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Espagne : quels attaquants pour le Brésil ?
Pas facile d'être dans les petits papiers de Vincente Del Bosque. Si la concurrence est rude à tous les étages au sein de la Roja, le poste d'attaquant est sans doute le plus disputé. Beaucoup de prétendants, peu d'heureux élus. Tour d'horizon de la question.
Torres, Villa, Soldado, Negredo, Llorente, Michu et maintenant Diego Costa sont tous des attaquants de classe internationale. Des as du but qui seraient titulaires indiscutables dans à peu près toutes les autres sélections du monde mais qui ont eu la malchance de naître sur la même terre que Don Quichotte. Ces garçons vont se livrer une lutte à distance toute la saison avec un seul objectif : entendre la moustache de Del Bosque prononcer leur nom le jour J et empocher leur carte d’embarquement en classe affaires pour le Brésil. Comme dans une vieille émission de télé-réalité, ils sont sept candidats mais il n’en restera plus que trois dans la liste finale que concoctera le sélectionneur espagnol.
Diego Costa, le dingo sans foi ni loi. 90% de chance de retrouver sa terre natale
Sans doute la révélation footballistique de ces derniers mois. Dans l’ombre de Falcao l’année dernière malgré des statistiques honorables, Diego Costa explose tout sur son passage depuis le début de l’année footballistique. Avec sa gueule de taulard, son physique de mastard et son mental de vicelard, le chien fou a mis la Liga à ses pieds. Incompréhensiblement boudé par Scolari, l’enfant des rues a, après de longues semaines de suspens, choisi de faire de l’Espagne sa nouvelle terre d’accueil. Vu son rendement en club et les sacrifices auxquels il a consentis pour se rendre sélectionnable, difficile d’imaginer que papa Del Bosque se passe de lui. Sa présence physique, son sens du but et sa malice pourraient apporter de nouvelles options pas inintéressantes pour la Roja.
Alvaro Negredo, le matador mal-aimé. 60% de chance de voir le Brésil
Avec 13 buts toutes compétitions confondues depuis le début de la saison, Negredo est bel et bien l’homme le plus en forme de la communauté des buteurs espagnols d’Angleterre. L’ancien Andalou tourne à un but toutes les 88 minutes avec City depuis le début de la saison, le tout sans être vraiment titulaire, excusez du peu. Ce chiffre le place dans le top européen, juste derrière Ibra, Messi, C-Ron et Rossi, l’attaquant de la Fiorentina. En sélection, le garçon est sur les mêmes bases puisqu’il a trouvé le chemin des filets quatre fois lors de ses cinq dernières rencontres avec l’Espagne. Malgré ces statistiques folles, le natif de Madrid sait que Del Bosque ne lui fera pas de cadeaux. L’été dernier, il ne l’avait pas appelé pour la Coupe des Confédérations alors que le Sévillan était le meilleur buteur de nationalité espagnole de la saison. En 2010, il avait aussi été laissé de côté malgré des matchs très convaincants avec la Roja de l’époque. Soumis à la concurrence de Dzeko à City, Negredo sait qu’une baisse de régime pourrait lui être fatale. Ton destin est entre tes mains Alvaro, ne déconne pas.
David Villa, le mousquetaire aux 100 capes. 50% de chance de voir le Brésil
En choisissant de rejoindre les Colchoneros l’été dernier (et en divisant son salaire par deux) alors que d’autres propositions plus alléchantes comme celle de Tottenham s’offraient à lui, el Guaje savait qu’il mettait toutes les chances de son côté en vue du Mondial brésilien. Absent du dernier Euro à cause d’une vilaine blessure, le sosie de Jean-Pascal Lacoste retrouve à 31 ans une seconde jeunesse au sein du groupe de chiens fous de l’épatant Diego Simeone. Contrairement à ses concurrents, qui ne peuvent quasiment jouer qu’en pointe, l’Asturien peut séduire son sélectionneur par une polyvalence qui lui permet aussi d’évoluer sur l’aile gauche. Quel que soit le poste, l’homme à la barbiche de mousquetaire aura les crocs comme jamais pour ce qui sera probablement sa dernière compétition internationale. Del Bosque peut-il sérieusement se passer du meilleur buteur de l’histoire de la Roja ?
