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Et Bernardo devint Zorro

Par Théo Denmat
Et Bernardo devint Zorro

Sacré meilleur joueur d'une Ligue des nations qu'il a remportée avec le Portugal, Bernardo Silva a enfin livré ce que le Portugal attendait de lui : un match complet et décisif. La consécration, enfin, pour un mec qui a gagné cinq des six compétitions sur lesquelles il était engagé cette saison.

À croire que le rôle ne lui suffisait plus. À croire que le petit homme de main au service du héros principal, que celui-ci défende, au choix, la nation portugaise ou la Californie espagnole, a aussi parfois le droit à son épisode dédié. Celui où les yeux des spectateurs se posent enfin sur un visage que l’on ne regarde pas autant qu’il le mériterait, et qui, cette fois, passe enfin devant de bien encombrantes initiales, ZZ ou CR7. Qu’on se le dise : Bernardo Silva n’a pas toujours été impérial en équipe nationale. Il oscille tout au plus depuis ses débuts, en mars 2015, entre le moyen et l’assez bon, laissant derrière lui autant d’incompréhensions que de regrets : mais où est ce type dont Pep Guardiola disait en début d’année que le Portugal avait « de la chance de l’avoir » ? Réponse, il attendait son heure. Celle de la scène, celle des cotillons, et celle qui le sacre ce soir meilleur joueur d’une finale qu’il a remportée, pour ne pas changer ses habitudes de la saison.

Silva, tout va

Si la performance de Bernardo Silva a été aussi déterminante lors de cette finale de Ligue des nations, c’est précisément parce qu’elle aura eu le mérite d’éclairer ce qui manquait aux Pays-Bas pour l’emporter : un profil comme le sien. Initialement positionné sur l’aile droite par « l’ingénieur » Santos, où il a l’habitude d’être relégué en sélection, on l’a souvent vu repiquer en courses croisées ou intervertir sa position avec celle de Gonçalo Guedes. C’est d’ailleurs lors d’un échange avec celui-ci que les Portugais ont ouvert le score, le premier laissant la gonfle au second, et le second glissant habilement une balle de but au premier.

Une passe décisive qui vient compléter les deux déjà réalisées au tour précédant contre la Suisse, soit trois en deux petits matchs, alors que le petit homme n’en était qu’à six en 34 rencontres auparavant. Une concrétisation sur le terrain de la parfaite saison du Portugais, homme de base du système Guardiola et huile de moteur d’une tondeuse citizen qui aura étêté tout le monde cette saison sur la scène nationale. À ce propos, l’ancien Monégasque confirmait d’ailleurs récemment bras croisés et torse haut que cette année devait être celle qui lui permettrait de confirmer à l’échelle internationale. « C’est sûr que la saison réalisée avec Manchester City me procure de la confiance et de l’envie pour donner le maximum avec le Portugal. C’est ce que je vais essayer de faire, de terminer la saison au top en remportant un titre avec le Portugal. À domicile, nous voulons donner le maximum afin de rendre les Portugais heureux. » Et ce soir, le Stade du Dragon s’est enivré sur ses coups de reins.

Et le Ballon d’or, alors ?

Énorme dans le volume de jeu, comme toujours, Silva était surtout la tête haute du pressing lusitanien sur la défense hollandaise, qui aura régulièrement vu Cillessen dégager en touche sous la pression. Il a particulièrement été efficace avec le matériel qu’il lui était offert, puisqu’il n’a touché que 65 ballons, relativement peu, tout en réussissant six dribbles et 89% de ses passes. Il repart donc, en plus du trophée de meilleur joueur de la Ligue des nations, avec un cinquième trophée cette saison dans les crampons, après la Premier League, la FA Cup, la League Cup, le Community Shield… et le prix de joueur de la saison de Manchester City.

Un dernier non-sens : au milieu des chiffres qui le consacrent homme providentiel, celui-ci. Dans cette Ligue des nations, il aura été à la fois le joueur qui créait le plus d’occasions dangereuses (16), et celui qui faisait le plus de tacles (11). Une anomalie statistique qui en dit long sur le niveau du bonhomme, qui vient peut-être ce soir de percer sa coquille et de dire ses premiers mots en tant que patron. Et pour un type qui s’appelle Bernardo, c’est parfois là le plus difficile.

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Par Théo Denmat

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