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Pourquoi la magie européenne du Real Madrid n’opère pas en Liga ?
Hypnotique en Ligue des champions, le Real Madrid peine parfois à reproduire le même effet en Liga. La faute à la routine du championnat et à l’esprit de Juanito.
C’est un Clásico de fragiles qui se présente ce samedi (21 heures), au stade Santiago-Bernabéu. Celui de deux équipes qui gagnent – avec la manière du côté du FC Barcelone –, qui marquent – en témoignent les victoires 5-2 et 4-1 contre deux mastodontes allemands cette semaine –, mais à la solidité défensive visiblement en option. Des largesses derrière que le Real Madrid, notamment, peine à combler ces derniers temps. Il n’y a pourtant pas qu’en défense que les Merengues galèrent à avoir un sursaut d’orgueil. Dans les têtes aussi, le réveil est sélectif. Selon la compétition. En effet, si la Ligue des champions est devenue un terrain d’émotion pour les Madrilènes, la Liga, elle, n’a pas la même saveur.
Pour s’en rendre compte, il faut d’abord s’intéresser aux trophées, mets favori de la Maison-Blanche. Sur les dix dernières saisons, le Real Madrid n’a ainsi remporté que quatre championnats (2017, 2020, 2022 et 2024). En parallèle, six Ligues des champions se sont accumulées dans l’armoire. Le décalage est assez saisissant et ne semble s’appliquer nulle part ailleurs en Europe. Chez les grands clubs continentaux, le championnat est en effet souvent une formalité, validée dès le printemps au Bayern Munich, au PSG ou plus récemment à l’Inter. Du côté de Madrid, ce supplément d’âme visible en C1 semble se dissiper dès qu’arrivent le week-end et les joutes domestiques. Ce supplément d’âme est justement à chercher chez les adversaires. Qu’ils soient Alavés, Getafe ou le Real Valladolid, l’envie de gagner se décuple instantanément quand vient l’heure de défier le Real Madrid – club que l’on aime détester en Espagne.
Clásico et des victoires étriquées
Dans la capitale, ce principe a pourtant un nom. « L’Espiritu Juanito » (l’Esprit de Juanito, en VF), en référence à l’ailier légendaire passé à Santiago-Bernabéu entre 1977 et 1987. Connu et reconnu pour sa combativité – voire sa folie –, Juanito a laissé derrière lui une identité irrationnelle. Pour la sacraliser, l’intéressé est même allé jusqu’à rédiger dix règles que doit respecter tout joueur du Real Madrid. Le credo perdure ainsi, mais ne semble aujourd’hui se formaliser qu’en Ligue des champions. En C1, les renversements de situation portés par la « magie du Bernabéu » comme le rappelle Carlo Ancelotti ne se comptent plus. Les joueurs en ont d’ailleurs conscience, comme le précisait Federico Valverde à France Football : « À la 80e minute, tout le monde presse un peu plus fort, tout le monde donne tout. » En Liga, la donne est légèrement différente.
Car si, évidemment, le Real Madrid peut aussi faire preuve de caractère en championnat, force est de constater que tout cela reste sporadique. Entre la ténacité d’adversaires jouant le match de leur saison ou le simple laisser-aller des Merengues, quelque chose paraît plus fade en Liga. Au grand bonheur du FC Barcelone. Si l’étau s’est resserré ces dernières saisons, en corrélation avec les difficultés traversées par le Barça, force est en effet de constater que le Real Madrid a rarement survolé son rival, même dans ses périodes de domination. 4-1, 0-4, 3-1, 1-3, tels sont les plus larges succès blancos depuis dix ans. En face, les Catalans paraissent beaucoup plus à leur aise avec des victoires à plus de deux buts d’écart (0-4, 0-3, 5-1, 0-3, 0-4, 1-3, 3-0). Fin du loto. Le Clásico de ce week-end pourrait ne pas échapper à cette mauvaise habitude et voir le Real Madrid devoir encore se forcer pour sortir un résultat. L’esprit de Juanito, lui, attendra le mardi ou le mercredi.
Par Adel Bentaha