- Coupe du monde 2014
- Groupe D
- Uruguay/Costa Rica (1-3)
Et c’est ainsi que le Costa Rica est grand
Ils l'ont fait ! Après l'Espagne hier, une autre grande nation du football est tombée face à plus petit que soi. Victorieux 3 buts à 1 de l'Uruguay, le Costa Rica de Jorge Luis Pinto peut décrocher la première place du groupe de la mort, ce soir, en cas de match nul entre l'Italie et l'Angleterre. Cette fois, pas de doute, ce Mondial sera fou.
Il ne fallait pas les prendre pour des touristes. Considéré comme la victime expiatoire de ce groupe D d’anciens champions du monde, le Costa Rica a déjoué tous les pronostics et peut-être déjà condamné l’Uruguay. Encore légèrement fébrile après sa lourde blessure au genou, la vedette Luis Suárez est laissée sur le banc par Óscar Tabárez qui aligne néanmoins une attaque Cavani/Forlán plutôt mignonne. Mais malgré un effectif qui force le respect, ce sont bien les Ticos de Jorge Luis Pinto qui ont infligé à la Celeste une défaite inattendue qui risque de coûter très cher. Dans une enceinte brésilienne chaude et moite, les 22 acteurs pénètrent sur la pelouse en se regardant en chiens de faïence. Et pour cause, dans un groupe D infernal où trois têtes d’affiche sont susceptibles de se qualifier, les frères ennemis de l’Uruguay et du Costa Rica ont promis de se livrer une guerre sans merci. Au contraire de leurs adversaires du jour, Pinto et ses soldats n’ont jamais perdu la foi et lancent en fanfare un Mondial qui démarre beaucoup mieux que prévu.
El Matador d’abord
Bien malin celui qui aurait imaginé que la Celeste de Diego Lugano se serait fait autant marcher sur les pieds par la 34e équipe au classement Fifa. Sûrs de leurs forces, c’est pourtant les Uruguayens qui prennent la partie en main les premiers. Sans se montrer véritablement dangereux, les hommes d’Óscar Tabárez gonflent les pecs et occupent rapidement la moitié de terrain costaricienne, obligeant le Petit Poucet du groupe D à procéder en contre. Comme souvent dans ce genre de rencontre, les deux pointes que sont Forlán et Cavani jouent les fantômes, laissant le gros du boulot à un Cristian Rodríguez indomptable sur son côté gauche. Au quart d’heure de jeu, le matador Cavani se retrouve en position idéale pour ouvrir son compteur but, mais sa volée du droit file directement au septième poteau. Quelques instants plus tard, le Costaricien Johnny Acosta joue avec les nerfs de l’arbitre en taclant son homologue les deux pieds décollés. L’homme en jaune siffle faute, mais garde son calme… En revanche, le point de penalty est désigné deux minutes plus tard suite à un vilain ceinturage de Júnior Díaz dans la surface sur Lugano. Sans même avoir tiré au but, les Uruguayens se congratulent. Cavani s’élance et, sans trembler, marque en force côté droit.
Le calme avant la tempête
Jusqu’ici, le plan de l’Uruguay fonctionne comme sur des roulettes. Butant à plusieurs reprises sur un Keylor Navas en état de grâce, les partenaires de Diego Godín rentrent au vestiaire avec un léger avantage qu’ils s’apprêtent à gérer tranquillement. C’était sans compter sur les formidables ressources mentales du Costa Rica qui, poussé par une bonne partie du public, parvient à égaliser grâce à l’ancien de Lorient Joel Campbell. À 1-1, David se prend à rêver d’une victoire impossible contre Goliath. Trois petites minutes plus tard, le rêve devient réalité. Esseulé au second poteau, Óscar Duarte s’arrache pour placer une tête croisée qui trompe Muslera. La folie prend forme, coach Pinto hurle de joie sur son banc et les joueurs eux-mêmes n’en croient pas leurs yeux. En face, l’Uruguay, sonné, n’est plus capable de rien. Luis Suárez s’active sur la touche, mais n’entre pas, ne pouvant que déplorer le sale quart d’heure que sont en train de vivre ses coéquipiers. Dans les dix dernières minutes, Jorge Luis Pinto fait entrer son joker Marco Ureña qui porte l’estocade en moins de 60 secondes. Le Costa Rica vient de faire tomber le grand Uruguay de Suárez et Cavani et peut tranquillement envisager la réception de l’Italie.
Par Morgan Henry