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Et à la fin, c’est Canal+ qui gagne…

Par Pierre Rondeau
Et à la fin, c’est Canal+ qui gagne…

Voilà, c’est terminé, au moins cette saison. Alors que le suspense durait depuis le mois d’octobre, le football français a enfin trouvé un nouveau diffuseur officiel après la chute de Téléfoot. Tout revient au partenaire historique, Canal+. Avec quelles conséquences et à quel prix ? Tentative d’explication.

Alors que les déclarations alarmistes ne cessaient d’apparaître dans la presse, avec les pertes liées à la crise sanitaire et économique, les absences de ressources issues des droits TV et la faillite de Téléfoot, la pauvre chaîne du foot incapable d’attirer plus de 400 000 abonnés, on a enfin pu voir le bout du tunnel ce jeudi 4 février. Après des mois de négociations, de tergiversations, de tractations, Canal+ récupère l’intégralité des droits de la Ligue 1 et de la Ligue 2. La chaîne cryptée redevient le diffuseur unique et officiel des championnats de France, et retrouve son statut de partenaire historique.
Tout cela semble joli, beau et magnifique. Pourtant, on n’est pas passé loin de la catastrophe. Au mois de décembre, alors que la procédure de conciliation avait pris fin entre Mediapro et la LFP, tout le monde pensait que Canal+ allait revenir. Des discussions avaient même débuté entre Vincent Labrune et Maxime Saada et une proposition orale pour récupérer tous les lots, de 590 millions d’euros plus un bonus de 100 millions d’euros, avait été faite. On se disait que ça allait prendre fin rapidement.

Le coup de poker de Canal

Bah en fait, non. Ça a duré, jusqu’au 4 février donc. La ligue, face au retournement complet de Canal, poussé par son président actionnaire Vincent Bolloré à se retirer des négociations et exiger un deal au rabais, a été obligée d’organiser un nouvel appel d’offres express, à inviter de nouveaux acteurs, comme le géant américain Amazon ou le streamer DAZN. Comme prévu, flop total et appel d’offres infructueux. Sauf qu’il y avait des traites, des salaires et des échéances à payer : il y avait donc urgence tout simplement. Finalement, a posteriori, on se dit que la stratégie de Canal était évidente et claire depuis le début : faire peur et tout récupérer pour le moins d’argent possible. Et ils ont parfaitement réussi. À 24 heures de la première échéance de remboursement du prêt de 112 millions accordée par la banque d’affaires JP Morgan, quelques jours avant le Classico OM – PSG, Canal a joué la montre, a mis la pression et a tout obtenu.
Et pour combien ? Pour moins de 332 millions d’euros, un comble alors qu’elle refusait obstinément de payer cette somme pour le lot 3, obtenu en sous-licence auprès de son partenaire beIN Sport. Au total, Canal+ déboursera 203 millions d’euros, soit trois fois 56 millions d’euros déjà versés à travers le lot 3 et 35 millions d’euros en plus. Après le casse de Mediapro, voilà le casse de Canal+. La Ligue 1 et la Ligue 2 ne se retrouvent valorisées qu’à 680 millions, soit 2 fois moins que ce qui avait été négocié en 2018, à savoir un peu plus d’1,3 milliard d’euros.

L’échec cuisant de la Ligue

Certains dirigeants, lors du conseil d’administration de la ligue, ont d’ailleurs affiché leur énervement et leur scepticisme face à cette décision, jugée rapide et risquée. Certes, le football français sera diffusé sur une chaîne à plus de 5 millions d’abonnés, retrouve une pleine et entière visibilité, s’évite l’écran noir et le dépôt de bilan, mais pour une somme bien dérisoire. Canal rafle tout et s’attire les bonnes grâces de ses investisseurs et actionnaires. Ils ont tout gagné et le football a beaucoup perdu.

Les clubs récupèrent un diffuseur, mais rien n’est fini ! La situation est seulement mise en pause, la bamboche ne peut pas encore reprendre. L’incertitude perdure au moins jusqu’au prochain appel d’offres, qui devra s’organiser à la fin de la saison et portera sur les saisons 2021-2022 à 2023-2024. Et même là, il n’y a pas de quoi espérer le champagne. Avec Canal+ comme maître tout puissant, sa petite sœur beIN Sport et son nouvel allié RMC Sport, pas sûr que les montants montent très haut. Peut-être que la LFP parie tout sur Amazon pour faire pression et faire exploser la banque ? Là-dessus, pareil, aucune certitude. Le géant américain n’a jamais investi plus de 100 millions d’euros dans les droits sportifs et rien ne dit qu’il serait intéressé par autre chose que les lots premium, justement convoités par Canal+, qui aurait parfaitement les moyens de surenchérir sans faire miroiter les sommets de 2018. Voire, pourquoi pas, ne pas faire d’appel d’offres et passer directement au gré à gré, comme voulu et précisé par le président de Lyon, Jean-Michel Aulas, sur les antennes de RMC : « On va continuer à discuter du gré à gré pour les saisons suivantes, avec des médias de dimension internationale. Le gré à gré concerne tout le monde. Il n’y aura probablement pas d’appel d’offres. » Bref, dans tous les cas, ça va changer. Mais une chose est sûre en conclusion de tout ce bordel : pour le football français, le milliard, c’est terminé.

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Par Pierre Rondeau

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