- Ligue des Champions
- Demi-finale retour
- Barcelone/Bayern (0-3)
Et après, quel Barça ?
Xavi l’assure : « L’équipe a un futur ». Certes, mais lequel ? Après ce logique 7-0 en aller-retour, Barcelone est cerné de points d’interrogation. Quelle(s) recrue(s) ? Quel système ? Quel coach ? Tentative et éléments de réponse.
Tito, vraiment l’homme de la situation ?
« Le Bayern est arrivé avec un niveau physique très haut et nous, à cause des méformes et des blessures qui ont empêché de nombreux joueurs à s’entraîner, non » . Difficile de prêter tort à Tito Vilanova. Conscient du déficit physique de ses poulains, le coach blaugrana ne s’attendait pourtant pas à combler un tel gouffre technique. Pis, c’est au niveau tactique que le Barça a perdu la bataille face à des Munichois ultra-costauds, compacts, toujours bien placés, aux sorties de balle frôlant par moments la perfection. Dans son inamovible 4-3-3, le Barça a failli. Par manque de mouvements et d’imagination, mais pas que. Serpent de mer toute la saison durant, la santé de Tito Vilanova a donné du fil à retorde au groupe blaugrana et une nouvelle belle histoire à raconter, estampillée UNICEF. Sans réel charisme, sans nouvelle idée, Tito a réussi à fissurer un groupe jusque-là homogène. La gestion des cas Fabregas, Song, Thiago Alcantara et Villa en atteste : ne les limitant qu’à des matchs sans enjeu, il a brisé le brin de confiance qu’ils avaient en eux. Même topo avec les jeunes. Quand Guardiola lançait de jeunes pousses comme Pedro, Busquets, ou plus récemment Montoya, Vilanova envoie pour sa part Bartra à l’abattoir de l’Allianz Arena. Problème pour le board catalan, un départ de Vilanova ne pourrait concorder qu’avec une rechute de sa maladie. Sale histoire.
Du neuf, un neuf !
Réclamé à l’unanimité – ou presque – après la douche milanaise, David Villa a effectué un retour en grâce le temps d’une soirée. C’était lors du match retour. Depuis, El Guaje sombre. Sur un côté ou dans l’axe, il ne crée pas de décalage, ne provoque pas par ses appels, et ne marque plus. Histoire de renforcer son escouade offensive – et son service merchandising –, le Barça est très chaud sur le dossier Neymar. Recrue de choix, le prodige brésilien amènerait également son lot d’incertitudes. Diva du dribble et du Joga Bonito, l’actuel joueur de Santos brille par ses fulgurances individuelles. Mais un tel individualisme aurait-il sa place au côté de Lionel Messi et de son appétit toujours gargantuesque ? Car le risque pour Neymar da Silva Santos Júnior, à l’instar d’un Alexis Sanchez, serait d’être cantonné à un rôle rigide dans le sempiternel système catalan. Un numéro neuf, costaud dans les duels, solide dans le jeu aérien, pourrait donc amener une diversité dans la palette blaugrana. Alors oui, un Roque Santa Cruz, en fin de contrat avec Malaga, ferait l’affaire. Mais une pointe de calibre international, à l’image d’un Lewandowski, ne se contenterait sûrement pas de foutre son égo au placard pour les beaux yeux de la Puce…
Parole à la défense
Le grand chantier de l’inter-saison se trouve quelques crans plus bas. Entre un Victor Valdés sur le départ et une arrière-garde qui n’a plus rien d’imperméable, Zubi a de quoi s’activer. En quittant son club de toujours, le double V catalan s’apprête à laisser un immense vide derrière lui. Raillé pour ses quelques bourdes annuelles, le natif de l’Hospitalet est l’une des pierres angulaires du système barcelonais. Première rampe de lancement, son jeu au pied n’a que peu d’égal au niveau international. Et puis après avoir connu les Dutruel, Busquets, Bahia, Rustu et autres Hesp, le casting des prétendants a déjà connu quelques bides… Des bides, Marc Bartra en a connu deux en l’espace d’une semaine. Pas encore au point pour les joutes internationales, le jeune de la Masia devrait être supplanté par un renfort estival. En substance, c’est le message qu’a souhaité faire passer Gerard Piqué hier soir en demandant du renfort. Avec un Puyol et un Mascherano sur le carreau, Piqué, excellent relanceur au demeurant, a besoin d’un chien pour l’épauler. Plus qu’un Hummels, la charnière a besoin d’un défenseur qui aime la chair. Bref, Piqué a besoin de Kompany.
Fin de cycle ou simple réajustement ?
« Le concept de jeu est semblable, la philosophie également, mais le pressing défensif et la récupération du ballon sous Guardiola sont devenus beaucoup plus rapides. C’est une idée plus offensive de la manière de défendre » . Avant le quart de finale face au PSG, Miguel Ángel Nadal, membre de la dream-team cryuffienne, louait les innovations de Pep. Avec Tito Vilanova, la donne a pourtant changé. Alors que son illustre prédécesseur s’efforçait à démontrer la puissance et la maîtrise barcelonaise, quitte à en paraître jusqu’au boutiste, Vilanova reste, lui, un tantinet plus terre-à-terre, plus rationnel. Depuis sa prise de fonction, le Barça n’affiche que la seule prétention de planter un pion de plus que son adversaire. Suffisant pour la Liga, mais incompatible avec des rêves de grandeur européenne. De la gestion de la santé de Xavi, de l’importance donnée à l’ossature Piqué-Busquets-Iniesta-Messi, et des renforts apportés en sortiront donc les contours du prochain FCB. Car entre fin de cycle et réajustement à dose homéopathique, il n’y a qu’un pas. Un pas qui devra vite faire oublier la gueule de bois.
Par Robin Delorme, à Madrid, avec Javier Prieto Santos