club respectable, Everton se doit de posséder son propre stade. C’est chose faite en 1885 avec l’acquisition d’un terrain abandonné par le club de cricket du quartier, payé 6000 livres de la poche du boss. La jeune ébauche d’enceinte sportive prend le nom d’une rue avoisinante. Everton joue désormais à Anfield Road.
Les 50 livres de la discorde
Tout va bien dans le meilleur des mondes pour les Toffees. Ellipse temporelle, jusqu’en juillet 1888. Grâce aux réseaux franc-maçonniques de l’Ordre Orange auquel son boss appartient, Everton va jouer en Ligue professionnelle, au détriment d’équipes plus anciennes comme Nottingham Forest, par exemple. Mais Houlding, que les Liverpuldiens surnomment affectueusement John The Honest, aimerait bien commencer à revoir ses billes. Ainsi, il fait savoir aux membres du directoire du club que le loyer annuel d’Anfield passe de 100 à 250 pounds. Devant l’ire de ces derniers, John se rétracte et n’augmente le loyer que de 50 balles. Vindicte et rébellion dans le board. L’ancien tenancier de pubs, adulé il y a encore quelques mois, est maintenant montré du doigt par une ville qui veut retrouver ses valeurs puritaines. Le fait qu’il vende de l’alcool devient alors un argument tout trouvé pour ses détracteurs. Houlding encaisse, résiste du mieux qu’il peut et en profite pour découvrir chez ses adversaires son futur bourreau : George Mahon.
Champ miteux et procès inique
Ellipse temporelle, deuxième. Nous sommes au début de l’année 1892. Everton vient, la saison précédente, de remporter son premier titre de champion d’Angleterre, mais le club est gangrené par la guerre que se livrent le président et Mahon, devenu en moins d’un quinquennat le numéro 2 des Toffees. Décidé à ne plus payer les sommes imposées par le King John pour la location d’Anfield, Georges « le Mac » Mahon propose de trouver un terrain moins coûteux, déniche pour quelques livres un bout de champ miteux et le nomme Goodison Park. L’histoire est en marche. Mieux, au cours d’une réunion extraordinaire du directoire qui prend les tournures d’un procès complètement inique envers l’ex-messie d’Everton, Mahon est proclamé nouveau président. John Houlding, dans la situation du clampin friqué à qui il ne reste que quelques potes et un terrain, rumine sa vengeance. Une idée lui vient alors. Il a déjà un stade, il ne lui reste plus qu’à créer sa propre équipe. Ce sera chose faite 6 mois plus tard. Son nom ? Le Liverpool Football Club…
Par Walter Laouadi