- Mondial 2022
- Gr. E
- Allemagne-Japon (1-2)
Et à la fin, ce ne sont plus les Allemands qui gagnent…
On pensait l’Allemagne guérie et prête pour sa Coupe du monde, mais la Mannschaft s’est une nouvelle fois écroulée, cette fois face au Japon (1-2). Le symbole d’un géant devenu inoffensif, comme en 2018 et lors de l'Euro 2020.
En transformant son penalty à la demi-heure de jeu face au Japon, İlkay Gündoğan libérait 83 millions de compatriotes, heureux de voir l’Allemagne bien lancer sa Coupe du monde. Cette ouverture du score aura en réalité eu l’effet inverse, pour une équipe mise à terre par ses vieux démons. Entre gâchis devant le but et fragilité défensive.
Problème d’hommes
Au moment de disséquer la liste d’Hansi Flick, certains signes ne trompaient d’ailleurs pas vraiment. Habituelle composante majeure du onze national, l’ossature du Bayern Munich s’est ainsi étiolée pour cette entame de Mondial. À l’image de Serge Gnabry, Jamal Musiala et Thomas Müller, bien trop irréguliers ce mercredi, et orphelins d’un point de fixation sur le front de l’attaque (coucou Lewandowski). L’autre problématique allemande. Il faut dire que l’absence de buteur pèse sur la Mannschaft depuis près de cinq ans désormais, et la retraite du dernier Torjäger de métier, Mario Gómez. Seul candidat, mais forfait de dernière minute, Timo Werner a ainsi été contraint de laisser sa place à Niclas Füllkrug, solution de dernier recours guère reluisante pour les ambitions affichées outre-Rhin.
Tout comme Youssoufa Mukoko et Karim Adeyemi, encore bien trop frêles, au point de pousser Flick à aligner Kai Havertz dans ce fameux rôle de « faux 9 » . Autant de zones d’ombre affichées face au Japon donc, à l’image de ces 26 frappes tentées pour 9 cadrées. Des manquements devant et une cassure derrière, au sein d’une défense en éternelle reconstruction, piégée sur chacun des contres adverses. Exemple criant : la fébrilité affichée par Nico Schlotterbeck durant 97 minutes, impliqué sur les deux buts japonais. À ses côtés et s’il a semblé serein, Antonio Rüdiger a payé une certaine suffisance collective, symbolisée par sa course moqueuse envers Takuma Asano, punie dans la foulée par ce dernier. « Quand je vois le deuxième but du Japon, je me demande s’il y en a déjà eu un d’aussi facile, inscrit en Coupe du monde. On n’a pas le droit de se faire prendre de la sorte », pestait sobrement Gündoğan en zone mixte, pour un joli condensé de la situation.
Bilan risible
Voilà donc l’Allemagne de nouveau dos au mur et Hansi Flick en pleine réflexion. Lui que l’on pensait prêt à assurer cette période post-Joachim Löw se retrouve en effet à devoir composer avec un bilan relativement inquiétant : cinq défaites sur les huit dernières rencontres en compétition officielle (Coupe du monde 2018, Euro 2020 et Coupe du monde 2022). Mieux (ou pire), si la Mannschaft ne se targuait que de deux faux pas entre les Mondiaux 2006 et 2014, la voilà désormais à trois matchs sans victoire depuis 2018. Et c’est aussi la troisième fois d’affilée que l’Allemagne entame une compétition par une défaite (Mexique 2018, France 2020, Japon 2022).
L’Allemagne ne ferait-elle donc plus peur ? L’adage « Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne » appartiendrait-il au passé ? Sans évidemment tirer de conclusion hâtive (jurisprudence Espagne 2010, défaite par la Suisse en ouverture puis championne du monde) sur une compétition qui n’en est qu’à ses prémices, cette Coupe du monde pourrait en effet rapidement se transformer en traquenard pour une sélection allemande convalescente. Aux exigences techniques viennent se greffer nombre d’interrogations mentales, que seuls les cadres en place peuvent résoudre. Encore faudrait-il les trouver.
Par Adel Bentaha