- C1
- J6
- Manchester United-CSKA (2-1)
Et c’est parti pour Luke Shaw !
Critiqué pour son investissement il y a encore quelques semaines par José Mourinho, Luke Shaw est finalement sorti de son silence mardi soir, lors de la victoire de Manchester United face au CSKA Moscou (2-1). Avec envie, un torse bombé, mais un avenir toujours aussi fragile.
Il n’a pas changé. Toujours le même sourire en coin, le même côté malin, la même préparation dans des tacles qui, avec lui, ont toujours eu un sens. Joueur, Paul Scholes aimait raconter que tacler n’était pour lui qu’une forme de « revanche » . Passé consultant, Scholesy assume encore aujourd’hui être parfois à la limite, l’idée de base étant toujours la même : pousser à la réaction. Partant, il a débarqué mardi soir sur le plateau de BT, en pointe avant d’un triangle complété par Frank Lampard et Rio Ferdinand, pour lâcher son prêche sur une soirée de C1 qui devait, notamment, finir d’enrouler Manchester United dans une position de premier d’un groupe A sans flamme, devant le FC Bâle, le CSKA et Benfica.
Bingo : la bande de Mourinho a soulevé la jupe d’une quatrième victoire consécutive toutes compétitions confondues, s’est imposée (2-1) pour la cinquième fois en six matchs, a enchaîné une quarantième soirée d’affilée sans défaite à Old Trafford – un record –, et va surtout retrouver les huitièmes de finale de la Ligue des champions pour la première fois depuis trois ans, et un parcours qui s’était finalement arrêté en quart de finale face au Bayern (1-1, 1-3). Les clubs anglais vont bien, merci pour eux. Précision : Manchester United l’a fait avec Luke Shaw, ex- « futur meilleur latéral gauche du monde » , qui n’avait plus été titulaire depuis le 30 avril dernier. Ce jour-là, Shaw n’avait tenu que neuf minutes, face à Swansea (1-1), avant d’être remplacé par Valencia une fois que ses ligaments l’avaient une nouvelle fois lâché.
« J’espère qu’il existe encore un futur pour lui »
Scholes, toujours, au moment de recevoir une feuille A4 fracassant le mystère des compos, en début de soirée : « Luke Shaw ne vit pas une vie aussi clean qu’il le devrait. J’espère qu’il existe encore un futur pour lui à Manchester United, car il y a quelques saisons, j’étais persuadé qu’on venait de signer l’un des meilleurs latéraux du monde. » Chouette crochet envoyé dans la foulée par l’homme de 22 ans, recruté en juin 2014 à Southampton contre un chèque de 34 millions d’euros. Face au CSKA, Shaw a été l’un des meilleurs Mancuniens dans une soirée où l’on retiendra probablement davantage l’énorme prestation de Paul Pogba, passeur décisif sur l’égalisation de Lukaku, la délicieuse copie de Marcus Rashford, celles rendues par Blind et Smalling, ou la nouvelle prise de platines de Juan Mata.
Mieux, Luke Shaw, qui aurait pu ouvrir le score sur une volée claquée en première période, a été le joueur de Manchester United qui a touché le plus de ballons dans la surface du CSKA lors du premier acte (4, soit le double de Lukaku) et a fini avec des crampes, quarante minutes après avoir laissé filer, quand même, Mário Figueira Fernandes sur l’ouverture du score russe. Encore une fois, le bonhomme, qui fêtait mardi soir sa cinquantième avec MU, est de retour, mais jusqu’à quand ?
Le poids et la course
Car la vie de Luke Shaw ne tient, depuis un moment, que sur un rythme : chuter, se relever, chuter, se relever. Chuter, et même pire, comme à Eindhoven le 15 septembre 2015, se relever quelques mois plus tard avant de voir Mourinho l’allumer à propos de son poids. Puis rechuter, et se relever avec, là aussi, Mourinho qui l’accueille en lui disant que son implication n’a rien à voir avec celle de ses camarades. Interrogé en avril dernier, le Portugais avait même sorti les lames : « Je ne peux le comparer avec les autres. Il est loin, loin derrière. » Alors, Shaw l’a bouclé et s’est remis à bosser. Mourinho en a rajouté une couche il y a quelques semaines et a finalement décidé de lui redonner une chance mardi soir, laissant Ashley Young souffler pour dimanche et la réception de Manchester City. Avant la rencontre, le coach de United avait alors glissé que le match contre le CSKA n’était pas pour Shaw une question de « maintenant ou jamais » . Après, il a affirmé que le gamin aurait plus d’espace pour s’exprimer désormais. Comme si le CD avait été relancé, les espoirs avec. Shaw n’a pas totalement changé non plus, il sait maintenant ce qui signifie être footballeur professionnel. Il sait même comment en être un.
Par Maxime Brigand