Fernando Torres, le vieux à la tête de gamin. 40% de chance de voir le Brésil
Les printemps passent pour Fernand Tours mais la bouille de gamin de 12 ans reste la même. Dans la lutte qui l’oppose aux autres attaquants ibériques, el Niño a un avantage de taille : il connaît la maison comme sa poche. Avec 106 sélections au compteur et un palmarès long comme le bras de Yao Ming, celui qui est dans la place depuis le début de l’épopée victorieuse entamée à l’Euro 2008 espère sans doute une prime à l’ancienneté. Ses performances en club sont en revanche à peu près les mêmes depuis deux ans. Pas toujours titulaire, Fernando alterne le meilleur et le pire lorsqu’il joue. Capable de gagner un match presque à lui tout seul (comme contre City fin octobre), le gaillard peut aussi bien rater trois immanquables dans le même match. Veille biquette pour certains, génie incompris pour d’autres. Déjà décrié avant l’Euro polono-ukrainien, Torres avait mine de rien terminé co-meilleur buteur de la compétition et espère que Del Bosque saura s’en souvenir. On a envie de voir sa ganache de blond peroxydé au Mondial, pour se régaler de ses performances ou se foutre de sa gueule.
Fernando Llorente, le colosse aux pieds d’argile. 30% de chance de voir le Brésil
Cramé, blessé et grillé l’année dernière avec Bilbao, la version XXL du Petit prince semble enfin avoir coupé le cordon avec sa terre natale et tourné la page d’un transfert difficile à assumer. Buteur lors des deux matchs de C1 contre le Real et lors du choc contre Naples, l’athlétique attaquant sait décidément choisir ses matchs. Une capacité à être décisif dans les grosses rencontres qui pourrait jouer en sa faveur. Sympathique cireur de banc lors des deux dernières grandes compétitions internationales de la Roja, Llorente n’a cependant jamais su imposer son physique de géant au pays des lutins. A moins de porter la Juve vers les sommets cette saison, le petit Basque risque fort de rester au bercail cet été.
Roberto Soldado, le vilain petit canard. 20% de chance de voir le Brésil
Si Roberto Soldado n’était pas un bon garçon bien élevé, il aurait depuis longtemps égorgé Vicente Del Bosque. A l’époque où le sélectionneur était entraîneur du Real Madrid, il n’avait pas fait confiance à ce petit jeune qui enfilait but sur but avec la Fabrica et l’avait laissé partir la queue entre les jambes à Getafe. Des années plus tard, à la veille de l’Euro 2012, le Valencian, qui sortait d’une saison hallucinante, avait de nouveau été laissé de côté par le grand-père, à la surprise générale. Désolé Roberto, jamais deux sans trois, malgré ton transfert à Tottenham.
Michu, le nouveau déjà trop vieux. 5% de chance de voir le Brésil
Totalement anonyme il y a deux ans lorsqu’il débutait une saison galère avec les pauvres du Rayo Vallecano, Michu a connu il y a quelques semaines les joies d’une première sélection sous la liquette espagnole. Si la logique du conte de fée est respectée, la grande gigue devrait donc obtenir son billet pour Rio sans problème. Un voyage qui reste malheureusement pourtant de l’ordre du rêve pour l’ancien du Real Oviedo. Un transfert dans un grand club l’été dernier lui aurait sûrement permis d’espérer mieux. Malgré des touches à Arsenal à la fin du mercato, le garçon est resté en terres galloises. Et devrait rester sur le tarmac à regarder ses copains décoller.
A noter que dans cette liste n’ont pas leur place Fàbregas, qui — bien que pouvant évoluer devant dans le fameux rôle du faux neuf — compte avant tout comme un milieu de terrain, ni Pedro qui est lui associé à un poste d’ailier offensif au même titre par exemple que Mata, Navas ou éventuellement Silva.
Par Pablo Garcia-Fons, à Madrid