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Esteban Cambiasso, dans l’ombre de Leicester
Buteur le week-end dernier lors de la victoire de Leicester face à West Ham (2-1), Esteban Cambiasso s'est rappelé au bon souvenir de ses fans. Perdu dans les bas-fonds du classement de Premier League, le chauve s'offre une fin de carrière pas vraiment à la hauteur de son talent.
Le 16 juin 2006, au bout d’une action exceptionnelle ayant vu 25 passes argentines s’enchaîner dans un ballet mêlant technique et virtuosité, Esteban Cambiasso vient ajuster le gardien pour inscrire le deuxième but de la démonstration, 6-0, des hommes de Pékerman face à la Serbie-Monténégro. Entré ce jour-là au quart d’heure de jeu, en remplacement de Lucho González, il forme avec Riquelme, Mascherano et Maxi Rodríguez l’un des milieux les plus séduisants de la compétition, qui se terminera plutôt cruellement pour l’Albiceleste, par une élimination aux tirs au but. Ce sera sa dernière Coupe du monde. La faute à des relations extrêmement tendues avec Diego Maradona, sélectionneur lors du Mondial sud-africain, qui avait choisi de laisser sur la touche Cambiasso ainsi que Zanetti, pourtant au pic de leur carrière après une saison 2009-2010 parfaite pour l’Inter de Mourinho.
Leicester, la moins argentine des destinations
C’est un peu le paradoxe de la carrière de Cambiasso. Véritable moissonneuse-batteuse de titres en clubs, et notamment à l’Inter Milan où il s’est imposé comme une pièce maîtresse des équipes de Mancini, puis de Mourinho, l’infatigable milieu argentin a semblé avoir attrapé le bon wagon au moment de choisir ses clubs, en décidant notamment de quitter le Real Madrid et son prestige pour l’Italie. C’est pourquoi sa venue à Leicester, promu en Premier League en début de saison, et appelé à se battre pour se maintenir tout au long de l’année, avait de quoi surprendre. En effet, ces dernières années, nombreux sont les joueurs argentins de sa trempe à être rentré finir leur carrière au pays, à l’instar de Riquelme, Verón, Maxi Rodríguez, Diego Milito ou encore Gaby Heinze. Aux dernières nouvelles, c’est Carlos Tévez qui a confirmé cette tendance, en clamant plusieurs fois son envie de terminer sa carrière à la maison, à Boca Juniors. D’autres, comme Zanetti ou Crespo, ont fini leurs aventures respectives dans le monde du football dans leur club de cœur, l’Inter évidemment pour l’homme sur lequel le temps n’a pas d’emprise, et Parme pré-faillite pour le grand buteur. Mais alors, pourquoi donc le grand Esteban a privilégié une dernière pige chez la pire équipe de Premier League ?
Jouer avant tout
« Je pense que, pour ma carrière, je devais jouer en Premier League. Pour eux (Leicester, ndlr), la première option était Cambiasso, la deuxième option était Cambiasso, et la troisième option était Cambiasso » , déclarait-il au Leicester Mercury à son arrivée. « Quand j’ai su cela, j’ai appelé mon agent et je lui ai dit « On y va ». » Une manière détournée de dire que les courtisans plus prestigieux ne faisaient pas le pied de grue devant sa porte ? Une théorie qui confirmerait une sorte de malédiction autour de cette équipe bénie de l’Inter 2010. En effet, hormis Thiago Motta, et dans une moindre mesure Mario Balotelli, aucun des joueurs du groupe de José Mourinho ayant été transférés après coup n’a réellement connu de progression sportive avec son club suivant. Alors voilà, cette saison, Cambiasso ne gagnera pas de titres ou de médailles. Pire, il découvrira sûrement les affres de la relégation. Mais à 34 ans, il continuera à se battre au milieu de terrain, à gratter des ballons, et à inscrire quelques buts. Comme toujours, il travaillera dans l’ombre. Heureusement, il n’y a pas toujours besoin de projecteurs pour briller, et se faire une place au soleil.
Par Paul Piquard